Haftarath parachath Metsora’ – Les quatre « lépreux »

Les quatre lépreux qui se trouvaient à la porte de la Samarie, assiégée et affamée par les Syriens, avaient à faire face à une alternative qui ne leur laissait que peu d’espoir : « Si nous disons : Entrons dans la ville, la famine y règne, et nous y mourrons ; et si nous restons ici, nous mourrons aussi. Passons dans le camp des Syriens : S’ils nous laissent vivre, nous vivrons ; et s’ils nous font mourir, nous mourrons » (II Rois 7, 4).

En d’autres termes, se sont dit les quatre lépreux, nous mourrons de toute façon tôt ou tard. Autant par conséquent tenter notre chance !

Cette situation extrême illustre un débat talmudique dans ‘Avoda zara 27b où l’on examine la question de savoir s’il est permis, à une époque où cela peut présenter des dangers, de consulter un médecin idolâtre :

« Rava a enseigné au nom de rabbi Yo‘hanan (selon d’autres c’est Rav ‘Hisda qui l’a enseigné au nom de rabbi Yo‘hanan) : Dans le cas où il existe une incertitude quant à la survie ou la mort du patient, il n’est pas permis de consulter un médecin païen (Rachi : Car il pourrait tuer intentionnellement son patient et attribuer ensuite la mort de celui-ci à sa maladie). Mais si le patient souffre d’une maladie dont il ne se relèvera certainement pas, il pourra faire appel à un médecin païen.

Mais ne devons-nous pas tenir compte du risque que le païen le tue immédiatement alors qu’il aurait pu survivre encore pendant un jour ou deux ?

On ne doit pas, dans un tel cas, tenir compte de ce risque. Il est écrit en effet : “Si nous disons : Entrons dans la ville…” »

Certains décisionnaires tirent argument de cet enseignement talmudique pour permettre à un médecin juif de mettre en danger la vie d’un patient en danger de mort en pratiquant sur lui une intervention qui pourrait le sauver mais aussi mettre fin à ses jours.