Cela fait deux fois qu’on me demande si c’est bien vrai et si c’est bien moi qui aurais validé tel ou tel cursus de formation de femmes Yoatsot Halakha.
Comme il est possible que ces rumeurs trouvent leur base par une mauvaise lecture de ce qui précède (plus haut sur cette page), je préfère écrire ici une mise au point en prévision du troisième qui ne sait pas lire ou qui se plait à lire ce qu’il souhaite lire dans un texte qui ne le dit pas.
Je n’ai validé ni autorisé ni vérifié AUCUN programme de formation de Yoatsot Halakha et je n’ai donné de Haskama à AUCUNE femme Yoetset Halakha en particulier.
Tout ce que j’ai dit ou écrit, c’est que le CONCEPT même qu’une femme réponde à une question de Halakha est positif particulièrement pour Nida si ça peut permettre à des femmes de poser certaines questions qu’elles se gênent
(et ça se comprend) de poser à un homme.
Précisions pour ceux qui ne savent pas lire ou ceux dont le cerveau est formaté à lire autre chose que ce qui est écrit :
Si cette femme répond à des questions sur des halakhot qu’elle n’a pas convenablement apprises,
ou
si elle répond en se permettant de jouer au Possek et décider de son propre chef d’une halakha dans un « nouveau cas »,
ou
si elle répond en ayant un intérêt à faire dévier la Halakha de ce qu’elle doit être,
ou
si elle répond en profitant de la situation pour glisser dans sa réponse une Hashkafa pernicieuse,
ou
si sans le vouloir, elle va faire glisser cet élément pernicieux car elle serait conditionnée et formée à cela,
ou
si elle fait partie d’un mouvement idéologico-hashkafique visant à utiliser ce canal pour mener une révolution féministe qui aboutirait sur des dérives hashkafiques
(du type de celle que j’ai dénoncée en 2012 au sujet de la Kriat Hatorah féminine -voir ici : https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=35749#35749 )
ou
si elle est rattachée à un mouvement juif non respectueux de la halakha,
ou
si elle se base sur des rabbanim non respectueux de la halakha,
ou
tout autre raison qui permettrait à toute personne dotée
d’une once de bon sens de comprendre qu’il ne faut pas l’écouter,
DANS CHACUN DE CES CAS, bien évidemment, il ne faut PAS l’écouter.
(c’est quand même dramatique qu’il faille le préciser, mais puisqu’il le faut…)
Je ne soutiens pas les groupes de femmes qui souhaitent abolir les différences entre hommes et femmes, je ne soutiens pas les groupes de femmes qui méprisent les hommes, et je ne soutiens pas non plus les groupes d’hommes qui méprisent les femmes.
La question qui m’a été posée est de savoir si une femme peut apprendre ces halakhot et répondre à une autre femme sur une question sur ce qu’elle a appris.
Dans cette question, il y a les 2 questions suivantes :
a) Est-ce qu’il y a un issour d’étude de hilkhot nida pour une femme ?
b) Est-ce qu’il y a un problème à ce qu’une femme réponde à une autre femme sur des halakhot qu’elle connait ?
Ma réponse est qu’il n’y a pas de issour pour une femme d’étudier des halakhot qui la concernent, bien au contraire.
Et qu’une femme qui connait une halakha a le droit et le devoir d’en informer sa coreligionnaire qui le lui demande. (cf.
‘Hida et Pit’hei Tshouva op cit)
Maintenant, si cette femme CROIT connaitre ces halakhot mais se trompe, ou si elle est dérangée mentalement et n’est pas capable de discernement, ou si c’est un espion infiltré à la solde du gouvernement russe pour semer la zizanie dans le Psak Halakha, je ne lui ai pas donné d’approbation.
Va-t-on aussi m’accuser d’avoir donné une Haskama à tel ou tel rabbin réformé, sous prétexte que j’ai dit qu’il était bon de poser ses questions halakhiques à un rabbin ?
Aurais-je dit que toute personne se présentant sous le titre de rabbin aurait ma bénédiction et ma Haskama ?
Bien sûr que non!
il faut savoir quel rabbin on consulte.
Si on a un doute sur un rabbin, on peut se renseigner auprès d’un rabbin fiable, en lequel on a confiance, qu’il nous dise si l’on peut se fier aux réponses de tel autre rabbin.
Pareil pour une Yoetset Halakha, avant de décider que telle personne est fiable, il faut se renseigner, savoir qui sont les rabbanim qui endossent la responsabilité de ses réponses.
Et si ces rabbanim nous sont inconnus, il faut consulter un rabbin en qui on a confiance pour se renseigner.
