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Faut-il étudier les Agadot ?

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Joki
Messages: 4
Bonjour rav

Vous parlez souvent de l'importance de l'étude des agadots qui nous permet de connaître plus hachem dans son intimité. Je voulais savoir comment se fait-il que rares sont les guedolim ayant mis l'importance sur cette étude ?
Que ce soit le h'azon ich, ou rav chah' ou mêm rav ovadia, ce ne sont pas des rabanim desquels nous avons entendu l'importance de l'étude des agadots.
Chacun est pourtant connu pour avoir crié sur des choses qu'il trouvait manquantes dans l'étude si c'est l'étude de la halakha, ou celle du maharcha, mais jamais l'étude des agadots n'est mise sur un piédestal. Et ça ne les a pas empêché d'être arrivé à des sommet de la connaissance d'hachem.
Je voulais savoir déjà si mon analyse est véridique, et si oui comment l'expliquer. Par ailleurs je voulais savoir quels sont les sefarim sur les agadots que vous chérissez, si je peux me permettre, ou même si vous avez des sefarim qui montrent d'une certaine manière une hachkafa très saine du rav qui a écrit le sefer et qui vous ont beaucoup inspiré dans votre manière de voir les choses, je serai très intéressé.
Cela m'arrive de lire des sfarim de hachkafa ou de agada, mais soit je ne m'y reconnais pas, soit c'est trop kitsoni pour moi français, soit c'est metoubal de raché tevot etc. et ça ne me parle pas du tout.
Si vous pouvez même écrire une liste (sans vous commander) de livres qui vous ont permis votre construction, ou de rabanim que vous aimez particulièrement pour leur manière de voir la Torah et la vie dans son ensemble, je serai très heureux. 😊

Voilà rav je vous remercie pour tout ce que vous faites et vous souhaite beaucoup de hatslakh'a.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
Vous parlez souvent de l'importance de l'étude des agadots qui nous permet de connaître plus hachem dans son intimité. Je voulais savoir comment se fait-il que rares sont les guedolim ayant mis l'importance sur cette étude ?
Que ce soit le h'azon ich, ou rav chah' ou mêm rav ovadia, ce ne sont pas des rabanim desquels nous avons entendu l'importance de l'étude des agadots.
Chacun est pourtant connu pour avoir crié sur des choses qu'il trouvait manquantes dans l'étude si c'est l'étude de la halakha, ou celle du maharcha, mais jamais l'étude des agadots n'est mise sur un piédestal. Et ça ne les a pas empêché d'être arrivé à des sommet de la connaissance d'hachem.
Je voulais savoir déjà si mon analyse est véridique, et si oui comment l'expliquer.


Votre constat est bon, mais vous disposez déjà des éléments pour déceler la faille dans votre raisonnement.

Je vous aide : Vous voyez bien que chacun insistait sur un aspect différent…
Donc, par exemple, le ‘Hazon Ish insistait certes sur le Maharsha, mais pas sur la Halakha (comme l’entend Rav Ovadia Yossef. En fait, il insistait aussi sur la Halakha mais de manière différente. Disons que ROY insistait sur la Halakha via la Bekiout, qui n’était pas l’apanage du ‘Hazon Ish.) Etc.

Il y a toujours eu des ‘hakhamim plus axés sur la « Halakha » et d’autres sur la « Agada », on retrouve déjà cela dans le Shas (par exemple dans Sotah 40a où R. Abahou est plus Agadique et R. ‘Hiya Bar Aba plus halakhique -et pas très versé en Agada, comme on le voit aussi Baba Kama 55a).

Il se trouve que les trois Rabanim que vous avez cités étaient plus des Rabanim de Halakha (dans le sens talmudique du terme) que de Agada.

Bref, que chacun insiste sur les points qui lui paraissent primordiaux est normal.
De nos jours aussi nous avons des Rabanim très versés en Halakha qui ont une compréhension assez restreinte ou limitée des Agadot et Midrashim.
A titre d’exemple je citerais Rav Asher Weiss, qui est un grand Gaon en Halakha, d’une très grande Bekiout et avec une connaissance magistrale du Talmud, néanmoins, en matière de compréhension de Agadot, je trouve (mais cela n’engage que moi, je ne demande à personne d’y souscrire) qu’il n’excelle pas vraiment.
On ne peut pas exceller dans tous les domaines.

