Lorsque le texte désigne Débora comme étant « écheth Lapidoth » (Choftim 4, 4), il laisse subsister une ambiguïté :
Le mot hébreu icha (ou écheth au cas construit) peut signifier, comme le mot « femme » en français, et contrairement à l’anglais qui distingue « woman » de « wife », soit une femme en général, soit une épouse.
C’est pourquoi lorsque la Tora parle, par exemple, de Sara écheth Avraham (Berèchith 20, 18), il faut se reporter au contexte pour povoir affirmer avec certitude qu’il s’agit de Sara l’épouse d’Abraham.
De même, et en sens contraire, s’agissant de écheth ‘hayil (Proverbes 31, 8), c’est le contexte qui nous persuade qu’il s’agit de « la femme vaillante », et non de l’épouse d’un nommé ‘Hayil.
Le cas de Débora est plus complexe. Le mot « Lapidoth » ne figure nulle part ailleurs dans le Tanakh, raison pour laquelle les commentateurs s’interrogent sur la signification de ce terme et sur la raison de son emploi dans notre contexte. S’agit-il d’un homme portant ce nom, et mari de Débora ? Ou bien le mot en question ne fait-il que traduire une qualité substantielle de celle à qui il est associé dans le texte ?
Cette imprécision est ici d’autant plus embarrassante que le mot même de « lapidoth » peut être compris comme le pluriel du nom commun « lapid », autrement dit « flambeau ».
Aussi bien, selon la plupart des commentateurs, lapidoth désigne l’une des qualités essentielles que possédait Débora.
« Que veut dire écheth Lapidoth, se demande la Guemara (Meguila 14a) ? Cela signifie que Débora confectionnait des mêches pour le Tabernacle. »
Pour le Metsoudath David, elle était zélée dans ses actes comme l’est une flamme, tandis que Ralbag relie le mot lapidoth à l’idée que sa prophétie était comme « enflammée ».
Pour le Yalqout chim‘oni, Lapidoth n’est autre que l’un des prénoms de Baraq. Celui-ci, par conséquent, ne serait pas seulement le général ayant commandé les troupes hébreues contre les Canaanites, mais il serait aussi le mari de Débora.