Citation:
Dans Devarim 14-7, Rashi explique que la Tora a répété les animaux purs pour la Chessoua qui a deux dos et deux colonnes vertébrales.
Connaissez-vous cette créature ?
Ce que dit
Rashi vient de la Gmara
‘Houlin (60b).
Cet animal mystérieux est aussi mentionné dans
Nida (24a) ou Rav nous dit qu’il s’agit d’un animal qui ne peut pas survivre dans sa condition (et le Limoud viendrait l’interdire avant naissance -bime’ei imo, puisqu’après, c’est le Din de Néveila qui intervient), mais Shmouel est en désaccord.
En matière de Issourin nous suivons l’opinion de Rav.
Cf.
Ritva (Nida 24a) qui rapporte différentes interprétations, et sa conclusion est qu’un tel animal ne peut pas survivre (à sa malformation) mais n’est pas une « espèce » à part.
Selon
Rashi, Rav pense que ce n’est pas une espèce à part, mais Shmouel pense que c’en est une.
Toutefois, les Rishonim sont en désaccord avec
Rashi sur ce point et expliquent Shmouel autrement, pour eux, Shmouel comme Rav considèrerait que ce n’est qu’une malformation d’un animal existant et non une espèce à part. Voir
Rabénou Tam (dans Tosfot ‘Houlin 60b), et
Ramban, Rashba, Ritva et
Ran (Nida 24a).
Le
Ritva souligne tout de même avoir lu le témoignage d’un Gadol attestant de l’existence d’une femme ayant deux dos et deux colonnes vertébrales et ayant vécu ainsi longuement
(il devait s’agir de jumelles siamoises ?), mais il explique que les Sages savaient que ça ne peut-être qu’une exception très rare et qu’en principe notre animal ne peut pas vivre.
Voir le
‘Hida dans
Peta’h Enaïm (Nida 24a) qui dévoile l’identité du Gadol (
R. Oshaya, ou bien c’est le plus connu
R. Yeshaya -Piskei HaRid), et qui nous renseigne sur cette femme qui avait en réalité deux troncs, deux têtes et quatre bras (mais deux jambes seulement) -ce qui confirme l’hypothèse de sœurs siamoises.
Elles auraient vécu « plus de vingt ans ». Toujours le
‘Hida, dans
Ma’hzik Brakha (Y’’D §13, sk.5) cette fois, rapporte du
Rid une version différente où il s’agissait aussi d’une femme d’une vingtaine d’années qui, selon le témoignage de certains juifs, se séparait en deux femmes à partir de la ceinture/du tronc jusqu’à la tête, alors qu’elle n’avait que deux jambes.
Le
Rid rapporte aussi le témoignage de certains non-juifs au sujet d’un homme qui lui aussi n’avait que deux jambes, mais deux colonnes vertébrales et deux dos (et vraisemblablement aussi deux têtes, comme la femme, voir ce qu’écrit le
‘Hida par la suite sur cette omission).
[Voir encore le
Shaar Hashamayim (père du
Ralbag)
(Maamar VIII -Roedelheim 1801, daf 47b) qui témoigne avoir vu de ses yeux un bébé né avec deux têtes et deux corps à partir de la ceinture.
[Plus bas il rapporte au nom d’
Avicenne une histoire terrible ; une femme a enfanté deux jumelles collées par la hanche, l’une d’elle a voulu se marier et l’autre refusait et avait honte.
Elles sont allées au tribunal, le juge leur a demandé, chacune à son tour de se lever sans que l’autre ne se lève et il a remarqué que celle qui voulait se marier était beaucoup plus dynamique et entrainait l’autre, ce pour quoi il a décidé qu’elle était l’essentielle et l’autre ne lui était qu’accessoire, il a donc tranché qu’elle pouvait se marier et tant pis pour celle qui ne veut pas.
Cette dernière est morte de contrariété et de honte, et peu après la sœur dynamique est morte de par la putréfaction du corps de sa sœur.]
Voir aussi le
Tsema’h David (II, an 145/3905, page 89) qui mentionne la naissance d’un enfant à deux têtes à l’époque d’Antonin le Pieux.
Et encore le
Shout Halakhot Ktanot (I, §245) qui a vu en Italie des jumeaux de 25 ans, collés par le torse, dont l’un était normal et l’autre petit, ayant les jambes qui pendaient en l’air…]
Voyez aussi
Rambam (Maakhalot Assourot §I, 6) et
Aroukh Laner (Nida 24a), ainsi que
Min’hat ‘Hinoukh (§155).
A noter que le
Targoum pseudo-Yonathan (Dvarim XIV, 7) explique qu’il s’agirait d’un animal à deux têtes et deux colonnes vertébrales.
Voir encore
Na’halei Ba-Gad (éd.1999, p.256 -et éd.1989, p.193).
[
Rav Matityahou Shtrashun dans son
Matat-ya (daf 38c) sur le Mirash
Shemot Raba (Parsha II, §6) qui dit que lorsqu’un des deux jumeaux à mal à la tête l’autre le ressent, explique qu’il s’agit-là forcément de jumeaux siamois.
Suite à quoi il rapporte plusieurs sources indiquant l’existence de personnes à deux têtes qu’il identifie comme étant des siamois partageant le bas du corps.]
En conclusion, il ne s’agirait pas
(pour Rashi : seulement selon Rav) d’une espèce à part mais d’une malformation.
Selon Shmouel, d’après l’interprétation (minoritaire) de
Rashi, il s’agirait d’une espèce à part.
Laquelle ? me demanderez-vous. Ce n’est pas évident.
Mais à en croire le
Torah Tmima (Dvarim XIV, §20), il existe au Brésil un animal qui a une sorte de creux sur le dos qui donnerait l’impression d’avoir deux colonnes vertébrales et donc « deux dos ».
Le
Haktav Vehakabala (Dvarim XIV, 7) rapporte au nom du
תוה"ח qu’il s’agit d’un animal qui a un creux sur le dos de l’épaisseur d’un doigt et donne l’impression d’avoir deux colonnes vertébrales, son nom est טאיאסו .
Il nous faut éclaircir le nom de l’animal, mais avant ça, celui de l’auteur cité, ce תוה"ח.
Rav Moshé Tsuriel-Weiss indique que c’est une erreur le ‘Het est un Alef et il faut lire
תוה"א qui renvoie au
תולדות הארץ Toldot Haarets (Varsovie 1841, p.119).
Quant à l’animal, le
טאיאסו est le tayassuidae, alias le pécari à collier.
Il est aussi identifié en tant que tel par le
Malbim (Vayikra XI, 4, parshat Shmini, Hatorah Vehamitsva §73 – דף ר"ב) animal vivant en Amérique du Sud, appelé טאיאסו , qui ressemble au sanglier, au poil noir et rèche, avec un collier blanc, avec une fente et une glande odoriférante sur le dos.