Prière de Roch Hachana "Donne ta crainte à tes créature

Pourquoi dans la Téfila de Roch Hachana on demande "ten pardera al aberillotera" c'est a dire "donne ta crainte à tes créatures" alors qu'on sait que tout vient du Ciel sauf la crainte du Ciel justement. On demande quelquechose dont on sait explicitement qu'elle est de notre ressors et que c'est à nous de bosser dessus. On ne demande même pas qu'Il nous aide à l'acquerir mais qu'Il nous la donne tout court. Comment c'est possible?

La Guemara (Yoma 86b) rapporte un enseignement de Rèch Laqich selon lequel la techouva, lorsqu’elle est faite par crainte de Hachem (mi-yira) a pour résultat que les fautes délibérées (zedonoth) deviennent des fautes par inadvertance (chegagoth). En revanche, lorsqu’elle a lieu par amour de Hachem, et non plus par crainte, elle transforme les fautes délibérées en mérites (zekhouyoth).
Dans notre humilité, nous n’osons espérer voir transformer nos fautes en mérites. Tout au plus souhaitons-nous qu’elles soient converties en chegagoth. Mais ce résultat ne peut être réalisé que si nous nous repentons par crainte de Hachem. Aussi avons-nous besoin de Lui demander de nous la procurer.
On peut également observer que ce paragraphe ouvekhèn tèn pa‘hdekha en appelle à ce que la crainte de Hachem se développe sur toutes les créatures, y compris en dehors du peuple d’Israël. En revanche, les paragraphes suivants (Ouvekhèn tèn kavod… et ouvekhen tsaddiqim…) concernent exclusivement notre peuple.

J'entends bien qu'on ne puisse faire de techouva sans la crainte du Ciel, et c'est pourquoi on la demande (faute d'en avoir). Mais ma question est ailleurs, à savoir comment resoudre cette contradiction qui dit que c'est la seule chose qui n'est pas dans les mains du Ciel c'est a dire qu'Hachem ne Peut pas nous accorder (si on peut parler ainsi) nous laissant le soin de nous en occuper nous meme. Ce travail etant exclusivement dans nos mains, comment peut on Lui demander de le faire a notre place puisqu'Il nous fait savoir explicitement que c'est dans nos mains??? C'est dans la contradiction que se situe ma question.

Lorsque le Talmud nous apprend que « tout est dans la main du ciel, hormis la crainte du Ciel » (Berakhoth 33b), il entend nous enseigner que tout ce qui arrive à l’homme part de la « main » du Saint béni soit-Il. Il en est ainsi de son aspect physique, de l’état de sa fortune, de son intelligence (ou sa stupidité), de sa peau blanche (ou noire). En revanche, l’existence ou l’absence en l’homme de la crainte du Ciel, c’est-à-dire son état de tsaddiq ou de racha’, ne dépendent en aucune façon du Ciel, mais du libre-arbitre de chacun (Rachi ad loc.).
Dans son commentaire sur Wayiqra 19, 14, le même Rachi expose une idée voisine : Dans les cas où nos actions sont du seul ressort de notre conscience, c’est-à-dire où elles ne sont pas scrutées par des témoins, comme c’est le cas de notre comportement envers le sourd et l’aveugle dont il est question dans ce verset, il est de notre devoir d’avoir la crainte du Ciel, la crainte de Celui qui connaît nos pensées intimes. Et, comme le fait remarquer cet éminent commentateur, c’est dans tous les cas où nous agissons hors le regard ou le su de notre prochain que le texte de la Tora insiste sur la crainte de Hachem.
On peut dire en résumé, me semble-t-il, que la liberté nous est laissée de craindre ou de ne pas craindre Hachem, et que cette liberté est le signe de notre responsabilité envers Lui. Mais nous avons besoin, dans nos prières, de solliciter Son aide pour assumer pleinement cette liberté, souvent menacée par les tentations qui parcourent notre existence.

Votre échange au sujet de "Ouvecheïne Teïne Pa'hdecha" m'a amené à réfléchir, un peu plus profondément que d'habitude, au sens de ce texte des prières de R. H. et de Y. K.

Nos Sages semblent insister sur le fait que les prières de ces jours redoutables soient orientées vers l'expression des besoins spirituels de l'humanité.

Nous ne devons pas tant prier pour que Haschem subvienne à nos besoins matériels, mais pour qu'Il solutionne les problèmes spirituels de ce monde - pas pour Olam Hazé, mais pour Olam Haba.

C'est pour cela que l'expression de nos demandes du domaine matériel se fait par le biais de gestes matériels qui font allusion à nos besoins matériels : la consommation de divers mets dont les noms expriment ces besoins matériels (Simana Milta).

Même les textes rajoutés dans la Amidah, exprimant nos souhaits de vie, concernent la vie spirituelle ou la vie future.

Revenons à "Ouvecheïne Teïne Pa'hdecha". Ce paragraphe est suivi d'un paragraphe où il est question du peuple d'Israël, puis d'un autre où il est question des Justes et autres êtres pieux, puis de toute la création qui verra et vivra le règne de Haschem à Sion et à Jérusalem.

Nous ne devons pas oublier que le but final de toute la création est de voir reconnaître D-ieu et Sa tout puissance par l'ensemble de l'humanité.

C'est l'expression très forte de cette attente fièvreuse, de ce souhait profond et intense que nous nous devons de ressentir, qui est signifié par ces mots. (L'intensité de cette attente est en soi l'expression de notre propre crainte respectueuse de Haschem)
Qu'enfin nous en arrivions à cette époque de l'histoire de l'humanité où Haschem sera UN et Son Nom UN. Comme dans la prière de Aleïnou Leschabéa'h.

Alors, d'abord, on émet le souhait que tous les êtres humains en arrivent à craindre Haschem, sous forme de Pa'ad, de Eïmah et de Yire-ah, trois forme de crainte, pour finalement ne former qu'une Agoudah, une assemblée, servant Haschem.
Ensuite, nous prions pour le respect du peuple d'Israël, le peuple choisi, pour sa terre, et pour qu'enfin vienne rapidement le Maschia'h.
Enfin, qu'éclate la joie profonde de ceux qui ont toujours cru et toujours servi Haschem, et que le mal disparaisse à jamais.

Pour qu'alors, seul règne Haschem, à jamais, à Sion et à Jérusalem, avec le retour d'Israël à Sion et la reconstruction du Beth Hamikdasch.

Nous espérons à chaque instant en la venue du Maschia'h.
En solutionnant par sa venue tous les problèmes spirituels, les problèmes matériels le seront aussi.

Ketivah Ve'hatimah Tovah, Ouschenath Gueuoulah Viyschouah.