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Haftarath parachath Yithro – Le procès d’Isaïe

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Jacques Kohn ZAL
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Les circonstances de la mort d’Isaïe ont été particulièrement tragiques :

Lors de l’accession au trône du roi Manassé, celui-ci instruisit contre le prophète un procès en hérésie :

Il lui lança : « Ton maître Moïse a dit (Chemoth 33, 20) : Car nul homme ne peut “Me voir” et vivre. » Et toi tu as osé dire (Isaïe 6, 1) : « L’année de la mort du roi Ozias, “je vis” Hachem siégeant sur un trône élevé et majestueux. » Ton maître Moïse a dit (Devarim 4, 7) : « Car quelle est la grande nation qui ait des dieux proches d’elle, comme Hachem, notre Dieu, l’est “toutes les fois que appelons vers Lui ? » Et toi tu as laissé écrire (Isaïe 55, 6) : « Cherchez Hachem pendant qu’Il est accessible, appelez-Le pendant qu’il est proche ! », [ce qui implique qu’il y a des moments où Il n’est ni accessible ni proche (Rachi ad loc.)]. Ton maître Moïse a dit (Chemoth 23, 26) : « Je comblerai la mesure de tes jours », [c’est-à-dire sans jamais rien y ajouter (ibid.)], mais toi (II Rois 20, 6 et Isaïe 38, 5) : « Je prolongerai ta vie de quinze ans. »

Isaïe renonça à se défendre contre cette accusation, « stalinienne » avant la lettre, soit qu’il sût d’avance que ses arguments ne seraient d’aucun poids face à la haine que lui vouait son petit-fils, soit qu’il ait choisi délibérément de faire de son bourreau un instrument inconscient de son crime, et non un acteur opérant de manière préméditée (Voir Yevamoth 49b). Il s’est ainsi comporté comme le véritable “Serviteur souffrant” dont parle le chapitre 53, et notamment son verset 7 : “Maltraité, injurié, il n’ouvrait pas la bouche.”

Son silence fut considéré comme un aveu, et on le condamna à mort.

Au moment où il allait être exécuté, un miracle se produisit et il fut happé dans un cèdre. Devenu aussi dur qu’un pilier de marbre, il n’offrait plus aucune prise à la scie qui aurait dû le découper.

Cependant, lorsque celle-ci entra en contact avec la bouche d’Isaïe, elle trouva son point faible : sa langue. C’est elle qui, lorsqu’il avait été appelé par Hachem à la prophétie, avait proféré : « Malheur à moi, je suis perdu ! Car je suis un homme aux lèvres impures, je demeure au milieu d’un peuple aux lèvres impures… » (6, 5). Il avait le droit, lui reprocha Hachem, d’invoquer l’impureté de ses propres lèvres, mais pas celui de médire du peuple d’Israël en évoquant son impureté collective : « Ne dénigre pas le serviteur devant son maître ! » (Proverbes 30, 10). C’est ainsi que la scie trancha ses lèvres et qu’il mourut. C’est à cet « assassinat judiciaire » commis par Manassé que l’on a appliqué le verset (II Rois 21, 16) : « Manassé versa tellement de sang innocent qu’il en emplit Jérusalem “de bouche à bouche” » (Yerouchalmi Sanhédrin 10, 2).
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