Sur cette question, j'ai entendu chabbat dernier une très jolie explication attribuée au Izhbizer Rebbe, un grand maître 'hassidique (je crois que R. Tzadik Hacohen était son élève).
Le Izhbizer Rebbe demande pourquoi Yaakov, au moment où il retrouve Yossef, s'exclame : "Amouta Hapa'am", cette fois-ci je peux mourir - pourquoi parler de sa propre mort alors qu'il vit un des moments les plus joyeux de son existence ! Après tout, il retrouve son fils bien-aimé après des années de séparation, et il parle de décéder !?
La réponse est que Yaakov savait qu'il allait éprouver une immense sim'ha ; sa question était de savoir si cette joie était Lechem Chamayim ou pas. En d'autres termes, s'il était heureux de savoir qu'il avait réussi à créer la famille juive originelle, qui allait donner naissance aux 12 tribus d'Israël, ou si ses sentiments paternels, naturels bien sûr mais sans relation avec le service divin, jouaient pour une partie dans ce qu'il ressentait.
La Guemara, au début de Brakhot, donne trois conseils à celui qui est sur le point de céder au Yetzer Harah :
1. "Entraîner" le mauvais penchant au Beit Hamidrach (l'étude de la Torah renforcera le bon penchant).
2. Si cela est insuffisant, lire le Chema (proclamer l'unité de D. rappelle l'homme à ses devoirs et responsabilités).
3. En dernière alternative, penser au jour de la mort, qui attend tous les hommes tôt ou tard.
Dit le Izhbizer : Yaakov a suivi ces trois étapes :
a. Il a envoyé son fils Yehoudah en avance, "Lehorot Lefanav", pour créer un centre de Torah en Egypte (cf. Rachi) et pouvoir bénéficier de l'influence positive de l'Etude.
b. Au moment de rencontrer Yossef, il a dit le Chema (cf. la réponse de M. Jacques Kohn).
c. Finalement, les premiers mots de Yaakov mentionne l'idée de la mortalité humaine - Amouta Hapa'am !
Ayant passé par ces trois étapes anti-Yetzer Harah, et ressentant toujours la joie de revoir son fils, Yaakov s'est ainsi assuré que sa sim'ha était totalement pure.