La majeure partie des Rashei Yeshivot ont une compréhension assez limitée des Agadot. De même que la majeure partie des « Agadistes » ont une connaissance et compréhension assez limitée de la partie Halakhique du Talmud.
Après, sur le fond, que ce soit ROY ou Rav Shakh ou qui vous voulez, tous reconnaissaient ce que j’ai pu dire sur les Agadot, car c’est ce que disent ‘Hazal eux-mêmes dans le Sifrei (Dvarim §49) : si tu veux connaitre (comprendre) D.ieu et suivre Ses voies, étudie les Agadot.
רצונך להכיר את מי שאמר והיה העולם למוד הגדה שמתוך כך אתה מכיר את מי שאמר והיה העולם ומדבק בדרכיו

Citation:
Par ailleurs je voulais savoir quels sont les sefarim sur les agadots que vous chérissez, si je peux me permettre, ou même si vous avez des sefarim qui montrent d'une certaine manière une hachkafa très saine du rav qui a écrit le sefer et qui vous ont beaucoup inspiré dans votre manière de voir les choses, je serai très intéressé.
Cela m'arrive de lire des sfarim de hachkafa ou de agada, mais soit je ne m'y reconnais pas, soit c'est trop kitsoni pour moi français, soit c'est metoubal de raché tevot etc. et ça ne me parle pas du tout.
Si vous pouvez même écrire une liste (sans vous commander) de livres qui vous ont permis votre construction, ou de rabanim que vous aimez particulièrement pour leur manière de voir la Torah et la vie dans son ensemble, je serai très heureux. 😊
Voilà rav je vous remercie pour tout ce que vous faites et vous souhaite beaucoup de hatslakh'a.



Il est difficile d’établir une liste, c’est trop réducteur, il y a trop de titres. Je crois l’avoir pourtant déjà fait sur ce site, avec difficulté, veuillez la retrouver, ou peut-être qu’un internaute saura en indiquer un lien pour la retrouver facilement. Sinon, vous pouvez tenter via l’index : https://ravwattenberg.com/html.php#_Toc152943897 il y a plusieurs liens répondant à « Hagadot et Midrashim, compréhension littérale ? », peut-être que l’un d’eux amène à cette liste, sinon, vous y verrez les Sfarim que je cite sur les Agadot 😊.
Chloumi
Messages: 7
Cher Rav,

Si l'on rejoint l'optique de certains Mefarchim qui considèrent que le but des Agadot est de transmettre des secrets aux Talmidim, et que de la même manière que la Michna a été écrite pour que la Tora orale ne se perde pas, ainsi les Sodot ont été écrits afin qu'ils ne se perdent pas, mais de manière détournée afin que le Sod en reste un et accessible seulement aux élèves en possédants les clés (il me semble que c'est l'avis du Ramh'al), alors l'étude approfondie des Agadot ne serait réservée qu'à certains.

Je précise "approfondie" car on retrouve que les H'akhamim enseignaient des Agadot au Tsibour (par exemple Rabbi A'kiva sur Esther et les 127 ans de Sara, Rabbi Meïr qui faisait un tiers de Derouch, etc...), mais apparemment pour d'autres raisons que celle du Ramh'al.

Il y a encore d'autres avis dans les Richonim qui sont très intéressants: Chita des Gueonim sur Tselofh'ad, Rachbech sur Rabbi A'kiva sur Esther et les 127 ans de Sara, etc.

Je fais court car j'ai lu dans une de vos réponses que vous aviez tout un Sefer écrit dessus. Le Rambam dans sa Hakdama sur Zeraï'm laisse entendre aussi que l'étude des Agadot est pour ceux qui savent la lire. Les autres en viendrait à s'en moquer de par leur manque de compréhension. Certains Gueonim, comme Rav Hay Gaon, faisant d'ailleurs une distinction entre le Derouch se trouvant dans le Chass et celui ne s'y trouvant pas.

J'avais écrit sur ce sujet il y a quelques années, mais j'imagine que ce que vous avez doit être assez complet. En tout cas, selon tous ces avis précités, l'étude de la Agada serait soit pour une certaine "élite", soit pour d'autres raisons que les Richonim développent (n'étant pas forcément la manière d'appréhender que l'on peut avoir de la Agada de nos jours), sachant que selon certains encore il y a un h'ilouk selon qu'elle est dans le Chas ou non.

Or selon tous ces avis, comment comprendre le passage du Sifri "Retsonekha Lehakir etc..." alors que selon ces avis on ne voit pas, à première vue, comment ils mènent à cela ?

