Il arrive fréquemment que le texte des haftaroth ne soit pas le même selon tous les rites, et notamment à la fois selon les rites sefarade et achkenaze.
Cependant, les variantes ne portent généralement que sur leur étendue, certains rites ayant pour habitude d’y insérer quelques versets en plus ou en moins par rapport à d’autres.
Il en va différemment dans le cas de la haftara de la parachath Qedochim. Tandis que, selon le rite sefarade, cette haftara est empruntée au prophète Ezéchiel (20, 2 à 20), celle qui est lue dans les synagogues achkenazes est constituée par les derniers versets du prophète Amos (9, 7 à 15).
Le lien qui rattache ces deux textes à la paracha correspondante est très différent selon ces deux traditions.
Le chapitre d’Ezéchiel contient à quatre reprises les mots : « Je suis Hachem, votre Dieu » (20, 5 ; 20, 7 ; 20, 19 et 20, 20), et ce comme en écho aux trois « Je suis Hachem, votre Dieu » contenus dans les trois premiers versets de la paracha. On remarquera d’ailleurs que cette quadruple répétition « encadre » le texte de la haftara, puisqu’elle en marque à la fois le début et la fin.
Le texte du prophète Amos, quant à lui, est le reflet des versets : « Vous garderez tous Mes statuts et toutes Mes ordonnances, et vous les ferez, de sorte que le pays où Je vous fais venir pour y habiter ne vous vomira pas. Et ne suivez pas les habitudes des peuples que Je chasse devant vous […] Je suis Hachem, votre Dieu, qui vous ai distingués parmi les peuples » (Wayiqra 20, 22 à 24). Il promet en effet que « pas un grain ne tombera à terre » (9, 9), que « les montagnes ruisselleront de moût, et que toutes les collines se fondront » (9, 13), et que plus jamais les enfants d’Israël ne seront arrachés de la terre qu’Il leur a donnée (9, 15).
C’est ainsi que cette promesse de retour des enfants d’Israël sur la terre qui les a « vomis », ainsi que celle d’une fertilité retrouvée, correspondent comme par symétrie à la menace d’un douloureux exil contenue dans la paracha.