La haftara de la parachath Waye‘hi nous fait entendre les dernières volontés du roi David, transmises à son fils, le futur roi Salomon (I Rois 2, 1 à 2, 12).
Parmi les recommandations dont il lui fait part figure celle qui concerne Chim‘i, fils de Guèra, le Benjaminite, de Ba‘hourim (versets 8 et 9). Il l’avait « maudit d’une malédiction violente, au jour où il s’en allait à Ma‘hanayim ».
« Et il descendit, poursuivit David, à ma rencontre au Jourdain, et je lui jurai par Hachem, disant : “Je te ferai mourir par l’épée !”
Et maintenant, ne le tiens pas pour innocent, car tu es un homme sage, et tu sais ce que tu as à lui faire ; et tu feras descendre, dans le sang, ses cheveux blancs au chéol. »
Chim‘i était un Sage en Tora, et quand il a maudit David, celui-ci était persuadé qu’il le faisait sur l’ordre de Hachem (II Samuel 16, 10 et 11), raison pour laquelle il ne le fit pas mettre aussitôt à mort. Ce n’est que plus tard, quand il s’est rendu compte qu’il l’avait offensé de son propre mouvement, qu’il a demandé à son fils de lui infliger une punition.
Mais pourquoi, s’agissant d’un crime de lèse-majesté, David n’a-t-il pas fait mettre à mort celui qui l’avait offensé ?
En fait, David avait été touché par le repentir de Chim‘i, et il avait renoncé à le faire exécuter comme il en avait le devoir.
La grâce dont il avait fait bénéficier celui qui l’avait outragé lui interdisait, certes, de « faire machine arrière » et de venger son honneur. Elle lui avait également ôté le droit de charger son fils de faire ce à quoi il avait lui-même renoncé.
C’est pourquoi David n’a pas demandé à Salomon de mettre à mort Chim‘i. Il lui a demandé d’agir avec sagesse, et de « savoir quoi lui faire ».
Cette sagesse, Salomon l’exerça de la façon suivante (I Rois 2, 36 et suivants) : Il assigna Chim‘i à résidence à Jérusalem, en l’avertissant que, s’il s’avisait de quitter cette ville, il serait mis à mort.
Trois ans plus tard, deux de ses serviteurs s’étant enfuis de Jérusalem, Chim‘i se mit à leur recherche et les découvrit à Gath, une des villes de la pentapole philistine.
Apprenant ce manquement à la parole donnée, Salomon le fit mettre à mort et, précise le texte, son royaume s’en trouva affermi. En d’autres termes, indiquent les commentateurs, son exécution fut approuvée par Hachem.