J'aurais proposé de répondre qu'au travers des Agadot, bien qu'il y ait encore d'autres raisons à celles-ci, elles sont écrites de manière à ce qu'on y voit les Derakhim d'Hachem, comme Mida Kenegued Mida, Verah'amav A'l Kol Maa'ssav, Baacher Hou Cham, et autres Hanhagot d'Hachem, et, au travers de la Hagada racontée sous forme d'histoire, on peut comprendre, s'attacher, s'inspirer de ses Hanhagot, ou encore s'éloigner de la faute plus facilement en comprenant comment "agit" Hachem. Ainsi, la Mitsva de Vehalakhta Bidrakhav nous demandant de lui ressembler dans sa miséricorde, Tsidkout, etc, peut encore plus facilement être accomplie puisqu'on nous "illustre" cela de manière plus concrète.

Je ne suis pas sûr d'avoir été très clair, j'ai parlé beraché perakim, mais je pense que vous voyez sûrement ce que je veux dire.

Merci à vous.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
Si l'on rejoint l'optique de certains Mefarchim qui considèrent que le but des Agadot est de transmettre des secrets aux Talmidim, et que de la même manière que la Michna a été écrite pour que la Tora orale ne se perde pas, ainsi les Sodot ont été écrits afin qu'ils ne se perdent pas, mais de manière détournée afin que le Sod en reste un et accessible seulement aux élèves en possédants les clés (il me semble que c'est l'avis du Ramh'al), alors l'étude approfondie des Agadot ne serait réservée qu'à certains.
Je précise "approfondie" car on retrouve que les H'akhamim enseignaient des Agadot au Tsibour (par exemple Rabbi A'kiva sur Esther et les 127 ans de Sara, Rabbi Meïr qui faisait un tiers de Derouch, etc...), mais apparemment pour d'autres raisons que celle du Ramh'al.
Il y a encore d'autres avis dans les Richonim qui sont très intéressants: Chita des Gueonim sur Tselofh'ad, Rachbech sur Rabbi A'kiva sur Esther et les 127 ans de Sara, etc.
Je fais court car j'ai lu dans une de vos réponses que vous aviez tout un Sefer écrit dessus. Le Rambam dans sa Hakdama sur Zeraï'm laisse entendre aussi que l'étude des Agadot est pour ceux qui savent la lire. Les autres en viendrait à s'en moquer de par leur manque de compréhension. Certains Gueonim, comme Rav Hay Gaon, faisant d'ailleurs une distinction entre le Derouch se trouvant dans le Chass et celui ne s'y trouvant pas.
J'avais écrit sur ce sujet il y a quelques années, mais j'imagine que ce que vous avez doit être assez complet. En tout cas, selon tous ces avis précités, l'étude de la Agada serait soit pour une certaine "élite", soit pour d'autres raisons que les Richonim développent (n'étant pas forcément la manière d'appréhender que l'on peut avoir de la Agada de nos jours), sachant que selon certains encore il y a un h'ilouk selon qu'elle est dans le Chas ou non.
Or selon tous ces avis, comment comprendre le passage du Sifri "Retsonekha Lehakir etc..." alors que selon ces avis on ne voit pas, à première vue, comment ils mènent à cela ?
J'aurais proposé de répondre qu'au travers des Agadot, bien qu'il y ait encore d'autres raisons à celles-ci, elles sont écrites de manière à ce qu'on y voit les Derakhim d'Hachem, comme Mida Kenegued Mida, Verah'amav A'l Kol Maa'ssav, Baacher Hou Cham, et autres Hanhagot d'Hachem, et, au travers de la Hagada racontée sous forme d'histoire, on peut comprendre, s'attacher, s'inspirer de ses Hanhagot, ou encore s'éloigner de la faute plus facilement en comprenant comment "agit" Hachem. Ainsi, la Mitsva de Vehalakhta Bidrakhav nous demandant de lui ressembler dans sa miséricorde, Tsidkout, etc, peut encore plus facilement être accomplie puisqu'on nous "illustre" cela de manière plus concrète.



Les sources que vous mentionnez ne font qu’évoquer l’existence de certains individus récalcitrants, qui ne savent pas comprendre une Agada et donc s’en moquent ou la comprennent de travers.

Mais il ne s’agit pas de dire que cela serait intrinsèque à leur âme ou qu’ils ne pourraient pas se parfaire sur ce point et découvrir le vrai sens des Agadot.

Cela n’implique pas de pouvoir les comprendre à 100% du jour au lendemain, mais au moins cesser de les railler et entrevoir quelques idées profondes dans ces textes.

Ainsi, lorsque ‘Hazal disent « Retsonekha Lehakir… », ils ne font que dire que la Agada renferme des idées profondes permettant d’appréhender la divinité convenablement.
A chacun de se préparer et se travailler pour arriver à en percevoir les enseignements.
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