A
M4610 2 :
Citation:
Pouvez expliquer la différence de nuances entre le zilzoul et shogueg?
Je pense précisément aux conversions privées en Israel dites orthodoxes réalisées par l'auteur du sefer Zera Israel, Rav Haim.Amsellem qui affirme que l'on peut être plus indulgent avec une personne Zera Israel.
Bien entendu si le candidat n'a pas été sincère et envisage un mode de vie traditionnaliste cela pose problème à mon sens.
Qu'en est il si.un.autre candidat Zera Israel qui passe par ce même beit din et affirme dans les échanges qu'il.a eu avec les responsables de ces conversions qu'il accepte sincèrement le joug des mitsvot, d'être shomer chavbat et que c'est véritablement le cas!
Est il considéré comme juif ? Dans ce cas précis s'agit il.de zilzoul ou shogueg?
En principe, tant que le candidat est SINCERE, la guérout est valable. Le seul cas qui peut poser problème, c'est si le Dayan (un ou plus des dayanim) est passoul ou inapte.
Dans le cas où un Dayan ne se soucie pas de vérifier la Kabalat Mitsvot, on pourrait dire qu'il n'est pas apte à assumer ce rôle: on ne dira plus Shli'houtayhou Kaavid, il n'est plus digne d'être le délégué dans anciens Dayanim qui étaient Moum'him.
Car certains Rishonim pensent que les dayanim doivent être dépositaires de la (fameuse) Smikha, or plus personne sur terre de nos jours n’en est dépositaire.
Cependant, nous pouvons encore convertir car nous considérons que les derniers Smoukhim ont délégué leur pouvoir -pour pouvoir convertir- aux dayanim (dignes) de chaque génération.
Voyez
Rashba et Ramban sur Guitin (88b) et
Tosfot Kidoushin (62b sv. Guer, 1ere réponse).
Le dayan qui ne convertit pas sérieusement n’est pas digne d’être leur délégué.
Il en résulterait que MÊME si le candidat est sincère, il ne serait pas converti puisque ça n'aurait pas eu lieu en présence de dayanim "délégués" par des Moum'him (puisque ceux qui ne respectent pas la procédure au point de ne pas se soucier de l'engagement du candidat vis-à-vis des Mitsvot, ne sont pas dépositaires de la "Shli'hout" des anciens dayanim Moum'him.)
Voyez
Shout Tshouvot Vehanhagot (I, §611).
Et même selon la seconde réponse du
Tosfot (op cit) -et voir aussi
Rashba Yevamot (46b)- pour qui le statut de Moum'hé n'est pas requis (et il n'est donc pas nécessaire d'avoir recours à la Shli'hout/délégation), il semblerait qu'un dayan qui ne se soucie pas de la Kabalt Mitsvot lorsqu'il convertit un candidat à la Guérout, serait un Dayan Passoul de toute manière (et pour les autres domaines que la conversion aussi, au titre de Rasha), et la conversion serait donc invalide même si le candidat est effectivement sincère et l'a effectivement signifié au Beit Din lors de la procédure. (cf.
Tshouvot Vehanhagot op cit)
Après, dans un cas précis où le candidat est sincère mais passe par un BD où les dayanim estiment qu'un Zera Israel (non-juif de père juif) n'a pas besoin de Kabalat Mitsvot, son statut dépendra de la position qu'on aura face à cette Halakha ; Si l'on pense qu'un Zera Israel doit lui aussi impérativement accepter le joug des Mitsvot, il en résulterait que l'attitude de CE Beit Din serait contraire à la halakha, donc les Dayanim seraient Psoulim, donc le converti sincère ne serait pas converti.
Mais si l'on pense qu'un Zera Israel n'a effectivement pas besoin de Kabalat Mitsvot, bien entendu la conversion serait bonne.
Selon l'avis majoritaire des poskim orthodoxes contemporains, un Zera Israel est tenu de s'engager à faire les Mistvot lui aussi.
L'incidence que peut avoir le fait d'être Zera Israel serait seulement Bediavad, si par erreur, ils l'ont converti alors qu'il n'était pas mekabel les Mistvot. Mais ceci, à condition que les dayanim ne soient pas « volontaires » dans cette démarche, que ça se soit fait par erreur, beshogueg.
Mais si les Dayanim le font volontairement, on en revient au problème indiqué plus haut, ils deviendraient Psoulim ou a minima « non-délégués » par les Moum’him.
Dans les deux cas, la conversion est invalide.
Pour être plus précis, j’apporte une subtilité supplémentaire : concernant ce désaccord qu’ont les Poskim avec le
Rav Amsalem, je ne pense pas qu’on puisse dire qu’il devienne « Rasha » (bien qu’ils l’aient qualifié de pire, c’est un autre débat) car il se tromperait en raison de sa mauvaise compréhension des Rishonim, mais il n’aurait pas l’intention d’aller à l’encontre de la halakha ! il pense que c’est la halakha.
Donc même si on estime qu’il se trompe, il n’aurait pas le statut de « Rasha qui va à l’encontre de la halakha », puisqu’il n’a pas l’intention de se tromper
(ceux qui le traitent de Rasha le font car ils estiment qu’il devrait se plier à l’avis des plus grands que lui qui lui disent qu’il se trompe, mais pas parce qu’ils estimeraient que son intention serait de faire des conversions factices).
Néanmoins il ne serait malgré tout pas bénéficiaire de la Shli’hout, puisqu’il ne remplirait pas les conditions.
Résultat : il resterait « kasher » mais ne pourrait pas être le Shalia’h des Moum’him. Donc selon les Rishonim qui nécessitent (pour une conversion) des dayanim Moum’him ou leurs délégués, les conversions de
Rav Amsalem sont invalides (d’après ses opposants).
Mais d’après les Rishonim qui ne trouvent pas nécessaire d’être les délégués des Moum’him (pour convertir) et qu’il suffit d’être un dayan Kasher, on peut dire que Rav Amsalem resterait encore Kasher (puisque n’ayant pas de mauvaises intentions) et ses conversions de candidats ayant effectivement pris sur eux le joug des mistvot seraient valables.
Vu la complexité du propos et la gravité du sujet, je précise que s’il s’agit d’un cas réel et non purement théorique, il faut en parler avec un Rav AVANT d’en tirer des conclusions hâtives. Car de multiples paramètres peuvent encore jouer.
PS : sur un autre (récent) post (
https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=57934#57934 ), j’ai tenté d’éviter de nommer ce Rav pour ne pas entrer dans les discussions autour de son cas précis. On m’a tancé à ce sujet, toujours sans le nommer, en me reprochant de jeter le discrédit sur un Rav respecté, j’y ai répondu toujours sans mentionner son nom, voyez ce lien et à la suite. Mais là, vous avez mis les pieds dans le plat, je vous ai donc emboité le pas 😊.