Les haftaroth contiennent, dans la plupart des cas, une allusion, parfois à peine perceptible, à la paracha à laquelle elles sont associées.
Mais il arrive aussi, comme il en est de toutes celles qui sont lues entre le 17 tamouz et Roch Hachana, qu’elles fassent référence à l’actualité calendaire, et non plus à la paracha de référence.
C’est ainsi que, dans les trois chabbathoth qui suivent le 17 tamouz, on récite des prophéties menaçantes et sévères (chelocha de-pour‘anoutha) ; puis, après le jeûne d’av, sept chapitres de consolation (chiv‘a de-ne‘hmatha) et deux d’exhortation à la pénitence (tartei de-tiyouvta), transition naturelle aux solennités de la Pénitence (‘asséreth yemei techouva) qui suivent immédiatement (voir Tour et Choul‘han ‘aroukh, Ora‘h ‘hayyim 428, 8).
La haftara que l’on a associée à la parachath Pin‘has, du moins lorsqu’elle est lue après le 17 tamouz, comme c’est le cas en cette année 5767, est la première de ces chelocha de-pour‘anoutha.
Cette haftara est constituée par le premier chapitre du livre de Jérémie. Ce chapitre, en même temps qu’il annonce les catastrophes qui vont s’abattre sur le peuple juif, présente diverses ressemblances, quant à l’élection de ce prophète, avec celle de Moïse.
Le Yalqout Chim‘oni (ad Jérémie 256 ; voir aussi Pessiqta de-rav Kahana 13, 6) dresse une liste de toutes les similitudes qui rapprochent l’un de l’autre ces deux prophètes :
– L’un et l’autre ont prophétisé pendant quarante ans.
– L’un et l’autre ont prophétisé sur Juda et Israël.
– L’un et l’autre ont été harcelés par leur propre tribu.
– L’un a été jeté dans un fleuve (Chemoth 2, 3), et l’autre dans un puits (Jérémie 28, 6).
– L’un a été sauvé par une servante, et l’autre par un esclave, [Evèd mélekh ha-Kouchi] (Jérémie 38, 7 et suivants).
– L’un et l’autre ont prononcé des paroles de remontrance (tokha‘hoth).
C’est ainsi qu’il faut comprendre, conclut le Midrach, le verset : « Je leur élèverai un prophète comme toi, du milieu de leurs frères… » (Devarim 18, 18), verset apparemment inconciliable avec celui qui annonce qu’il « ne s’est plus levé de prophète en Israël comme Moïse » (Devarim 34, 10) : « Comme toi », en ce qui concerne les remontrances.