Vous avez tout à fait raison de critiquer la façon dont certains Juifs se moquent du fondateur de la religion chrétienne et lui appliquent les appréciations méprisantes que vous avez énumérées.
Il existe dans la Guemara de nombreuses références à cet homme, souvent appelé Yéchou ha-notzri (« Jésus de Nazareth »). Ces références ont été longtemps occultées par les éditeurs, soit sous l’influence des censeurs chrétiens, soit sous celle de l’auto-censure pratiquée par les rabbins. Elles ont été aujourd’hui rétablies dans les éditions courantes.
Je citerai, sans que cette énumération soit limitative : Sanhédrin 107b, Sota 47a et Guitin 57a.
Est-ce à dire que les Amoraïm étaient moins scrupuleux que ceux dont vous critiquez le vocabulaire ?
J’ajouterai que nous devons « savoir que répondre à un hérétique » (Avoth 2, 14), c’est-à-dire à celui qui « méprise la Tora » (Bartenoura). La nécessité de savoir lui répondre implique, à mon avis, un minimum de considération, ou en tous les cas une absence de mépris pour ses croyances.
Quant à votre autre question, je vous dirai simplement qu’il n’y a pas que les mois et les jours de la semaine à prendre leurs noms dans les divers panthéons païens. La langue française contient de nombreux mots et de nombreuses expressions, employés couramment par nos coreligionnaires, et difficiles à dissocier de leurs origines païennes ou chrétiennes, comme « crucial », « calvaire », ou simplement le mot « D’eu », dont on sait qu’il « descend » de « Zeus ».
Il en va de même de certains prénoms, dont beaucoup de gens ne savent pas qu’ils sont quelque peu « sulfureux ».
Exemples : « René », issu du latin « Renatus », c’est-à-dire « ressuscité », ou « Virginie », dont les origines sont à l’évidence chrétiennes.
En réalité, si l’on va au fond des choses, il nous faudrait abandonner nos langues vernaculaires et ne parler et écrire qu’en hébreu. Et encore, je ne suis pas sûr que cette langue, du moins celle parlée en Israël, n’a pas été « contaminée » !