Le chapitre 32 du livre de Jérémie, qui forme la haftara de la parachath Behar, est particulièrement significatif du milieu socio-économique auquel a appartenu ce prophète.
Ce chapitre nous raconte, avec force détails, l’exécution par Jérémie d’une mission que Hachem lui a confiée : Il s’agit pour lui de racheter une parcelle de terre appartenant à ‘Hanamel, un de ses proches parents. Jérémie est alors en prison. Il y a été jeté pendant le siège de Jérusalem par le roi Sédécias, qui lui reprochait de tenir des propos défaitistes. On imagine sans peine la dureté de cette incarcération, alors que la ville est assiégée et affamée par les Babyloniens. Jérémie n’en obéit pas moins à l’ordre divin, et il va rédiger un contrat de vente en bonne et due forme. Il verse à son vendeur le prix convenu pour cette transaction : Sept chéqels et dix pièces d’argent, une somme considérable, surtout si l’on considère l’extrême misère qui règne autour de lui.
Ce qui est important dans ce récit, en réalité, ce n’est pas tant la transaction elle-même, mais la portée que va ensuite lui en donner le prophète :
A l’issue de la conclusion de ce contrat, Hachem va rendre un oracle, aussitôt transmis aux Judéens par Jérémie. Cet oracle annonce certes l’imminence de la catastrophe : Le Temple va être détruit, Jérusalem sera réduite en cendres et ses habitants vont être exilés en Babylonie. Mais il contient aussi la promesse d’un avenir radieux, avenir qui se réalisera au retour de cet exil. Alors, annoncent les versets 43 et suivants du chapitre 32, « on achètera des champs dans ce pays, on y dressera des actes, on les scellera, on assignera des témoins ; et cela se verra sur le territoire de Benjamin, aux alentours de Jérusalem, dans les villes de Juda... car Dieu y ramènera leurs captifs. »
C’est ainsi que le geste réalisé par Jérémie, que le texte biblique nous présente sous les apparences prosaïques d’une banale opération immobilière, apparaît en réalité comme la préfiguration et comme la promesse de lendemains qui chantent.