La parachath Chemoth présente une particularité peu fréquente dans le cursus des parachiyoth : La haftara qui lui est attachée n’est pas la même dans le rite achkenaze et dans le rite sefarade.
Les Sefarades lisent le début du livre de Jérémie, celle qui rapporte, à l’instar de celle de Moïse dans la paracha, les circonstances de l’élection de ce prophète.
Nous laisserons cette haftara de côté, car elle est également celle que l’on lit, selon tous les rites, après la parachath Pin‘has toutes les fois que celles de Matoth et de Mass‘ei sont réunies. Nous y reviendrons en temps voulu.
Dans le rite achkenaze, on récite une haftara empruntée au livre d’Isaïe (27, 6 à 28,13, et 29, 22 et 23).
Le rapport de cette haftara avec notre paracha, et plus généralement avec la sortie d’Egypte dont celle-ci est l’annonciatrice, est défini par Rachi : Son premier verset (« Viendra un temps où Jacob étendra ses racines, où Israël fleurira et poussera, et remplira de fruits la face du monde ») correspond à la description de la fécondité des Hébreux (« Les enfants d’Israël fructifièrent, grouillèrent, se multiplièrent, devinrent puissants en abondante abondance, le pays en fut rempli » ; Chemoth 1, 7). Notons d’ailleurs l’emploi du même mot (« remplir ») dans ces deux versets.
Son deuxième verset (« (Hachem) l’a-t-Il frappé selon le coup de ceux qui l’ont frappé ? A-t-il été tué selon la tuerie de ceux qu’Il a tués ? ») n’est pas sans rappeler la mort des premiers-nés (Chemoth 12, 29). On retrouve ici le même mot « frapper » dans les deux versets.
Quant à son troisième verset (« C'est avec modération que tu as puni ce peuple en le congédiant, alors qu'au jour de la tempête tu as fait souffler un vent puissant »), il renvoie tout naturellement au vent puissant que Hachem a suscité pour fendre la mer (Chemoth 14, 21). Ici encore le mot qadim, que l’on trouve dans les deux versets, évoque la puissance divine.