Parachath Peqoudei - Que de répétitions !

La Tora veille toujours attentivement à éviter les redondances et à ne pas contenir de répétitions superflues. Pourquoi alors les parchioth Wayaqhèl et Pqoudei sont-elles des répétitions presque mot à mot de Terouma et de Tetsawé ?

Déjà dans Berèchith la Tora s’est longuement attardée sur la démarche d’Eliézèr auprès des parents de Rébecca, destinée à devenir l’épouse d’Isaac. Rachi explique à ce sujet, en citant Berèchith rabba 60, 8, que « la conversation des serviteurs des patriarches est plus chère à Hachem que la Tora de leurs enfants. En effet, le récit d’Eliézèr est répété deux fois, tandis que de nombreuses prescriptions essentielles de la Tora ne sont signalées que par allusion ».
Le plus grave des péchés jamais commis par le peuple juif a été la fabrication du veau d’or. Il a provoqué la colère de Hachem au point qu’Il a été sur le point de détruire tous les enfants d’Israël. Le Tabernacle est appelé Michkan ha-‘èdouth (« Michkan du témoignage ») parce qu’il atteste du pardon octroyé par Hachem (voir Rachi ad Wayiqra 9, 23). C’est pourquoi, étant donné son extrême importance, la Tora s’y étend avec une foule de détails.

Permettez-moi de rajouter à votre réponse un extrait du commentaire du Beth Halévi zatsal sur ce sujet.
Le B. H. commence par se poser une question évidente.
Si - comme l'expliquent les Midraschim, le Zohar et autres commentaires de base - les enfants d'Israël avait retrouvé le degré spirituel d'Adam d'avant son péché, s'ils avaient atteint une perception de la vérité proche de la perfection, s'ils ont employé un langage digne d'un ange en disant "Naassé Veunischma", comment est-il possible qu'il puissent chuter aussi bas et adorer une idole ?

Aussi, expliquent le B. H., il faut voir que seuls 3000 hommes vont subir la peine de mort pour avoir vraiment adoré une idole et la toute grande majorité des enfants d'Israël n'ont jamais adoré le veau d'or sous forme de vulgaire idolâtrie.

Par contre, croyant ne plus avoir l'intermédiaire habituel qu'était Mosché Rabeïnou pour être en contact avec D-ieu, ils ont conçu - car leur immense élévation spirituelle et leur connaissance des secrets de la création le leur permettaient - le projet de construire un Tabernacle susceptible de remplacer leur maître et faire ainsi descendre la Schechinah parmi eux - une sorte de catalyseur de la présence divine au sein du peuple juif.

Quelle était leur erreur, leur péché ? Leur initiative semble légitime !

C'était un péché d'orgueil, une prise d'initiative sans attendre les ordres divins. Et relativement au degré spirituel élevé qui était le leur, c'était un très grave péché.

Nos Sages expliquent que la construction du Tabernacle du désert a été un Tikoune, une forme de réparation du péché du veau d'or, comme l'était aussi le sacrifice de la Vache Rousse, pour éliminer l'impureté.

Ici, continue le B. H., nous entendons dans la répétition de la construction de tous les éléments de ce Tabernacle une conclusion de chaque paragraphe avec ces mots, répétés comme une litanie : "Kaascher Tsivah Haschem Eth Mosché", "ainsi que l'Eternel l'avait ordonné à Moïse".

Se plier aux ordres divins sans se poser de questions, (accepter une loi comme celle de la vache rousse, une loi sans aucune logique et même contenant des éléments de paradoxe comme les cendres de la vache rousse qui rendent impurs ceux qui les transportent et qui par ailleurs permettent d'obtenir la purification) a corrigé l'erreur de l'initiative personnelle orgueilleuse.
Et c'est pour ce faire qu'ils ont donné l'or, l'argent et le reste, une deuxième fois, pour la réalisation effective de ce Tabernacle.