Citation:
Pouvez-vous me donner la version correct selon les ashkénaze dans les bénédictions du matin sur les points suivants :
- hanotène la servi bina ou bien acher natane la servi bina
- haméhine mitsadé gavère ou bien acher éhine mitsadé gavère ?
Faut-il les dires au passé ou au présent ? La logique serait de le dire au présent puisque Hachem le fait tous les jours et pas que une fois dans le passé, mais comme je vois pleins de sidourim différents sur ces versions, je me pose la question.
Il y en a même qui accordent pas ces deux bénédictions dans le temps et disent une au passé et une au présent, ce qui est surement contradictoire. Ça doit venir des différentes sources.
Il y a en effet différentes versions et on ne peut pas faire confiance à celle qu'on trouve dans un Sidour, ni même à celle qui figure dans le Talmud pour la simple raison qu'elle s'y trouve, car les copistes du Talmud on pu être amenés à corriger eux aussi leur texte en fonction de ce qu'ils auraient vu ailleurs.
Dans mon cours du Shabbat matin, lorsque nous étions sur les Halakhot de ces Brakhot, j'ai mentionné mon opinion personnelle qui n'est pas d'accorder tout au présent ni tout au passé, mais de dire Asher Natan Lassekhvi Bina et de dire Hamékhin Mitsadé Gaver.
ça correspond aux versions respectives de ces Brakhot dans le Talmud
(Brakhot 60b) mais ce n'est pas suffisant comme argument, comme on l'a dit.
Il faut savoir que les prières sont souvent basées sur des expressions tirées de versets de la Bible, c'est ce qui peut expliquer qu'on ait une Brakha au passé, si le verset est au passé.
C'est le cas de Asher Natan Lassekhvi Bina construite sur le verset dans
Iyov (38, 36) מי נתן לשכוי בינה.
On aurait aussi pu imaginer le passé pour Hamékhin, en raison du verset dans
Tehilim (37, 23) מה' מצעדי גבר כוננו , où le mot כוננו est au passé, mais nous avons aussi un verset dans
Mishlei (20, 24) qui n'indique pas le passé et dit מה' מצעדי גבר ואדם מה יבין דרכו.
Il y a plusieurs décennies, étant jeune, j'avais entendu l'argument de ceux qui disent qu'il est plus logique de dire Hanoten Lassekhvi Bina car la Brakha serait ainsi au présent et D.ieu donne constamment cette sagesse.
Mais j'ai estimé que c'était une "Reaya Listor", une contre-preuve plutôt qu'une preuve, car à partir du moment où nous constatons ces deux versions dans différents sidourim, force nous est d'admettre qu'une des deux versions n'est pas celle d'origine mais nous provient d'un copiste qui se serait permis de corriger ce qu'il pensait erroné.
A partir de là, il est plus probable qu'un copiste ait changé le texte du passé au présent que l'inverse.
S'il a trouvé le texte au passé, on peut supposer qu'il ait pensé qu'il
(s'agissait d'une erreur de copiste l'ayant devancé et qu'il) convenait de le mettre au présent comme la majeure partie des bénédictions
(qui sont au présent), mais s'il avait trouvé le texte au présent, pourquoi serait-il allé le mettre au passé?
Cette logique à rebours de la logique habituelle peut s'employer dans d'autres domaines aussi et, sans permettre de l'affirmer avec certitude, nous indique un choix plus probable lorsque deux alternatives demeurent possibles au niveau de la Halakha.