La haftara commence par les mots : « Sion a dit : “Il m’a abandonnée, Hachem ; et Hachem m’a oubliée.” »
Malbim fait remarquer que les deux membres de la phrase comportent une inversion : D’abord le verbe, et ensuite le sujet (« Il m’a abandonnée, Hachem »), puis d’abord le sujet et ensuite le verbe : « Et Hachem m’a oubliée ».
En règle générale, explique ce commentateur, le verbe hébraïque précède le sujet. Et lorsque le sujet, à l’inverse, précède le verbe, c’est pour mettre davantage l’accent sur le sujet que sur le verbe. C’est pourquoi lorsqu’il est écrit : « Il m’a abandonnée, Hachem », l’inflexion est mise sur le fait de l’abandon. Tandis que lorsqu’il est écrit : « Hachem m’a oubliée », c’est sur Hachem qu’est mis l’accent : C’est Lui l’oublieux, alors qu’Il est pourtant réputé ne jamais rien oublier !
Autre explication du même commentateur : Si Hachem m’a abandonnée, reconnaît Sion, c’est à cause de mes fautes. Mais Il m’a en plus oubliée, et Son oubli comporte quelque chose de définitif puisqu’Il m’a écartée de sa mémoire. Un abandon, au contraire, peut être temporaire : Non seulement Il m’a abandonnée, et peut-être ne l’avait-Il fait que pour un temps limité, mais Il m’a en plus effacée de Sa mémoire, et cet oubli durera toujours.
Aussi le verset suivant s’empresse-t-il d’écarter ce soupçon : « Est-ce qu'une femme peut oublier son nourrisson, ne plus aimer le fruit de ses entrailles ? Fût-elle capable d'oublier, Moi Je ne t'oublierai point ! »