Citation:
J'apprécie énormément chacune de vos réponses. Revenant du voisinage de Chaim Berlin, vous me faites penser aux bochurim de là-bas.
J'aurais deux questions:
1) Quelle est la place de la philosophie ancienne ou moderne (juive ou non, aristote, etc.) vis-à-vis de la Torah: Assur ? Mutar ?
2) Vous avez expliqué concernant la kabalah en tant que halacha, le principe est "lo bashamayim hi" et que donc partant, la Halacha n'a pas à suivre la Kabalah mais les poskim et c'est logique.
Ailleurs, vous avez expliqué que le Gaon dit qu'il n'y a pas de contradiction entre halacha et kabalah. N'est-ce pas contradictoire avec le postulat de base ?
Merci de toujours séparer les questions, sinon on ne s’y retrouve plus (votre seconde question n’est pas du tout représentée par le titre que vous avez donné à votre message), et plus il y a de questions dans un message, plus les réponses seront courtes et expéditives, forcément.
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1) Quelle est la place de la philosophie ancienne ou moderne (juive ou non, aristote, etc.) vis-à-vis de la Torah: Assur ? Mutar ?
Elle est discutée.
D’aucuns la bannissent de la tradition et ferment les yeux sur les Rishonim qui s’y sont consacrés, en estimant que leur époque étant trop éloignée de Matan Torah d’un côté et de la « fin des temps » de l’autre, ils étaient dans une phase sombre de l’Histoire et c’est pourquoi ils auraient végété dans de tels égarements qui ne seraient pas souhaitable pour un véritable juif.
Certains, à l’opposé, considèrent que la philosophie s’identifie au judaïsme et à la recherche du Emet, et sert de formation à l’étude de la théologie et sera donc indispensable afin de découvrir réellement D.ieu.
Enfin, d’autres, sont plus mitigés, considèrent à la fois les atouts de la philosophie, mais aussi sa perversion et ses dangers.
Cette position a amené le
Rashba (Shout Harashba I, §418) à prononcer un interdit (assorti d’un ‘Herem) d’étudier la philosophie avant d’avoir 25 ans ET de s’être convenablement « rempli » de Shas & Poskim.
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2) Vous avez expliqué concernant la kabalah en tant que halacha, le principe est "lo bashamayim hi" et que donc partant, la Halacha n'a pas à suivre la Kabalah mais les poskim et c'est logique.
Ce n’est pas si simple, il y a eu des rabbanim qui donnaient la préférence au Zohar pour pas mal de choses (type Ben Ish ‘Haï), et énormément donnent la préférence aux kabbalistes pour certains Minhaguim et le Nossa’h des prières.
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Ailleurs, vous avez expliqué que le Gaon dit qu'il n'y a pas de contradiction entre halacha et kabalah. N'est-ce pas contradictoire avec le postulat de base ?
L’idée de suivre la Halakha contre la Kabbala n’existe que dans le cas où l’on rencontre une contradiction entre elles.
Si le Gaon de Vilna n’en voyait pas, il n’avait donc pas besoin de mettre en application cette règle, mais beaucoup d’autres voient beaucoup de contradictions, d’où la nécessité d’une telle règle.
(A noter cependant, que le Gaon n’était pas du tout le seul à considérer qu’il n’y a pas de divergences d’opinion entre le Shas et le Zohar.)
A part ça, il faut savoir que même le Gaon qui dit qu’il n’y a pas de contradiction, ni de différence entre le Zohar et la Halakha, reconnait qu’il y a tout de même un point de divergence (passer sur les côtés du Mitpalel).
Donc on pourrait encore trouver nécessité à notre règle. (Cependant, le Gaon disait alors suivre la ‘Houmra du Zohar.)
Je précise encore que le Gaon disait cela concernant le ZOHAR et non « la cabale ».
Du coup, il pourrait admettre des contradictions et divergences entre le Shas d’un côté et d’autres livres kabbalistiques de l’autre.
Par exemple les Tikounei Zohar, Zohar ‘Hadash, ou surtout les écrits du Arizal/Mahar’hou et des kabbalistes les suivants.