[
NDLR : je suis navré pour les gens normaux, que j’imagine et espère très largement majoritaires, de devoir écrire de telles banalités pour répondre aux accusations que l’on m’adresse.]
Plus haut, un internaute (
Ddaann) me demande
(à juste titre) pourquoi dans l’affaire de la Kriat hatorah féminine j’ai dénoncé une dérive hashkafique indépendante des problèmes halakhiques
(c-à-d que même si tout avait été justifié sur le plan halakhique, ça serait à proscrire tout de même en raison d’un risque de dérive hashkafique), tandis qu’ici je n’ai pas eu cette même attitude.
Je lui ai répondu que c’est différent en cela que cela passe par de l’étude minutieuse et n’est pas à la portée de la « première venue » comme la Kriat hatorah, dès lors, il est possible de « bien faire les choses » et j'ai expliqué pourquoi il n'y a ici aucun "chamboulement". (voir ma réponse plus haut).
Bien entendu, cela n’exclut pas la possibilité que certaines femmes mal intentionnées puissent apprendre ces halakhot avec une vue autre que du pur Leshem Shamayim, par exemple pour faire triompher des idéaux féministes, ou des vues hashkafiques différentes de celles transmises par nos maîtres.
Mais ceci n’impose pas de dire que le CONCEPT même de Yoatsot Halakha soit Passoul. Il est Kasher, mais comme tout concept kasher, il faut savoir choisir sa kashrout.
Devrait-on dire que le concept de synagogue est à proscrire sous prétexte que certains mouvements ont dévoyé et dénaturé la vraie synagogue?
Devrait-on interdire de donner un Hekhsher aux pots de confiture si jamais les premiers pots avaient été autorisées par un Hekhsher non fiable ?
Au contraire, faisons un meilleur Hekhsher et permettons ainsi un meilleur respect de la Halakha !
Il y a toujours eu des femmes qui connaissaient des halakhot et qui répondaient à d’autres femmes à ce sujet. De nos jours encore, de très nombreuses femmes de rabbins le font.
Le fait de bien apprendre ces halakhot afin de pouvoir bien répondre est une bonne chose. Si certaines utilisent cette voie en menaçant de faire dévier haskafiquement ou halakhiquement le judaïsme
(volontairement ou involontairement), ce n’est pas en interdisant bêtement à toutes les femmes de répondre à des questions de halakha qu’on combattra le problème, au contraire, on le renforcerait en confortant dans leurs positions ceux qui argumentent que les rabbins sont tous stupidement misogynes.
Et même si c’était le cas de TOUTES les femmes concernées (=qu’elles seraient TOUTES mal intentionnées et/ou avec de mauvaises hashkafot)
[ce que je refuse de croire et que je trouve insultant pour tant de nos rabbaniot], même dans ce cas, cela ne signifierait pas encore que le CONCEPT même serait à proscrire.
Au contraire, si tous les Hekhshérim sur les produits alimentaires étaient tous de mauvais Hekhshérim, il ne conviendrait pas de dire que le CONCEPT de hekhsher est mauvais, mais que CES hekhshérim le sont.
Et libre à nous de mettre en place un MEILLEUR hekhsher, fiable et sérieux.
Pareil pour les femmes Yoatsot Halakha qui répondent à des questions de Hilkhot Nida, si on estime que telle ou telle femme ne reflète pas vraiment la halakha ou la Haskafa à laquelle on adhère, il ne faut pas pour autant interdire à toutes les femmes de répondre sur ces questions, car il y a tous les jours des rabbaniot tsadkaniot qui répondent à des questions de Nida (et autres sujets) à des femmes de leur Kehila.
Si on craint qu’il se crée un mouvement féministe
(ou massorti/réformé/moderne/déviant/ou autre), il suffit de ne pas leur accorder notre confiance
[un organisme endossé par aucun Rav sérieux n’attirera pas les juifs orthodoxes, ni même les traditionalistes sérieux], et de mieux renseigner/former NOS rabbaniot afin qu’elles puissent répondre encore mieux aux questions de Nida et ne pas pousser indirectement
(de manière passive) leurs ouailles dans les bras des « déviants » en ne proposant pas d’alternative aux femmes qui ont honte de montrer ou de discuter de certaines choses avec un rabbin.
Voilà, en espérant avoir été assez clair et explicite pour que personne ne puisse arriver à voir dans mes propos un soutien pour les mouvements féministes contraires à la halakha ou au judaïsme.
Je sais que les cerveaux pernicieux et dérangés y arriveront toujours, mais je me soucie ici essentiellement des cerveaux faibles mais honnêtes et bien intentionnés
(-s’ils existent, parce qu'il s'agirait d'un niveau de faiblesse difficile à concevoir).