Lorsque David, après les péripéties qu’a connues le Tabernacle, ramena celui-ci à Jérusalem, il « dansa de toutes ses forces devant Hachem » (II Samuel 6, 14), ce qui lui a valu d’être traité de haut par sa femme Mikhal, un tel comportement paraissant à celle-ci indigne de son rang (Radaq).
Cette attitude de Mikhal valut à celle-ci de « n’avoir pas d’enfant jusqu’au jour de sa mort » (verset 23).
Il y a une part de tragique dans le destin qu’a connu Mikhal. Fille de Saül, elle a aimé David, et si elle en est devenue l’épouse, c’est parce que son père a vu dans leur mariage un moyen de se débarrasser de celui-ci (« Saül dit : Je la lui donnerai, et elle lui sera en piège, et la main des Philistins sera sur lui » [I Samuel 18, 20]). Plus tard, elle l’a sauvé des desseins meurtriers de Saül en favorisant sa fuite (I Samuel 19, 11), pour être finalement donnée par son père à un autre homme (I Samuel 25, 44).
Cette existence, ainsi marquée par des événements aussi contrastés et par un destin aussi profondément morcelé, a inspiré les poètes.
Nous citerons ici Rachel Bluwstein Sela (1890-1931), dite « Rachel la poétesse », qui lui consacra les vers suivants :
מִיכַל, אָחות רְחוקָה ! לא נִתַּק חוּט הַדּורות,
לא שָׁלְטוּ בְּכַרְמֵךְ הַנּוּגֶה חֲרֻלֵי הַזְּמָן.
עַל כְּתנֶת מִשְׁיֵךְ לא דָהוּ פַּסֵּי אַרְגָּמָן
וְצִלְצוּל אֶצְעָדות זְהָבֵךְ עוד הָאזֶן תִּקְלט.
לא אַחַת רְאִיתִיךְ נִצֶּבֶת לְיַד הָאֶשְׁנָב,
בְּעֵינֵךְ הַיָּפָה מְהוּלִים גַּאֲוָה וָרךְ;
מִיכַל, אָחות רְחוקָה, אֲנִי עֲצוּבָה כָּמוךְ,
כָּמוךְ נְדוּנתִי לָבוּז לַאֲשֶׁר אהַב.
Mikhal, ma sœur lointaine, le fil des générations n’a pas été rompu,
Elles n'ont pas prévalu, les atteintes du temps, dans ton triste vignoble.
Les pliures pourpres de ton vêtement de soie n'ont pas disparu.
Et j'entends encore dans mon oreille tinter ton bracelet d’or,
Souvent je t’ai vue te tenant près de la lucarne,
Dans tes beaux yeux se mêlaient fierté et tendresse.
Mikhal, ma sœur lointaine, comme toi je suis triste.
Comme toi condamnée à mépriser celui que j’aime.