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Est-il vrai qu'on ne peut quitter Eretz Israël pour retourner vivre ailleurs que pour trois raisons: trouver une femme, étudier la torah, et pour la parnassa ?
Qu'en est-il si on ne se fait pas à la mentalité israélienne, qu'on veut augmenter son pouvoir d'achat en France, et d'autres raisons qui rendent à priori la vie en Hou"l plus facile ?
En bref, est-il légitime de culpabiliser de sortir d'Eretz Israel pour vivre ailleurs ? Que dit la halakha ?
Je précise que j'ai bien écouté votre cours sur la mitsva d'habiter en Eretz Israel, mais j'ai l'impression qu'il s'agit d'une autre question pour quelqu'un qui y habite déjà et qui souhaite aller ailleurs.
Oui, vous avez parfaitement raison, pour celui qui habite déjà en Erets Israel, c’est une autre affaire.
Sortir d’Israël est interdit.
C’est effectivement autorisé pour les raisons que vous citez
(Avoda Zara 13a) « trouver une femme, étudier la torah, et pour la parnassa »
(Parnassa= faire du business), mais uniquement à court terme, l’idée est d’y retourner une fois le problème résolu (=une fois marié, ou une fois la Torah étudiée, ou que les affaires ont été faites), cf.
Rambam (Hil. Melakhim V, 9).
Il sera par contre possible de faire sa « Yerida » (=long terme) en cas de famine en Israël.
L’indication famine étant que le prix du blé (/de la farine) aurait doublé en raison de la pénurie
(Baba Batra 91a). Ou encore, en cas de paupérisation absolue, c-à-d qu’il y a certes des céréales qui poussent, mais qu’on n’a absolument plus d’argent pour acheter à manger (« אבדה פרוטה מן הכיס »).
Disons : un problème majeur et incontournable de Parnassa.
Par contre, «
augmenter son pouvoir d’achat » n’entre pas dans ce qu’on appelle ici un problème de Parnassa.
Il va sans dire qu’en cas de danger de mort, on pourra aussi sortir d’Israël, idem pour des raisons médicales (opération, traitement…).
En fait, selon de nombreux Poskim, sortir momentanément est autorisé pour pratiquement tout ce qui est qualifié de Dvar Mitsva, visiter ses parents, même aller visiter un ami, ou encore concrétiser une affaire.
Mais sortir définitivement (=Yerida) est interdit, sauf en cas de famine, ou pauvreté extrême (/danger de mort).
[J’indiquerais tout de même le
Rashi Kidoushin (31b sv. Nitratséta) duquel il ressort, a priori, qu’il est autorisé de sortir définitivement d’Erets Israel pour pouvoir accomplir Kiboud Av Vaem en ‘Houts Laarets.
Mais ce n’est pas ce qui ressort des Poskim.
Voir encore
Maharit et
Maharsha (ad Rashi) qui s’opposent. Cependant, voir
Shout Beit Shlomo (Y’’D 2 §94) qui se base sur ce
Rashi.]
Par contre, sortir d’Israël pour des vacances est a priori interdit, bien que certains Poskim l’autorisent si c’est pour moins de 30 jours. [Voir ce qu’écrit le
Shevet Halévy (V §173) et surtout le
Maharit (Kidoushin 31b)]
Dans votre cas, augmenter son pouvoir d'achat n’est aucunement un Heiter. Reste ce que vous dites «
on ne se fait pas à la mentalité israélienne ».
Il est difficile de définir ce ressenti et son impact de manière précise afin de pouvoir savoir si c’est une raison suffisante pour quitter Erets Israel.
Il est clair que si l’incompatibilité du sujet avec la mentalité ambiante l’amène à déprimer et à en être malade, qu’il sera autorisé de sortir pour « raison médicale ».
Idem si elle l’empêche d’étudier la Torah (ou de la pratiquer, ou d’éduquer ses enfants dans la Torah).
Mais si c’est juste qu’il trouve simplement les israéliens désagréables, j’ai du mal à y voir un Heiter pour justifier une Yerida.
N'étant pas à l’aise avec ce résultat, j’en ai parlé au grand
Reb Dovid Kohn de Flatbush.
Il m’a dit que si celui qui ne s’arrange pas avec la mentalité israélienne en est amené à transgresser constamment l’interdit de « haine » (שנאת ישראל), il y a de quoi lui autoriser de sortir d’Erets Israel.
Il a ajouté que selon certains, dont
Tosfot Avoda Zara (13a), le Heiter de sortir n’est qu’à condition d’y revenir ultérieurement, il m’a donc conseillé de vous dire de décider de quitter MOMENTANEMENT Israël, avec l’intention d’y revenir LORSQUE vous estimerez que vous arriverez mieux à vous accommoder avec la mentalité Sabra.