Rien ne permet de suggérer que les anges aient pris une part quelconque à la création du monde. C’est là, me semble-t-il, une vision totalement étrangère au judaïsme, pour lequel les anges sont uniquement des agents de la volonté divine, sans aucun pouvoir propre, conception illustrée notamment par le premier chapitre du livre de Job.
En ce qui concerne le signification du mot é‘had appliqué au premier jour de la Création, je vous livre ci-après les remarques formulées par le rabbin Elie Munk zal :
« Le dualisme de la lumière et des ténèbres, institué dans la nature dès le premier jour de la création, est suivi, dans le texte de l’Ecriture, de la phrase qui souligne la présence exclusive de Dieu au milieu de l’Univers. Il n’est qu’Un, en dépit des phénomènes de dualisme au sein de la nature. Une des plus anciennes aberrations de l’esprit humain professait que les antagonismes constatés dans les phénomènes de la nature signifiaient la présence d’une multiplicité de divinités et plus particulièrement d’un dualisme composé d’une divinité pour le jour, la vie et le bien, et d’une autre pour la nuit, la mort et le mal. En dernière analyse c’est autour du choix entre la conception dualiste de l’univers et la conception monothéiste, que se sont livrées toutes les luttes idéologiques et toutes les guerres de religion depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours. C’est un spectacle impressionnant que d’observer comment l’humanité, dans son développement spirituel, évolue constamment, encore que pas à pas et non sans revers, vers un théisme moniste qui, de plus en plus, se rapproche progressivement de la conception théologique juive. Notre verset proclame le grand mot d’ordre E‘had, ici pour la première fois, en rapport avec le premier phénomène dualiste établi dans la nature, afin de dissiper toute erreur de pensée. Et chaque matin, au moment où la journée se lève, l’Israélite qui s’apprête à proclamer avec le Chema’ Yisrael la doctrine du pur monothéisme, réaffirme d’abord avec force que la lumière et son contraire, les ténèbres, ont pour auteur le même Dieu Un et Unique, Celui « qui forme la lumière et crée les ténèbres », et qui, d’un monde de contradictions apparentes, fait surgir l’harmonie parfaite (Cf. Berakhoth 11 b). » (La voix de la Torah, 1er volume, page 8).