Citation:
Les ketoret qu'on recite avant aleinou après la tfila du matin sont elles indispensables au même titre que le reste de la tfila ?
Je vous demande cela car j'ai tendance a les négliger donc je voulais savoir... Cdlt
C’est typiquement le genre de questions sur lesquelles on ne trouve de nos jours quasiment que des ‘Houmrot et Issourim et ‘Hiyouvim.
Les auteurs contemporains écrivent qu’il est extrêmement important et capital de réciter les Ktoret de fin de Tfila avec très grande ferveur, concentration et articulation, que c’est une segoula pour la richesse (
Sefer Hamanhig, cité par le
Aboudarham dans
Seder Motsash) et que cela écarte l’ange de la mort (
Zohar III, 224a et voir aussi
Zohar II, 218b) etc.
Je ne pourrais donc pas vous dire qu’il est superflu de réciter les Ktoret de fin de Tfila.
Voyez le
Or’hot Yosher (p.95) où
Rav Kanievsky écrit que la parshat Hatamid ainsi que
TOUT ce qu’on dit à la fin de sha’harit est un ‘Hiyouv absolu (min hadin).
[Je ne sais ce qu’il vise par «
tout ce qu’on dit en fin de prière », mais il est certain que TOUT ce qu’on y dit n’est pas un ‘hiyouv midina. Désolé.
Par exemple le
Ani Maamin, ou
Al Tira Mipa’had Pitom, ou le
Ledavid Hashem Ori en Eloul-Tishri, pour ne parler que des plus évidents.]
Je crois que la réaction de n’importe quel rabbin à qui vous diriez que vous avez tendance à négliger ce passage des ktoret sera de se montrer choqué et ira dans le sens de l‘encouragement à attacher une importance particulière à ce passage si précieux comme indiqué par le
Zohar et d’autres textes saints.
Pourtant, même dans les milieux avertis, ces Ktoret de fin de tfila ne sont pas toujours récitées.
Il y a à peine quelques jours, dans le cadre de Miltei Debdi'houta et pour rebondir suite à une question commençant par
"M. et Mme untel ont eu un fils etc...", j'ai proposé la devinette suivante: M. et Mme Karshino ont eu un fils, comment l'ont-ils nommé?
Personne n'a trouvé la réponse alors qu'elle figure dans lesdites Ktoret.
C'est Boris, pour בורית כרשינה
(si si, il y avait bien des Ashkenazim dans l'assemblée)
De plus, rien ne semble rendre la lecture de ce passage « obligatoire », surtout si les Ktoret ont déjà été récitées en début de Tfila.
[Le Shla (cité par le Baer Heitev §132 sk.6 et le Mishna Broura §132, sk.14) indique cependant de les dire au début et à la fin de Sha’harit.]
Et s’il fallait trouver un Limoud Zkhout pour vous répondre
(et défendre le Klal Israël du Kitroug), je citerais le
Rama (pas moins que ça !) (O’’H §132, 2) qui écrit qu’étant donné qu’il faut faire attention de lire ce passage avec précaution et ne pas sauter un mot, on a pris l’habitude de ne pas le dire du tout en semaine
(car on est pressé par nos occupations), mais d’en laisser la récitation seulement pour le Shabbat (et les jours de fête).
Il faut aussi indiquer le
Or’hot ‘Haim (daf 67a -Tfilat Motsash §10) qui écrit que certains ont l’habitude de ne PAS dire Pitoum Haketoret le Shabbat !
C’est aussi ce qui ressort du
Seder tfila de Rabénou Yehouda Bar Yakar. (les deux sont cités par le
Halakha Broura dans
Shaar Hatsiyoun §132, 23.)
Donc celui qui ne le dit pas le Shabbat aura sur qui s’appuyer et celui qui ne le dit pas en semaine aussi.
(Cependant, celui qui ne le dit ni en semaine ni à shabbat sera innovateur par ce cumul.)
En fait, cette lecture ne saurait être une obligation halakhique au sens classique du terme, mais elle est recommandée et présentée comme propice pour toutes sortes de bonnes choses.
Concernant la Segoula pour la richesse citée plus haut au nom du
Sefer Hamanhig (cité par le Aboudarham dans Seder Motsash), l’idée provient du
Talmud (Yoma 26a) qui le dit au sujet de celui qui apportait les Ktoret, et certains veulent donc dire qu’il en irait de même pour celui qui réciterait seulement le texte
(puisqu’il n’est plus possible d’en faire plus de nos jours et que celui qui lit et étudie les passages parlant des sacrifices est considéré comme s’il les avait offerts…).
Il faut cependant noter que le
Kolbo (§41) en mentionne la possibilité
(que la simple récitation soit aussi une Segoula pour la richesse) sans en être convaincu [tout comme le
Or’hot ‘Haim (daf 67a) qui n’en est pas plus convaincu
-ces deux Sfarim sont quasiment des copies l’un de l’autre] et que le
‘Hida (Ma’hzik Brakha O’’H §48, sk.2) se montre explicitement sceptique.
Un constat objectif semble soutenir et renforcer la position du 'Hida
En conclusion, je dirais qu’il est bon de les dire, mais qu’il n’y a pas de réponse identique pour tous ; pour un ba’hour yeshiva chez qui cette récitation prendrait du temps sur le limoud et qui ressent qu’il se rattache beaucoup plus à D.ieu via la Gmara que par la Tfila, ce n’est pas bien grave s’il n’a pas dit ce passage et en utilise le temps de lecture pour étudier la Torah.
Mais pour un Baal Habayit à qui il arrive de perdre du temps en journée (et en soirée) et qui n’est pas plongé et Shakoua dans son limoud toute la journée, c’est différent.
En tout état de cause, la « gravité » de la non-récitation quotidienne de ce texte, ne saurait être comparée à la gravité de l’ignorance des lois du Shabbat /de ne pas avoir lu au moins une fois un Kitsour Hilkhot Shabbat du début à la fin, ou à celle de parler Dvarim Betélim pendant le Kaddish, la ‘Hazara ou la Kriat Hatorah.