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Tsaar baalei haïm

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juif
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Peut-on considérer qu'un parent qui permet à son fils de jouer (pour finalement le blesser et/ou de le tuer à la fin) avec un animal (ex fourmi...) enfreint le issour de tsaar baaalei hayim ? Est-ce que c'est un mauvais hinouch de lui permettre et de le laisser faire ? ou ça va le laisser développer une mauvaise mida ?

On m'a dit que les animaux sont là pour nous servir, c'est-à-dire qu'on peut les utiliser pour les manger, pour nous guérir ou même pour nous détendre même si eux ils souffrent ? Est-ce vrai ?
Rav Binyamin Wattenberg
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Peut-on considérer qu'un parent qui permet à son fils de jouer (pour finalement le blesser et/ou de le tuer à la fin) avec un animal (ex fourmi...) enfreint le issour de tsaar baaalei hayim ? Est-ce que c'est un mauvais hinouch de lui permettre et de le laisser faire ? ou ça va le laisser développer une mauvaise mida ?

On m'a dit que les animaux sont là pour nous servir, c'est-à-dire qu'on peut les utiliser pour les manger, pour nous guérir ou même pour nous détendre même si eux ils souffrent ? Est-ce vrai ?


Il semble de la Mishna et la Gmara Shabbat (90b) que l’on acceptait de donner une sauterelle à un enfant pour qu’il joue avec.
Cependant, il y a discussion entre ‘Hakhamim et R. Yehouda si l’on doit veiller à ce que cette sauterelle soit Ksheira ou non.
Pour R. Yehouda ce n’est pas nécessaire.
Si ‘Hakhamim l’imposent, c’est par crainte que la sauterelle ne meure (en jouant) et que l’enfant vienne alors à la manger.
Alors que pour R. Yehouda, lorsque l’enfant joue avec sa sauterelle, si elle décède sur scène, il en sera triste et la pleurera (Katan Mispad Sapid Lei), il ne risque pas de vouloir la manger (et donc, on peut le laisser jouer avec une sauterelle non ksheira).

Il en ressort, qu’en dépit d’une possibilité de mort prématurée et accidentelle, l’enfant ne cherchait pas à maltraiter ni tuer la bestiole, seulement à jouer. Sans quoi, l’argument, l’intelligibilisation de R. Yehouda ne colle pas.

S’il y avait un enfant qui voulait jouer au psychopathe, Rabbi Yehouda lui aurait aussi interdit de jouer avec une sauterelle non Ksheira, et du coup, peut-être aussi (avec une Ksheira, c-à-d) de faire du mal à l’insecte.
On ne peut donc pas vraiment tirer une preuve de cet enseignement.

De plus, on ne pourra pas déduire grand-chose de ce texte car il n’est pas si évident que l’interdit de Tsaar Baalei ‘Haim s’applique aux insectes.

R. Yaakov Emden (Migdal Oz -éd. Eshkol p.328) se pose la question, mais dans son Shout (Shéilat Yaabets I, §110) il écrit de manière tranchée que l’interdit ne les concerne pas (ainsi que tous les animaux qui ne sont pas aptes à servir l’homme), bien que le Arizal ne tuait pas les moustiques ni les poux (etc.), c’était pour des raisons kabbalistiques liées au Guilgoul, mais ça ne revêt aucun caractère contraignant sur le plan halakhique.

[Je mentionne au passage à propos de cette conduite du Arizal, qu’en lisant le Shout Torah Lishma (§397) j’ai vu qu’il explique que si certains Amoraïm tuaient les poux (Shabbat 12a), Rava ne les tuait pas de ses mains mais les jetait dans un ustensile plein d’eau, et c’est parce que Rava pensait comme le Arizal.

C’est un peu étonnant, car l’idée du Arizal est de ne pas les tuer, même indirectement, même par noyade. Et si le Torah Lishma pensait que les poux savaient nager -ou seraient des champions de l’apnée-, resterait à comprendre pourquoi Rava leur offrait une séance de natation ?]

Cependant, les enfants ne jouaient pas seulement avec des sauterelles, ils jouaient aussi avec des petits oiseaux vivants.
Mais une fois morts ils ne s’y intéressaient plus, donc ils faisaient attention de ne pas les blesser. Cf. Tosfot Shabbat (45b sv. Hakha).

[à la différence d’une tête de poulet (/d’oiseau plus grand) qui servait post-mortem, selon l’explication du Rambam (hil. Shabbat I, 6) de l’expression « Psik Reishei Velo Yamout ? » -contrairement à celle du Aroukh (sv. Passak).

Au passage, il est intéressant de noter par rapport à l’expression « Psik Reishei Velo Yamout ? » qui veut qu’il serait absolument impossible à un poulet de survivre à une décapitation, qu’une rumeur existe aux Etats-Unis, dans une ville du Colorado, selon laquelle un fermier aurait coupé la tête de son poulet (un coq) pour le manger, et que ce dernier aurait survécu sans tête pendant plus d’un an.
Les faits auraient eu lieu en 1945, le poulet a depuis été surnommé « Mike the Headless Chicken » ou encore « The Headless Rooster ».
Bien que la presse américaine ait relayé l’information (à l’époque) de manière très sérieuse (avec confirmation de scientifiques de l’université de Utah), ça parait quand même surréaliste et fort peu probable.]

