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Haftarath Chela‘h lekha – Ra‘hav la zona

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Jacques Kohn ZAL
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La haftara de la parachath Chela‘h lekha se situe comme à l’opposé de la paracha à laquelle elle est associée : A la catastrophe nationale qu’a engendrée l’envoi par Moïse de douze explorateurs en Erets Yisraël correspond le succès de celui, par Josué, de deux émissaires chargés de scruter la ville de Jéricho et ses alentours.

Ce succès a été causé, pour l’essentiel, par le dévouement de Ra‘hav, une femme cananéenne qui a hébergé ces deux émissaires et leur a sauvé la vie.

Qui était Ra‘hav ?

Le texte la désigne comme étant une icha zona, ce que l’on peut traduire soit par « aubergiste », de mazone (« nourriture »), soit par « prostituée », de zenouth (« débauche »).

Les commentateurs se partagent entre ces deux significations. Rachi et le Metsoudath David optent pour la première, le Malbim et Radaq pour la seconde (ad Josué 2, 1).

Il est cependant curieux de constater que ce même Rachi, après nous avoir présenté Ra‘hav comme une aubergiste, rappelle quelques versets plus loin (ad 2, 11), que cette femme, âgée de dix ans lors de la sortie d’Egypte, s’était prostituée pendant quarante ans, et que « nul prince ou notable ne s’était privé de forniquer avec elle » (Zeva‘him 116b).

Envisager que Rachi ait pu alors oublier ce qu’il venait d’écrire quelques versets auparavant serait faire injure à sa mémoire.

Peut-être a-t-il voulu ici, en réalité, se conformer à l’interdiction de rappeler à un converti sa conduite d’antan (Baba Metsi‘a 58b et suivants). Lorsqu’elle a accueilli les explorateurs envoyés par Josué, Ra‘hav était déjà sur le point de se convertir au judaïsme, et il aurait été inconvenant de faire alors allusion à ses débauches passées. Aussi Rachi en a-t-il fait alors une aubergiste, quitte à rappeler plus loin, mais seulement plus loin, son passé de débauche.

Mais alors, se demandera-t-on, pourquoi Josué, auteur du livre qui porte son nom, et de surcroît mari de Ra‘hav (Qohéleth rabba 8, 13), a-t-il laissé subsister dans son texte une telle équivoque ?

Peut-être précisément pour donner à Rachi l’occasion de faire preuve de cette discrétion !
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