Voici ce qu’a écrit à ce sujet le rabbin Elie MUNK (La voix de la Torah, I, page 507) :
« C’est le roi Messie à qui appartient la royauté » (Rachi). Jusqu’à son avènement Juda détiendra le sceptre royal au milieu de sa nation. Mais le Messie. fils de David, sera Roi sur l’assemblée des peuples, welo yiqhath ‘amim.
M. M. Kasher, dans son Encyclopédie du Pentateuque, cite onze interprétations différentes qui ont été données au mot chilo. Mais la tradition juive n’a retenu que celle de Rachi et d’Onqelos qui lui donnent le sens de Messie, pour les raisons exposées par Rachi. Certains théologiens chrétiens admettent, sans aucun fondement solide, que Chilo est un nom qui désigne le fondateur du christianisme : « Jusqu’à ce que vienne Chilo » est devenu en ce sens un texte de prédilection des missionnaires chrétiens qui cherchent, en s’appuyant sur lui, à convertir des juifs ignorants ou peu instruits de l’Ecriture Sainte. Il est toutefois remarquable que cette traduction ne date que de l’an 1534, où elle se trouve pour la première fois dans la Bible allemande de Sebastian Münster. Elle est à présent rejetée par tous ceux qui ont étudié le sujet d’une manière approfondie. Dans ses consultations (T. IV. N° 187) Salomon ben Adret, vivant au XIIIe siècle, fait le rapport détaillé de la disputation publique qu’il eut avec le savant prédicateur Martini au sujet de ce verset, qui démontrerait, selon ce dernier, que le Messie serait déjà venu. Les mêmes arguments se retrouvent dans le Séfèr wikoua‘h ha-Ramban (Constantinople, 1710) qui relate la disputation qui eut lieu à Barcelone, en 1263, entre Nahmanide et le frère dominicain Fra Paolo, juif converti de Montpellier, en présence du Roi Jaime d’Aragon. Au cours de ce rapport, Nahmanide cite entre autres sa réponse donnée au Roi : Le Messie viendra avec certitude, et il sera un homme né de père et mère issus de la dynastie de David, ainsi qu’il est dit : ‘ad ki yavo chilo, jusqu’à ce que vienne son fils, le terme chilo, dérivé de chilyo, signifiant : son petit enfant, comme dans Devarim 28,57. Il viendra donc au monde normalement, comme tous les hommes. (Une réfutation détaillée des arguments christologiques concernant ce verset est donnée dans le Séfèr ‘hizouq émouna, Breslau, 1873, lère partie, Chap. 14).