« Devora, nourrice de Rébecca, mourut, et elle fut enterrée au-dessous de Beith-El, au-dessous du chêne. On lui donna pour nom le “chêne du pleur” » (Berèchith 35, 8).
Ce verset intervient de façon inopinée dans le récit de la Tora, sans que l’on sache d’emblée les raisons de son interposition.
Selon Rachi, Devora était effectivement l’ancienne nourrice de Rébecca, déjà mentionnée dans Berèchith 24, 59.
Ramban (Nahmanide) rejette cependant cette explication, et considère que c’est la mort de Rébecca elle-même que nous rapporte ce verset. Le texte nous apprend en effet un peu plus loin que « Jacob est revenu chez Isaac, son père, à Mamrè… » (35, 27). Pourquoi « chez son père », et non « chez sa mère », alors que c’est celle-ci qui l’avait envoyé chez Laban et qui avait été, bien plus que son mari, à l’origine des bienfaits qu’il a obtenus par la suite ? Ce verset nous apprend par conséquent que c’est le décès de sa mère que Jacob a retrouvé son père.
Voilà pourquoi Rachi nous indique, citant Beréchith raba 81, 5, que la bénédiction que Hachem a donnée à Jacob et dont il est question dans Berèchith 35, 9, a été celle que l’on donne aux personnes en deuil.
De plus, selon Rabbeinou Be‘hayé, l’expression alone bakhouth, de par sa formulation au pluriel (bakhouth et non bekhiya), évoque deux pleurs : celui de Jacob pour la mort de sa mère, et celui qu’il a versé pour n’avoir pas pu l’honorer en retournant chez elle avant son décès.
Ce commentateur s’appuie sur l’encadrement de la mort de la « nourrice de Rébecca » par deux mentions, celle d’une révélation de Hachem à Jacob (35, 7), et celle de Sa nouvelle apparition à ce patriarche et de Sa bénédiction (35, 9). L’expression « chêne du pleur » (alone bakhouth) ne peut s’expliquer, en effet, que par une idée de deuil porté sur quelqu’un, et ce deuil n’a pu être que celui de Jacob pour sa mère.