Je n’ignore pas que certains décisionnaires font une différence entre la Sefirat haOmer et les autres Mitsvot positives qui dépendent du temps, dans le sens que même ceux qui sont d’avis que les femmes ont le droit de faire la Berakha sur les autres Mitsvot, pensent concernant la Sefira qu’elles ne doivent pas la faire. C’est pour cela que j’ai cité le Kaf ‘ha’Haïm (489, 9) qui cite l’avis de bon nombre de A’haronim de ne pas faire la Berakha entre autre le “Choul’han Chelomo” cité également par le Michnah Berora, que vous avez mentionné, alors que dans hilkhot tsitsit (chap. 17) il se range selon l’avis du ‘Hida (Yossef omets chap. 82) (qui se base sur chout min hachamaym) que les femmes peuvent faire la bénédiction sur les mitsvot qui dépendent du temps, au nom de “siyata dichmaya” (une aide du ciel).
J’ai simplement fait remarquer que des propos du Maguen Avraham, rapporté par bon nombre de Poskim comme le Choul’han Aroukh ha Rav (489, 2) qui ajoute (apparemment afin de répondre aux arguments du Taz que vous avez cité) que tout ce que les sages ont instauré ressemble aux lois de la Torah “Keaïn deoraïta” elles peuvent donc, selon lui, faire la bénédiction sur la sefira au même titre que les autres mitsvot qui dépendent du temps.
Par contre, sans m’opposer à vos propos, je ne comprends pas la preuve que vous citez au nom du Taz, qui pense qu’une femme ne peut pas faire la bénédiction sur une Mitsva qu’elle n’est pas obligée de faire lorsque la Mitsva est instaurée par les Sages (dérabanan), ainsi elle ne pourrait pas faire la Havedala du fait qu’elle n’est pas obligée de la faire, et que la Havdala (selon cet avis) n’est que dérabanan.
En effet, - il me semble, si je peux me permettre, - qu’on ne peut comparer la havdala avec le compte du Omer, même si le compte du Omer est instauré par les Sages aujourd’hui, son fondement est deoraïta (de la Torah) “ousefartem lakhem” (vous compterez…) (Lev. 23, 15) nous savons que le Rambam pense que la sefira est deoraïta même de nos jours (voir plus loin).
Alors que selon les opinions qui pensent que la Havdala est instaurée par les Sages, elles n’ont pas de fondement dans la Torah, c’est comme on disait que, selon les propos du Taz, les femmes peuvent faire la bénédiction du Loulav et du Shoffar que le premier jour qui est deoraïta et pas les jours suivant où la mitsva n’est que derabanan, alors que jusqu’à preuve du contraire, je n’ai encore vu aucun décisionnaire faire une tel distinction.
Par ailleurs, (très brièvement, selon le contexte du forum) nous savons que le Ramban (Kidouchin 29, a) pense que la Sefira ne dépend pas du temps les femmes y sont donc astreintes, bien que la halakha n’est pas retenu comme lui, c’est un argument à retenir pour ne pas faire de différences entre la Mitsva de Sefira est les autres Mitsvot.
De plus même si on avait pu relier la sefira avec la havdala, il serrait difficile de dire pour autant que les femmes ne peuvent pas réciter la bénédiction sur la sefira. En effet, J’ai écrit ailleurs que le Rambam est le Ramban sont conforme à leur point de vue, car le Ramban (Temidin oumoussafin, 7, 24) écrit que la Sefira est deoraïta malgré qu’il n’y a plus de “Omer” de nos jours, du fait que la Mitsva ne dépend pas du Omer mais de la date du calendrier, c’est donc une mitsva qui dépend bien du temps (c’est pour cela que les femmes y sont dispensées voir la suite de la halakha et le kessef michneh), en revanche le RambaN pense que la Sefira dépend du Omer et pas du calendrier, c’est pour cela (comme le précise beaucoup de A’haronim) qu’il ne considère pas la Sefira parmi les Mitsvot positives qui dépendent du temps, et que la Sefira est midérabanan de nos jours car il n’y a plus de Omer.
Nous voyons, (dans un esprit de Pilpoul) exactement l’inverse de ce que vous cherchez à démontrer avec le ‘hidouch du Taz, car si je dis que la Sefira est dérabanan, ça revient à dire que la sefira dépend du Omer et pas du temps, donc les femmes y seraient astreintes, par contre si je dis comme le Rambam que la sefira est de la Torah même aujourd’hui, il serra donc évident que le Taz dira que les femmes peuvent faire la berakha puisque c’est une mitsva de la Torah.
Bien entendu je dis cela “lepilpoula” car je sais très bien que le Ramban est un avis unique, (même si beaucoup de yessodot (fondement) vont dans le sens du Ramban, je ne peux l’élaborer ici) je cherche juste à démontrer la difficulté de dire que la femme (Achkenaz) ne pourrait pas faire la berakha de la Sefira au nom de la majorité des Poskim.
En conclusion, je suis de votre avis que les Femmes qui suivent la coutume Sépharade ne doivent pas faire la Berakha, mais il paraît difficile d’établir cette règle concernant les femmes qui ont pris la Serfira sur elle.
Je ne fais que remarquer très brièvement, sans m’opposer bien évidemment à votre décision dans un esprit de respect.
En vous remerciant. Chavoua tov
Je vais pouvoir dormir.