Les exégèses de nos Maîtres sur la signification à donner aux sacrifices se sont toujours inscrites entre deux systèmes de pensée : Celui de rabbi Yehouda ha-lévi pour qui les offrandes forment comme un pont entre le ciel et la terre, entre l’homme et son Créateur, et comme une source d’inspiration prophétique, et celui de Rambam (Maïmonide), qui considère les sacrifices comme un moyen de nous préserver du paganisme.
Le plus grand exégète systématique des temps modernes, Rabbi Samson Raphaël Hirsch, porte une attention considérable à la signification des sacrifices. Ceux-ci ne font nullement « fonctionner » l’univers, ni ne possèdent d’impact mystique ou magique. Ils ne sont pas non plus un moyen pédagogique destiné, comme le ferait une concession, à nous éloigner de l’idolâtrie. Le sacrifice, selon Rabbi Samson Raphaël Hirsch, est un outil éducatif extrêmement important pour former la moralité et le caractère juifs. L’offrande d’un sacrifice symbolise l’abolition de l’inclination diabolique qui demeure en nous. Il en est ainsi de chaque type de sacrifice : l’holocauste, le propitiatoire, l’expiatoire, qui s’inscrivent tous dans système général de symboles, axe autour duquel est structurée l’adoration de Hachem par le Juif. On peut donc dire de cette approche qu’elle n’est ni mystique ni historique, mais psychologique et éducative.
Dans une autre démarche, plus proche de celle de rabbi Yehouda ha-lévi, rav Kook considère l’offrande de sacrifices comme révélant des vérités spirituelles, que les profondeurs des êtres humains ne peuvent pas sonder. Il considère que le culte sacrificiel sera renouvelé et révélé seulement dans les temps à venir dans sa signification véritable. Alors le pouvoir spirituel du peuple juif émergera et prendra sa forme la plus entière et la plus solide.
Citons encore, parmi les auteurs modernes, le professeur Yechaya Leibowitz. Bien que celui-ci soit opposé, par principe, à toute recherche des raisons des mitswoth, il tient tout sacrifice, de même que tous les autres commandements destinés à créer une relation de l’homme à Hachem, comme des services divins conçus pour leur propre fin, par opposition à l’adoration, laquelle n’est pas destinée à sa propre fin, mais à l’obtention de la satisfaction de nos besoins propres.