La haftara de cette semaine prédit deux catastrophes : la destruction du premier et celle du deuxième Temples. Notre tradition nous incite à nous représenter ces tragédies comme faisant partie de notre vie présente, de la même façon que nous vivons « en direct » chaque année à Pessa‘h notre libération de l'Egypte.
Dans cette réprimande, le prophète Jérémie s’en prend non seulement au peuple, les « familles de la maison d'Israël », mais aussi, et peut-être surtout, aux élites de la société, aux « kohanim qui n’ont pas dit : Où est Hachem ? À ceux qui s’occupent de la Tora qui ne L’ont pas connu, aux pasteurs qui se sont rebellés contre Lui, et aux prophètes qui ont prophétisé par Ba‘al… » (Jérémie 2, 8).
On dirait aujourd’hui : « les penseurs, les philosophes et les politiques. »
Quels étaient exactement leurs péchés ? Pour le Targoum Yonathan, le péché des dirigeants du peuple était double : Ils manquaient de sincérité et d’intégrité religieuses et, par voie de conséquence, ils n'ont pas transmis ces qualités au peuple.
Selon rabbi Yossef Qara (1065 – 1135), un disciple de Rachi, leur péché essentiel était celui d’ingratitude : « Ils n’ont pas demandé : Où est Hachem qui nous a fait monter du pays d’Egypte ? » (2, 6), et ils n’ont pas reconnu qu’Il les avait amenés « dans un pays fertile, pour en manger les fruits et les richesses » (2, 7). Selon ce commentateur, c’est l'ingratitude d'une génération qui causera la disparition de la suivante.