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Motsi et sel le vendredi soir

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MBMB
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Cher rav watenberg, j’ai vu sur ce site je crois ou un autre site de tora un minhag qu’on mange le motsi du lél chabbat (vendredi) sans le trempé dans le sel, et j’avais déjà entendu des communautés avec ce minhag de mettre le sel que le samedi, mais je n’ai jamais compris pourquoi ils font cette différence du vendredi au samedi et j’ai pas trouvée de source dans les livre de minhag et de alaha. Quelle source vous pourrez me proposer ?
Rav Binyamin Wattenberg
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Cher rav watenberg, j’ai vu sur votre site je crois ou un autre site de tora un minhag qu’on mange le motsi du lél chabbat (vendredi) sans le trempé dans le sel, et j’avais déjà entendu des communautés avec ce minhag de mettre le sel que le samedi, mais je n’ai jamais compris pourquoi ils font cette différence du vendredi au samedi et j’ai pas trouvée de source dans les livre de minhag et de alaha. Quelle source vous pourrez me proposer ?


Il existe effectivement un Minhag consistant à ne pas tremper le pain dans le sel le vendredi soir, c’est connu comme étant le Minhag du ‘Hatam Sofer (Minhaguei Baal Ha’hatam Sofer §5,12, p.21) (voir aussi ‘Hout Hameshoulash -éd. Jér. 2000, p.168) qui expliquait que l’on trempe le pain dans le sel en raison du verset (Vayikra 2,13) על כל קרבנך תקריב מלח , et en considérant que la table est comparée au Mizbéa’h שלחן דומה למזבח (cf. Rama o’’h §167,5).
Mais puisqu’il n’y avait guère de sacrifice (Haktarat Imourin) le vendredi soir [cependant, voir Tosfot Shabbat (20a sv. Lemishrei), mais cette position est repoussée par le Mishné Lemélekh (Tmidin Oumoussafin §1,7 sv. Veraïti), voir encore Mishnat Yaakov (§274)], il n’y a pas lieu de tremper le pain du vendredi soir dans le sel.

C’est le Minhag que suivait Rav Wozner (Mibeit Lévi III, Bnei Brak 1993, p.31 note 44), ainsi que Rav Moshé (père de Rav J.B.) Soloveitchik (Divrei Harav p.169) et Rav Ezriel Munk (Minhag Avoteinou Beyadeinou חשון תשמ"ה 1984, p.10).
C’est aussi le Minhag du Min’hat Elazar, tel que rapporté dans le Mishné Halakhot (X, §48 ד"ה ואולי מה"ט) (-néanmoins j’en suis étonné car c’est clairement explicitement contredit dans le Darkhei ‘Haïm Veshalom (§393) qui retrace spécifiquement les Minhaguim du Min’hat Elazar et nous dit qu’il trempait son pain trois fois dans le sel le vendredi soir. C’est étrange.
De plus, j’ai lu dans le Yalkout Haméiri (Brakhot 40a sur Tosfot) qu’il rapporte que le Min’hat Elazar lui a parlé du « Minhag de certains Tsadikim » de ne pas tremper le pain dans le sel le vendredi soir, on comprend de cette formulation que ce n’était pas son Minhag)
.

Dans le Shout Rashban (o’’h § 134), un ancien élève, depuis passé à la Yeshiva de Pressburg, lui demande le sens de ce Minhag.
Je pense qu’il a dû le découvrir dans à la Yeshiva de Pressburg qui est la yeshiva du ‘Hatam Sofer, or, comme dit, le ‘Hatam Sofer avait pour Minhag de se passer du sel le vendredi soir.

Un autre élève de « Pressburg » a adopté ce Minhag, c’est le Rav Yossef Baumgarten de Vienne, voyez Pardes Yossef (Baumgarten) (London 1956, p.20).
Voir aussi Shout Meshiv Taam (Banet) (§20).

Je souligne au passage que la question de l’élève de Pressburg est « pourquoi on n’amène pas de sel à table le vendredi soir », ce qui semble aller à l’encontre de ce qu’a écrit Rav Schlesinger dans Beèr Sarim (III, §43,10) qui écrit que bien que le ‘Hatam Sofer ne trempait pas son pain dans le sel le vendredi soir, il veillait à placer le sel à table (pour la protection contre les malheurs, comme mentionné dans le Rama).
Rav Schlesinger
dit cela car la raison donnée par le ‘Hatam Sofer semble ne couvrir qu’une des deux raisons du Rama, celle du Korban, mais pas celle de la protection.
Mais d’autres auteurs n’y ont pas vu d’obstacle car on peut dire que le Shabbat en soi est une protection (voir plus bas).

Le Rashban propose trois explications personnelles :

1) A l’époque on cuisait le pain sans mettre de sel dans la pâte afin qu’il se conserve plus longtemps, c’est pourquoi on a pris l’habitude de tremper le pain dans le sel car il manquait toujours de sel au goût.
Par contre, pour Shabbat, on cuisait un pain spécial pour shabbat et il ne manquait pas de sel, donc on ne trempait pas son pain dans le sel [cf. Rama o’’h §475,1) et Rashi Brakhot (40a sv. Beshash)].
(Il ne précise pas de distinction entre vendredi soir et samedi matin/midi, il devait peut-être vouloir dire que seul le pain du vendredi soir comportait du sel dans sa pâte car il serait mangé le jour même, tandis que le pain pour le samedi était cuit sans sel ?).


2) Comme la table est comparée au Mizbéa’h et qu’il est écrit (Vayikra 2,13) על כל קרבנך תקריב מלח et que cela protège des malheurs comme l’indique le Rama (op cit), nous tenons à montrer que nous croyons que le (mérite du respect du) Shabbat protège lui aussi du malheur et c’est pourquoi on se passe de sel.
(Là encore, ça devrait s’appliquer aussi au samedi…)
On retrouve cette explication dans le Sia’h Its’hak (Weisz) (§474).

3) On éviterait le sel le vendredi soir car il aurait des vertus opposées à l’ail (cf. Sefer ‘Hassidim §390) que nous devons consommer le vendredi par Takana de Ezra (cf. Baba Kama 82a et Elia Raba o’’h §280). [Cette explication se trouve aussi dans le Likoutei ‘Haver ben ‘Haïm (o’’h §167 daf 30b).]

A part les Sfarim que j’ai indiqués qui écrivent l’une des raisons mentionnées par le Rashban, il y a aussi le Otsar Kol Minhaguei Yeshouroun (§71,6, p.261) qui donne les raisons 2 et 3.
Le Lekitat Its’hak (Kopf) (§167,7) qui donne les raisons 1 et 2. Idem Rav Tsvi Schechter (Divrei Harav p.169) hésite entre les raisons 1 et 2 (et indique une Nafka Mina entre elles pour la journée de samedi -il considère que c’est le même pain que la veille).
Le Yalkout Haméiri (Brakhot 40a sur Tosfot) nous dit que le Min’hat Elazar lui a donné (à l’oral) les raisons 1 et 3.
Et j’ai lu dans Otsrot Hassofer (XV, p.59) R. Its’hak Tsvi Schreiber qui rapporte ce que lui a dit son grand-père Rabbi Shlomo Sofer, lui-même petit-fils du Ktav Sofer qui était le fils du ‘Hatam Sofer, au nom du ‘Hatam Sofer en personne, qui avait donné les raisons 1 et 2 en plus de celle déjà donnée (dans Minhaguei Baal Ha’hatam Sofer §5,12, p.21) de l’absence de haktara le vendredi soir.
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