@Pomme
Tout d'abord, je vous suggère de racheter une nouvelle guemara Rosh Hashanah, car la vôtre est de toute évidence censurée... A moins que vous n'ayez pas eu le courage de lire attentivement ? Voyez Rif Rosh Hashanah Baal Hamaor d.h "matsati" à la fin, Raavad "Katuv Sham" hasaga 4 sur ce passage. Disponible sur
http://hebrewbooks.org/40946 .
Vous pouvez débattre sur le sens exact de cette machloket (moi-même je m'appuie, effectivement, sur l'interprétation d'un de mes maîtres, et je ne l'aurais pas trouvée tout seul), mais de là à dire qu'elle n'est pas liée... Ce genre de bourde vous aurait valu vous-même le titre de "cuistre" par certaines personnes, mais puisque nous débattons de manière "calme" sur les idées et non les personnes, je m'en abstiendrai. Je vous suggère d'en faire autant.
Par contre, je n'éprouve pas de honte à vous accuser de malhonnêteté intellectuelle, assumée en plus, lorsque vous avouez "avoir eu la faiblesse de ne pas aller vérifier la suite de vos références tant celles-ci me paraissent être du "copié-collé"". En passant sur l'insulte que vous me faites, et que je choisis d'ignorer (j'ai moi-même vérifié toutes ces sources), sachez que si vous ne les aviez ne serait-ce qu'effleurées, vous auriez vu où je voulais en venir.
En ce qui concerne l'utilisation de l'expression "dibera torah bilshon bnei adam" dans ce contexte, j'admets qu'il est possible qu'elle ne soit présente que dans les Acharonim. J'ai vu une référence à Ibn Kaspi dans l'article que j'ai déjà cité,
http://seforim.blogspot.com/2011/02/new-writings-from-r-kook-and-assorted.html#_ftnref3 , mais je n'ai pas le livre sous la main (vous voyez que je ne cite pas ce que je n'ai pas vu !).
Après les réponses à vos amabilités, je vais reprendre la discussion sur le fond.
Si j'ai bien compris ce que vous dites, vous expliquez que la Bible n'est pas un livre d'histoire mais d'enseignements moraux, et que donc il peut y avoir des inexactitudes sur le plan historique. Je suis d'accord, mais cela va dans mon sens : si des preuves extérieures réelles, et non des suppositions (oui, oui, les historiens ont des outils plus précis et des preuves plus solides que leur simple imagination) contredisent des données historiques dans la Bible, il suffit de répondre que, effectivement, la date donnée par la Bible n'est pas FACTUELLEMENT exacte, mais la date a été modifiée pour telle et telle raison morale/éthique. Ce qui fait que la Bible n'est pas une source sûre concernant les faits historiques, contrairement à la datation au carbone 14...
Vous avez raison, il est clair que l'archéologie est une science moins "exacte" que la physique, parce qu'elle repose en partie sur le raisonnement personnel du chercheur. Mais il arrive parfois qu'elle repose sur des découvertes d'objets clairement datés, faisant référence explicitement à certains évènements, ce qui permet une datation précise et non soumise à débats.
Je ne sais pas si c'est le cas en ce qui concerne la sortie d'Egypte, je ne me suis pas renseigné. Mais je parle de manière générale. Je suis d'accord que tout est à prendre au cas par cas, et qu'il faut vérifier les arguments archéologiques, et faire un examen approfondi, et essayer de réconcilier les deux versions de l'histoire. Mais je n'ai pas d'opposition idéologique à, finalement, remettre en cause l'exactitude de certains faits dans la Bible. (Mais, honnêtement, j'imagine que cela doit être rare.)
Parlons de la science, à présent. Tout ce que vous avez dit sur la prophétie est vrai, mais, au vu des sources dans le Ralbag, le Moreh Nevuchim et le Radak que j'ai citées plus haut (je les réécris, dans mon immense bonté : Ralbag Bereishit 15, 4-5, et Iyov fin du chapitre 39 ; Moreh Nevuchim III, 7 avec Shem Tov à la fin, et III, 14 ; Radaq Bereishit 30, 14), je crois qu'il faut limiter cette définition de la prophétie au message métaphysique, moral, éthique que veut transmettre la prophétie.
Je précise ma pensée : il existe, dans chaque prophétie, fond et forme. Le fond est le message profond. La forme est la parabole, métaphore, etc., que le prophète emploie pour véhiculer ce message. Le fond est éternel, véritable, pas de question là dessus, vous avez vous-même déjà cité le Rambam sur ce point.
Cependant, la forme, l'habillement de la prophétie, est une parabole qui a été choisie en fonction de l'auditoire pour part, et aussi en fonction de la connaissance du prophète. Hashem ne cherche pas à remettre en cause ces connaissances subjectives qu'a le prophète, et que celui croit être vraies (à tort ou à raison). Ces "croyances" sont donc intégrées dans la prophétie. Peu Lui importe, si vous voulez. Seul le fond est essentiel, la forme est accessoire.
Il n'y a donc pas lieu de voire des contradictions entre la science et la Torah. La Torah ne voit pas dans les connaissances scientifiques un dogme, et laisse le champ libre à ce sujet. Peut-être y en a-t-il, peut-être pas, qu'est-ce que cela change ?
Ce que vous avez dit se tient, mais, à mon avis, ce n'est pas l'avis des Rishonim que j'ai cités. Votre thèse souffre d'une faille majeure : que se passerait-il s'il était prouvé, strictement, sans aucun doute possible, qu'une donnée dite scientifique dans la Torah, SE TROMPE ? (J'ai en tête l'exemple du "rakia" dans la Création.) Vous dites que cela n'est pas censé arriver. Je conteste cela, en premier lieu, sur le fond : il n'y a pas de ligne séparant eaux inférieures et supérieures dans le ciel.
Je conteste cela aussi sur le plan logique : vous ne pouvez pas PROUVER que cela n'arrivera jamais. Vous pouvez retomber sur vos pieds à l'aide de votre thèse générale sur l'exactitude de la prophétie, mais vous n'avez rien réglé : c'est précisément cette thèse qui est en discussion. Cela devient juste une idéologie, hors du domaine de la logique.
Vos propos m'ont fait réfléchir, j'espère qu'il en sera autant des miens auprès de vous. J'attends votre réponse avec impatience.
PS : Votre débat sur oui Rambam, non Rambam, et si oui le Rav Yosef a fait un erreur (ce qui me semble franchement peu probable) me semble secondaire.