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Le Olam Hatorah français

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Jbens
Messages: 16777186
Cher Rav Wattenberg,
Tout d’abord, j’ai peut être déjà posé cette question sur le site, mais je ne suis pas sûr qu’elle soit passée, je me permets donc de vous la renvoyer.

Pensez-vous qu’il faut développer le Olam Hatorah français, comme ce qu’on peut voir aux USA, ou dans une moindre mesure en Angleterre ? J’entends par développer le Olam Hatorah français créer des Yeshivots en France (ktanot voire même guedolot), des Séminaires, des Batei midrashots, des Kolelims, des Talmoudei torah…. Voire même faire comme ce qu’on peut voir aux USA, avec des quartiers où sont concentrés des juifs, avec des très grands magasins cachers…
C’est à dire qu’un jeune français fraîchement marié, qui est passé par la yeshiva et qui compte étudier au Kolel gagnerait-il à grandir en Limoud en Eretz, et délaisse ce que j’écrivais plus haut, ou bien revenir en France et développer le Olam Hatorah français ?

Merci d’avance et Kol Touv.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
Pensez-vous qu’il faut développer le Olam Hatorah français, comme ce qu’on peut voir aux USA, ou dans une moindre mesure en Angleterre ? J’entends par développer le Olam Hatorah français créer des Yeshivots en France (ktanot voire même guedolot), des Séminaires, des Batei midrashots, des Kolelims, des Talmoudei torah…. Voire même faire comme ce qu’on peut voir aux USA, avec des quartiers où sont concentrés des juifs, avec des très grands magasins cachers…
C’est à dire qu’un jeune français fraîchement marié, qui est passé par la yeshiva et qui compte étudier au Kolel gagnerait-il à grandir en Limoud en Eretz, et délaisse ce que j’écrivais plus haut, ou bien revenir en France et développer le Olam Hatorah français ?


La France (= la communauté juive française) gagnerait à ce que le jeune avrekh y revienne, mais le jeune avrekh pourrait y perdre.

L’intérêt de l’avrekh ne coïncide pas forcément avec celui de la communauté française.

L’avrekh doit se focaliser sur le meilleur moyen de devenir un Talmid ‘Hakham, il n’est pas « responsable » de « la France ». Il ne pourra que mieux l'aider en devenant Talmid 'Hakham (au lieu de se sacrifier en rentrant trop tôt).

Si, après plusieurs années de Limoud au Kollel il décide de revenir habiter en France, cette dernière à tout à y gagner et cela peut aussi être bénéfique pour l’avrekh et ses enfants.
Un avrekh seul ne pourra pas forcément faire changer les choses, il en faut plusieurs.

Oui, il faudrait créer des yeshivot Gdolot en France et y développer le Olam Hatorah. Les français ont tendance à s’installer en Israël et c’est ce qui fait la différence avec les autres pays où le Olam Hatorah est beaucoup plus développé et avancé qu’en France où la grande majorité des juifs pratiquants n’a pas fait d’études en Yeshiva et n’a qu’une idée souvent très approximative du réel judaïsme.

Ceux qui se sont donné les moyens de « rencontrer » réellement notre héritage commun (en faisant un passage Yeshiva) restent généralement à l’étranger et ne reviennent pas en France.
Et ceux qui reviennent ne sont pas assez nombreux pour créer des Kehilot du type de celles que l’on voit aux Etats-Unis ou en Angleterre.
Les français sont beaucoup plus sionistes que les autres juifs de la Gola. (Paradoxalement, c’était un peu l’inverse à la fin du XIXème siècle lorsque Herzl essayait de lever des fonds, les français étaient peut-être les moins enthousiastes à l’idée d’un état juif…)

Le Steipler avait déjà essayé en son temps de dynamiser les communautés françaises et avait encouragé des Avrekhim français à retourner s’installer en France, c’était à l’origine du kollel de Strasbourg, puis Rav Philippe Kohn est parti pour Marseille…

Depuis le Steipler, on ne peut pas dire que les Rabanim d’erets aient encouragé les français à retourner s’installer en France pour y développer les Mekomot Torah, son fils Reb ‘Haïm a même précisément fait l’inverse.

Il y a plein de rabanim français qui créent des yeshivot en Erets et se battent pour qu’elles existent parmi la multitude de yeshivot en Israël. Dommage qu’ils ne s’y emploient pas en France où nous n’avons que très très peu de Yeshivot.
La difficulté majeure est liée à l’absence d’écoles convenables; comment un avrekh/rav installé en Israël depuis 10 ans ou plus voudrait s’installer en France qui n’est capable d’offrir à son fils qu’un niveau faible en kodesh par rapport à Israël ?

