Si le lien entre la haftara et la parachath Chemoth nous semble ne résulter, à première vue, que de la présence dans le premier verset de l’une comme de l’autre du mot ha-baïm (« ceux qui viennent »), il existe entre elles, en réalité, une parenté beaucoup plus forte.
La paracha est consacrée presque entièrement à la naissance de Moïse, à son élection comme prophète d’Israël et à l’éclosion de son sens aigu de la justice. De même nous fait-elle revivre l’échec de sa première intervention auprès de Pharaon, et les reproches que lui adressent ses frères hébreux, désespérés par l’aggavation de leur servitude que leur a value cet échec. Quant à la haftara, elle appelle notre attention sur les déboires du prophète Isaïe, en butte aux moqueries de ses contemporains, tout comme l’avait été, en Egypte, son illustre devancier.
Tandis qu’il s’efforce de transmettre à ceux-ci les valeurs de la Tora, ils lui rétorquent sur un ton ironique qu’ils observent celles de l’idolâtrie : « Loi pour loi, loi pour loi… » (28, 10). Autrement dit, « la nôtre a plus de valeur que la tienne » (Rachi).
Cependant, alors que la haftara aurait dû s’achever sur le verset 13 du même chapitre, verset qui annonce les catastrophes qui ne manqueront pas de s’abattre sur les enfants d’Israël, on a ajouté, pour clôturer sur une note optimiste, les versets 22 et 23 du chapitre 29 qui nous promettent une libération semblable à celle d’Abraham lorsqu’il a été sauvé de la fournaise ardente (Rachi).