Il est souvent question, dans le Tanakh, de baisers. Mais il s’agit toujours de baisers entre personnes du même sexe, ou alors de ceux que Hachem donne à des personnages d’élite.
C’est ainsi que nos patriarches, ainsi que Moïse, Aaron et Miryam, sont morts sous l’effet d’un baiser (mitha bi-nechiqa) qu’Il leur a donné (Baba Bathra 17a). Cette façon de mourir est considérée comme la plus enviable de toutes (Berakhoth 8a ; voir aussi Maïmonide, Guide des égarés, 3, 51).
« Le baiser, nous apprend le Midrach (Berèchith rabba 70, 12), est toujours considéré comme obscène, sauf dans trois cas :
– Baiser donné en signe de respect, comme celui donné par Samuel à Saül après son onction comme roi (I Samuel 10, 1).
– Baiser de retrouvailles, comme celui donné par Aaron à son frère Moïse de retour de Midian (Chemoth 4, 27).
– Baiser d’adieu, comme celui donné par Orpa à sa belle-mère Naomi (Ruth 1, 14).
Rabbi Tan‘houma ajoute dans le même Midrach une quatrième sorte de baiser permis : celui entre proches parents, comme celui donné par Jacob à Rachel.
Relevons toutefois que le même Midrach indique que lorsque Jacob a embrassé Rachel, les bergers qui les entouraient l’ont soupçonné d’intentions impures. C’est pour cette raison qu’il a « élevé sa voix et a pleuré ».
A noter au passage que ce même Midrach explique comme suit cette réaction des bergers : Depuis le déluge, qui avait été provoqué par l’immoralité, l’humanité se tenait éloignée de la débauche. Voilà pourquoi, conclut-il, les Orientaux se gardent des comportements impudiques.
Retenons encore un enseignement talmudique contenu dans Yerouchalmi ‘Erouvin (49b – 7, 9) :
« Rabbi Yehochou‘a ben Léwi a enseigné : Pour quelle raison établit-on un ‘érouv dans les cours d’immeubles ? Afin de favoriser la paix. Une femme, un jour, était détestée par sa voisine. Elle lui envoya son‘érouv par l’intermédiaire de son fils. Quand la voisine aperçut celui-ci, elle l’enlaça et l’embrassa. A son retour, le fils fit rapport à sa mère qui s’exclama : « Elle m’aime tellement, et je ne le savais pas ! ». Et les deux femmes se réconcilièrent.
Signalons cependant, pour conclure, la règle stipulée par le Kitsour Choul‘han ‘aroukh (152, 19) : « Il est interdit d’enlacer ou d’embrasser une de ses parentes – bien que cela ne procure aucune jouissance – car pour les règles de chasteté la parenté ne compte pas. Seul le père ou le grand-père peut enlacer ou embrasser sa fille ou sa petite-fille, et la mère ou la grand-mère son fils ou son petit-fils. »