Matan Tora pour tous et le rôle des Nations

Pourquoi D. n'a-t-il pas donné la torah à toute l'humanité ?
N'a-t-on pas tous le même but de connaître et s'attacher à D. ?

Je serai tenté de vous répondre que ce sont les autres peuples qui ont refusé cette Torah ! (Cf. Avoda Zara 2b , Yalkout Shimoni Mikha §554 et avec plus de détails dans le Yalkout Shimoni sur Vezot HaBrakha §951.)

Mais ces textes eux-mêmes indiquent qu’il semblait nécessaire de ne donner la Torah qu’à un seul peuple, ils ne répondent donc pas qu’imparfaitement à votre question.

La réponse est que la Torah n’a pas été donnée à toute l’humanité car ses préceptes ne s’adressent pas à toute l’humanité.

Les 613 Mitsvot sont des préceptes pour un peuple qui servira de phare aux autres, ces derniers pouvant se suffire de respecter les « lois noa’hides ».

Lorsque les parents sortent le soir et laissent des recommandations aux enfants qui restent à la maison, le fils aîné aura beaucoup plus de « mitsvot » que les autres, il devra donner l’exemple et se soucier du bien-être général de toute la famille.
Les parents lui expliqueront donc comment réagir s’il y a un incendie, comment préparer le repas pour tous, à quelle heure éteindre ceci ou allumer cela, où ranger telles et telles choses, comment enclencher l’alarme, que dire au téléphone, à quelle heure éteindre le four, etc.

Cela ne signifie pas que les parents n’aiment pas les autres enfants, ni qu’ils ne leurs sont pas proches.
Mais « chacun a son rôle » et le rôle du grand frère est de veiller à certaines choses dont l’utilité échappe parfois totalement à ses petits frères (voire aussi à lui-même, qui fera confiance à ses parents et accomplira certaines tâches étranges comme appuyer à telle heure sur des touches qui ne servent à rien à ses yeux mais qui enclenchent l’alarme sans qu’il ne s’en rende compte ni qu’il n’en comprenne l’intérêt).

Voilà très brièvement ce qui peut vous mettre sur la voie pour comprendre la place du non-juif dans la Torah, avec quelques particularités propres à notre configuration, comme la possibilité d’entrer dans le groupe des « grands frères » (=conversion au judaïsme) [Mais d’un autre côté, l’impossibilité du grand frère de « démissionner » de son rôle (=impossibilité halakhique d’abandonner le judaïsme)].

Pourquoi les choses se sont-elles fait ainsi ?
Des parents ne voudraient-ils pas que des grands frères responsable ?
Pourquoi devrait-il y avoir plusieurs rôles ?

Pour le coup, je serai tenté de vous répondre que c’est ainsi !

Nous parlons d’un constat, la Torah n’a été donnée qu’à un peuple.

Comment comprendre la volonté de D.ieu en cela ? comme je vous l’ai écrit plus haut.

Maintenant vous me demandez pourquoi D.ieu n’a pas voulu faire autrement.

C’est intéressant d’y réfléchir, mais le "degré de pertinence" de la question correspond à si vous me demandiez pourquoi D.ieu a créé l’homme avec dix doigts et non huit ou douze ?
ou pourquoi n’a-t-Il pas choisi de faire la couleur de notre peau verte ?

Ce sont de sympathiques questions et elles sont très nombreuses, mais il faut, avant d’y réfléchir, comprendre qu’une première étape consiste à admettre le constat : c’est ainsi et c’est tout.
A la limite on pourrait imaginer qu’il n’y ait PAS de raison, c-à-d qu’il fallait bien opter pour une couleur de peau et un nombre de doigts, on aurait pu avoir huit doigts (et verts) et vous auriez posé la question inverse.

Les différents rôles sont une réalité, de la même manière que les différentes capacités le sont -sans parler de religion.
Une personne handicapée mentalement ne pourra pas avoir le même rôle sur terre qu’un savant.
Elles ne produiront pas les mêmes choses/avancées.

Ça ne veut pas forcément dire que le savant aurait plus de valeur que l’handicapé, il faudrait savoir ce qui définit la valeur d’une vie et surtout, il faudrait comprendre réellement ce qu’est la vie et nous en sommes assez loin.


Ceci étant dit, je propose tout de même une piste en continuant avec les comparaisons à partir de ce que nous connaissons (et vous devinez qu’il peut y avoir des éléments qui nous échappent et même des natures de raisonnements ou des capacités de discernement qui nous échappent, etc. Comment être sûr d’être capable de deviner et comprendre les motivations de D.ieu ?).

Dans un bateau (ou une entreprise, ou une armée, ou etc.), afin que tout marche bien, il faut différents rôles.
On ne peut pas tous tenir la barre, ni tous contrôler le radar, ni tous être le capitaine, ni tous etc.
Le monde tel qu’il est, nécessite différents rôles.

Si D.ieu demande aux juifs des tas de choses, il faut aussi des Goyim avec moins d’obligations religieuses pour faire avancer le monde sur d’autres fronts (que le plan spirituel).

Ça ne veut pas dire que ce soit forcément une fatalité, rien n’empêche d’imaginer un autre monde où tous auraient les mêmes obligations religieuses, mais il semble bien que notre monde ne soit pas actuellement prêt à cela.


Vous demandez :


Ils peuvent le vouloir, mais la réalité est autre, il y a le grand frère qui a dix ans et le petit frère qui a quatre ans, les parents peuvent vouloir qu’ils soient autant responsables, mais ce n’est pas pour tout de suite, ça viendra avec le temps.
S’ils avaient eu des jumeaux, en effet, ils auraient été autant responsables, mais ce n’est pas le cas.
Et en fait, dans le cas de jumeaux, il n’y a pas de responsable, c’est chacun pour soi.

Traduit dans notre affaire, demander à toute l’humanité d’être un exemple pour les autres, revient en fait à ne donner l’exemple à personne, c’est du chacun pour soi et il n’y a plus de responsabilité mutuelle entre les humains.

D.ieu souhaiterait donc peut-être qu’il y ait cette fraternité entre les humains, qu’il y ait ce lien par un sentiment de « responsabilité collective ».

Serait-ce parce que lorsqu’on nomme un responsable, il arrive à se dépasser et à mieux se comporter lorsqu’il sait qu’il donne l’exemple que s’il était seul ?
Je ne sais pas.
Ça voudrait dire qu’il serait nécessaire pour les juifs (pour les pousser à se parfaire au maximum) de leur conférer un rôle éducatif les encourageant à se dépasser, ce qui reviendrait à dire que la simplicité du rôle religieux attribué aux Nations serait une nécessité pour les juifs ?
Je n’aime pas trop ces idées selon lesquelles certains seraient « défavorisés » pour en « favoriser » d’autres, ça ne ressemble pas au bon D.ieu -du moins tel que je me l’imagine.

Mais tellement de choses nous échappent, que l’on pourrait aussi imaginer que l’amenuisement du rôle des Nations ne constituerait pas une défaveur (ni l’inverse pour les juifs) et que le plan divin serait de faire arriver le navire à bon port, pour toutes ses créatures (le simple matelot inclus).

En bref, ce qui est accessible, c’est le constat de la situation : nous n’avons pas tous le même rôle sur terre.
Pour répondre au « pourquoi est-ce ainsi ? », nous n’avons que des conjectures assez hasardeuses, bien que parfois sympathiques.