Les événements que décrit cette haftara (Jérémie 46, 13 à 28) témoignent, comme l’explique Radaq, de l’animosité historique qui a, de tous temps, opposé l’Egypte à Israël.
Les relations entre ces deux peuples ont connu, il est vrai, une longue période de calme après la sortie des Hébreux d’Egypte et le passage de la mer Rouge, au point que Salomon épousa une fille du Pharaon (I Rois 3, 1). Cette union a cependant été considérée comme l’une des causes de la décadence de la dynastie davidique de même que du schisme des royaumes d’Israël et de Juda.
Le règne de Roboam, fils de Salomon, fut marqué par une invasion égyptienne. Le roi Chichaq envahit Jérusalem et s’y empara des trésors de la maison du roi (I Rois 14, 25 et II Chroniques 12, 2).
Plus tard, à la mort du roi Josias, son fils Joa‘haz monta sur le trône de Juda, mais il ne régna que pendant trois mois. Le Pharaon Nékao le fit enchaîner et le déporta en Egypte, où il mourut (II Rois 23, 31 et suivants ; II Chroniques 36, 1 et 2).
Le Pharaon couronna à sa place son frère Eliakim, vingt-et-un ans avant la destruction du Temple, et changea son nom en celui de Yehoyaqim (II Rois 23, 34), comme pour marquer encore davantage sa suzeraineté sur le royaume de Juda.
Après la bataille de Karkemish, où les Babyloniens triomphèrent de l’Egypte, Yehoyaqim cessa de payer tribut à ce pays et se rangea parmi les vassaux de Babylone. Cependant, trois ans plus tard, par un nouveau renversement des alliances, il fit de nouveau allégeance à l’Egypte, mais n’en obtint pour appui qu’un « appui de roseau » (Ezéchiel 29, 6), s’attirant de surplus l’hostilité, puis les représailles, de Nabuchodonosor. C’est à la suite de cette trahison qu’a été détruit le premier Temple (Voir II Rois 24, 1 et suivants).