Lorsque Moïse fut accusé par Qora‘h et sa faction d’avoir, avec son frère Aaron, accaparé tous les pouvoirs, il s’adressa à eux et leur annonça que « demain, Hachem ferait savoir qui était à Lui, et qui était saint… » (Bamidbar 16, 5).
On s’est demandé les raisons pour lesquelles Moïse avait ainsi reporté au lendemain l’épreuve qui allait le blanchir des soupçons que l’on faisait peser sur lui et qui allait punir les rebelles de leur révolte, plutôt que de la proposer aussitôt et sur-le-champ.
Selon le Midrach Tan‘houma, cité par Rachi, l’intention de Moïse était de temporiser dans l’espoir d’une rétractation de la part de ses détracteurs.
On peut rapprocher ce Midrach d’un enseignement contenu dans la Guemara Berakhoth 19a : « Si tu vois qu’un érudit en Tora a commis une transgression, ne lui adresse pas de reproches le lendemain, car il s’est peut-être repenti. “Peut-être” ? Non, sûrement ! »
On sait en effet que Qora‘h était un grand érudit, et que les deux cent cinquante hommes qui lui étaient fidèles étaient les chefs de tribunaux (voir Rachi ad 16, 1). Rien d’étonnant, par conséquent, que Moïse ait spéculé sur leur techouva.
Une autre raison possible à la patience manifestée par Moïse peut être trouvée dans la façon était distribuée la manne dans le désert : Les justes la trouvaient tous les matins à leur porte, les gens moyens devaient aller la chercher, et les impies, et les impies devaient sortir des limites du camp pour s’en procurer (Yoma 75a).
Il était ainsi possible de discerner, chaque matin, le niveau de spiritualité de chacun.
C’est ainsi que Moïse a pu, en reportant au lendemain ses pourparlers avec Qora‘h et ses fidèles, déterminer à coup sûr qui était juste et qui ne l’était point.