Mais en principe, a priori, il n’est pas admissible de faire souffrir un insecte ni aucun animal sans raison valable (et le besoin d’assouvir sa cruauté n’en est pas une), le verset de Tehilim (§145, 9) nous dit Vera’hamav Al Kol Maassav et il convient de s’inspirer de D.ieu qui se soucie de nourrir מקרני ראמים עד ביצי כנים (Avoda Zara 3b).
C’est ce qui ressort de plusieurs Poskim qui ne distinguent pas entre les animaux et les insectes. (Cf. par exemple Kitsour Shoul’han Aroukh §191, 1).

Ainsi, nous trouvons dans le Shout Maharitats (I, §244) qu’il considère que l’interdit de Tsaar Baalei ‘Haim s’applique aussi aux insectes.

Idem pour le Shout Toldot Yaakov (Y’’D §33) qui écrit que les adultes se doivent d’empêcher les enfants de faire souffrir les petits insectes, d’autant que cet exercice cruel développe de mauvaises Midot chez l’enfant.
Il raconte qu’étant lui-même enfant, il s’en était pris à un insecte, mais son père l’avait morigéné et empêché de faire subir quelques sévices au pauvre insecte.

Il explique encore que bien que le Talmud Yevamot (114a) semble dire que le Beit Din n’est pas tenu d’empêcher un enfant juif de consommer Taref (seul le père le serait), c’est différent pour la Aveira de Tsaar Baalei ‘Haim, car lorsqu’il mange Taref, il ne cause du tort qu’à lui-même, mais si l’enfant commet une Aveira qui cause un tort à autrui, quand bien même à un animal/insecte, le Beit Din se doit aussi d’intervenir (c-à-d que tout adulte doit reprocher une transgression de Tsaar Baalei ‘Haim à un enfant et ne pas le laisser torturer un animal).

[Je me souviens d’un fait assez terrifiant (âmes sensibles s’abstenir), à peu près vers 1994-95, un soir de Lag Baomer où il y a plein de Medourot (feux) en Israël, des enfants -je ne sais plus dans quelle ville- s’amusaient à attraper des chats, les faire tourner en les tenant par la queue et les jeter en plein bûcher se faire brûler vifs.
Un Ba’hour Yeshiva qui passait par-là a attrapé la main de l’enfant bourreau, lui a mis une grande claque, lui a hurlé dessus en lui reprochant son activité barbare et criminelle, et a récupéré le pauvre chat complètement sonné pour le mettre en sécurité, ainsi que le prochain sur la liste.
(De nos jours c’est celui qui a mis une claque à l’enfant qui aurait des ennuis avec la justice, mais à l'époque ça passait encore.)

J’ai appris tout ça car les deux chats ont été momentanément confiés à une personne de ma famille, histoire de les bichonner un peu quelques jours pour qu’ils reprennent des forces après tant d’émotions, avant de les remettre en liberté. C’est assez terrifiant de voir comment des enfants peuvent se montrer cruels. En France aussi il y avait une coutume (catholique) de dresser un bûcher, ça se faisait à Paris sur la place de l'Hôtel de ville -anciennement appelée Place de grève- et c'était chaque année le 22 juin (solstice d'été), les "feux de la St Jean", le feu était officiellement allumé par le roi de France.

Et là, pour le coup, c'était l'habitude qui voulait qu'on capturait des chats, les plaçaient dans un sac, que l'on plaçait au-dessus du bûcher, de telle sorte qu'en prenant feu et libérant les pauvres bêtes, elles tombaient plus bas et se faisaient brûler vives. A Metz aussi on veillait à y brûler des chats. (cf. Dissertation sur l’ancien usage des feux de la Saint-Jean, et d’y brûler les chats à Metz (1758) dans Cahiers Élie Fleur n°11, 1995, p. 49-69, et aussi Une histoire du chat (Bobis), Fayard 2006, p.254).

[NB: sur le panneau "histoire de Paris" sur la Place de l'Hôtel de ville, on y mentionne ces feux et la participation royale, mais silence absolu sur les chats martyrisés...]

C'était comme ça chaque année, jusqu'en 1605 où, suite à l'intervention du jeune (futur) Louis XIII (qui avait 4 ans) auprès de son père le roi Henri IV, ce "Minhag" fut aboli sur ordre du roi Henri IV (Son prédécesseur, Henri III, était pourtant un ailurophobe notoire, on estime qu'il aura fait massacrer 30000 chats durant son règne).
Plus tard, l'habitude de faire allumer le feu par le roi se perdit (dernier allumage royal par Louis XIV en 1648) et enfin, la coutume même du bûcher a été abandonnée avec la révolution, en 1790 (mais elle perdure encore dans quelques endroits).]

En conclusion, on peut laisser un enfant jouer avec un animal tant qu’il n’a pas l’intention de le faire souffrir, même s’il pourrait le tuer par inadvertance.
Mais si l’enfant souhaite procéder à des expériences cruelles ou des tortures, c’est interdit et on ne le laissera pas faire. On veillera à le sensibiliser à la souffrance des autres, même celle des animaux.
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