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Parachath Wayichla‘h – « J’ai tout »

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Jacques Kohn ZAL
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Au moment de sa rencontre avec Esaü, Jacob lui déclare :

« Prends s’il te plaît ma bénédiction qu’on t’a apportée, puisque Dieu m’a favorisé, et que j’ai tout (כל) ! Il le pressa, et il prit » (Berèchith 33, 11).

Cette expression : « et que j’ai tout » signifie, selon Rachi, que Jacob s’est déclaré satisfait de ce qu’il possédait, contrairement à Esaü qui venait de proclamer orgueilleusement : « J’ai beaucoup », c’est-à-dire beaucoup plus que ce dont j’ai besoin.

Au-delà de cette explication, qui se situe au niveau du sens simple du texte, il convient de rapprocher les mots “et que j’ai tout” tels qu’ils se sont appliqués à notre patriarche Jacob de ceux, comparables, que la Tora emploie à propos d’Abraham et d’Isaac :

« Et Abraham était vieux, avancé en jours, et Hachem l’avait béni בכל (“en tout”) » (Berèchith 24, 1).

« Isaac s’effraya d’une très grande frayeur, et il dit : “Qui est donc celui qui a chassé du gibier, et me l’a apporté ? J’ai mangé מכל (« de tout ») avant que tu viennes, et je l’ai béni. Aussi sera-t-il béni » (Berèchith 27, 33).

Ce triplement deמכל כל בכל bakol mikol kol, que les rédacteurs du Birkath ha-mazone ont mis en évidence pour souligner l’état de satiété que nous procure la nourriture que nous recevons de Hachem, est également significatif de certains privilèges accordés à nos trois patriarches, ainsi qu’il est rapporté dans Baba bathra 16b :

« Le Saint béni soit-Il a fait goûter en ce monde-ci les délices du monde à venir à trois hommes, Abraham, Isaac et Jacob, car il est écrit respectivement à leur sujet מכל כל בכל.

De même leur a-t-Il épargné les tentations du penchant au mal, parce qu’il est écrit respectivement à leur sujet
בכל מכל כל , et a-t-Il empêché pou la même raison l’Ange de la mort de leur porter atteinte. C’est aussi pour ce motif que leurs corps sont restés intacts et ne se sont pas putréfiés après leur mort. »

Ainsi donc, cette triple expression traduirait les mêmes idées de complétude, symbolisées chez nos patriarches par leur entrée de leur vivant dans le ‘olam haba, par leur immunité par rapport au yétsèr hara’, par leur préservation des atteintes de l’Ange de la mort, et par la préservation physique de leurs corps de toute putréfaction.

Ces trois privilèges sont communs aux trois Patriarches. Il en est un quatrième, cependant, qui est propre à Jacob, rapporté dans le Da‘ath Zeqènim (Berèchith 33, 11) :

« Lorsque Jacob a dit : “et que j’ai tout”, il a voulu dire par là : “J’ai tout ce qu’il faut pour me confronter à toi, Esaü, car Joseph est déjà né, qui sera la flamme destructrice de ton chaume” »

En d’autres termes, pour le Da‘ath Zeqènim, ce qui garantit la sérénité de Jacob face à son frère Esaü et à ses menaces, c’est son fils Joseph, futur instrument, comme le promet le prophète Ovadia (1, 18), de la destruction d’Edom :

« La maison de Jacob sera un feu, et la maison de Joseph, une flamme ; et la maison d’Esaü sera du chaume ; et elles y mettront le feu et la dévoreront ; et il n’y aura pas de reste de la maison d’Esaü, car Hachem a parlé. »
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