Mais les choses évoluent, le coût de la vie très élevé en Israël y est pour quelque chose. De nombreux avrekhim choisissent de s’installer à Strasbourg après une période en Erets, c’est la ville qui s’y prête le mieux.

En région parisienne, il faut saluer les progrès des dernières décennies, Il y a des Yeshivot Ktanot (Rav Kravetz, Pavée, Raincy…) et Gdolot (Pavée, Epinay, Brunoy…), mais on ne peut pas du tout rivaliser avec les israéliens (ou américains), ni pour le nombre, ni pour le niveau.

Certains s’imaginent que c’est une fatalité, ou encore que ce doit être ainsi, qu’il est normal qu’Israël ait des yeshivot de meilleur niveau. C’est faux. Rien n’empêche de faire mieux qu’en Israël, ce n’est que depuis quelques décennies seulement (depuis la seconde guerre mondiale) que les meilleures Yeshivot sont en Israël, avant la guerre elles étaient en Europe.

Les meilleurs Yeshivot sont là où il y a les « meilleurs rabanim », les plus érudits et meilleurs enseignants, c’est ça qui participe à attirer les élèves.

Avant la guerre, des jeunes de différents pays d’Europe et même des Etats-Unis allaient parfois étudier en Pologne et en Lituanie, attirés par les grandes Yeshivot.
Mais comme il y a -de nos jours- beaucoup plus d’érudits en Israël qu’en France, ils ont un avantage certain sur nous pour trouver des enseignants et Rashei Yeshivot de qualité.

Pour en revenir à l’avrekh qui veut rehausser le niveau en France, le mieux à faire c’est de se remplir de Torah de rester étudier au kollel 20 ans avec assiduité, puis de venir en France créer une Yeshiva/y enseigner.
La difficulté la plus fréquente c’est pour les enfants, qui ont grandi en Israël, problème aggravé pour les garçons. Mais certains ont réussi.

On avait "reproché" au 'Hazon Ish le fait qu'il ait étudié "dans son coin" jusqu'à l'âge de 50 ans avant de se "dévoiler" et s'ouvrir au Tsibour, en soulignant qu'il aurait pu aider et diriger des centaines de juifs durant ces années.
Il a répondu que c'est malgré tout ainsi qu'il convient d'agir, car si on se précipite à s'offrir au Tsibour, à enseigner, créer des Mosdot, etc. alors qu'on n'a que 30 ans, on se condamne à ne pas pouvoir approfondir convenablement la Torah avant de la transmettre.
Parfois on y est contraint par le manque de parnassa ou autre raison, mais si on en a la possibilité, il vaut mieux continuer à "se remplir" de Torah.
anony
Messages: 43
Rav Binyamin Wattenberg a écrit:
L’avrekh doit se focaliser sur le meilleur moyen de devenir un Talmid ‘Hakham, il n’est pas « responsable » de « la France ». Il ne pourra que mieux l'aider en devenant Talmid 'Hakham (au lieu de se sacrifier en rentrant trop tôt).

Pourquoi un Avrekh en France ne se remplirait pas de Torah autant que s'il habitait en Israël ?
À cause de la Avira en Israël qui aide à plus s'investir ? Ou à cause du niveau des Kolel, ils n'étudient pas de la même façon, pas les mêmes sujets ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
Pourquoi un Avrekh en France ne se remplirait pas de Torah autant que s'il habitait en Israël ?
À cause de la Avira en Israël qui aide à plus s'investir ? Ou à cause du niveau des Kolel, ils n'étudient pas de la même façon, pas les mêmes sujets ?


L'un ou l'autre, ou les deux, ou encore d'autres raisons.
Comme la Shkiout qui est parfois plus accessible en Israël, ou les distances qui sont une difficulté en France (Paris), etc.
Mais si un Avrekh étudie mieux en France, bien entendu il vaut mieux étudier en France.

En principe, l'éloignement de la famille permet une immersion totale dans le limoud, mais il est vrai que de nos jours, beaucoup de français ont de la famille en erets, et ils ont tendance aussi à voyager fréquemment. Fut un temps où les avrekhim fortunés pouvaient rentrer en France voir leurs parents 1 fois par an, pour Pessa'h. Les très rares riches rentraient 2 fois par an. D'autres rentraient 1 fois tous les 2 ou 3 ans.
De nos jours, ça voyage beaucoup plus et s'il y a des avrekhim qui ne rentrent qu'une fois par an, c'est parce que leurs parents viennent de toute façon en Israël une ou deux fois par an aussi!

Il n'y a pas de règle immuable. Si l'on étudie mieux en Erets, c'est parfait, si on étudie mieux en France, il faut étudier en France (cf. Rambam hil. Melakhim V,9).
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