Citation:
Les villes où les Chlouhim n’avaient pas le temps d’arriver en dehors d’Eretz Israel devaient faire deux jours de yom tov dans le doute sur le jour où le mois a commencé. De nos jours, malgré le calendrier, on a gardé le minhag de faire deux jours.
Ma question est: Dans les villes en dehors d’israel où les chlouhim avaient le temps d’arriver où ils faisaient donc 1 jour de yom tov à l’époque, peuvent-ils aujourd’hui faire un jour de yom tov comme en Israël ?
Vous posez une bonne question.
C’est une Ma’hloket Rishonim.
Le
Rambam (hil. Kidoush Ha’hodesh §5) semble effectivement considérer que cela dépend des endroits où arrivaient les envoyés.
Certains comprennent du
Rambam que c’est pour ce qui est des villes limitrophes/proches d’Erets Israel, et ils considèrent qu’en Erets Israel on estime que les envoyés arrivaient partout, du moins dans tout endroit habité par des juifs à l’époque.
Il y a des ambiguïtés dans les mots du
Rambam dans ce chapitre, mais en tout cas il tient compte de «
là où les envoyés arrivaient ».
(Il y a moult détails et subtilités dans l’opinion du Rambam sur ce point…)
Tandis que la majorité des Rishonim considère, à l’instar du
Ritva (Rosh Hashana 18a et Souka 43) que depuis la Takana de respecter 2 jours en ‘houl en dépit du calendrier fixe, toute la Gola est concernée (et seule la Terre d’Israël ne l’est pas).
(Reste à définir ce qui s’appelle Erets Israel.)
On ne s’intéressera donc pas aux endroits où les envoyés arrivaient, mais ce qui importe c’est « Erets Israel ou non ».
Les A’haronim soulignent que des mots de
Rashi (Beitsa 4b sv. Leima) on comprend comme le
Ritva.
Idem du
Tosfot (Beitsa 5a sv. Ha Lan), ainsi que du
Rif dans
Beitsa et autres Rishonim. cf.
Tsits Hakodesh (§41-42), et Ir Hakodesh Vehamikdash (III, §19).
Même
Rav Saadia Gaon suivrait cette opinion, ainsi que
Rabénou ‘Hananel (Psa’him 52a). C’est aussi ce qui semble ressortir du
Yeroushalmi Erouvin (III,9).
Le
Yaabets (Shéilat Yaabets §168) déduit de
Rabénou Tam (Tosfot Psa’him 51b) qu’il penserait au contraire comme le
Rambam, mais cette déduction est repoussée par les A’haronim car il s’agit d’un texte parlant de l’époque où l’on était mekadesh le mois et donc où les envoyés partaient effectivement. Dans ce cas, pour cette époque, tous s’accordent que ça dépendait des endroits visités par les envoyés.
L’opinion générale retenue dans la Halakha est celle du
Ritva (contre celle du
Rambam qui n’est pas retenue), cf.
‘Hazon Ish (o’’h §132), Tsits Hakodesh (I, §42), Ir Hakodesh Vehamikdash (III, §19).
[Néanmoins, j’ai l’impression que dans ces villes proches d’Erets Israel, il y a quelques siècles, on tendait plutôt pour la position du Rambam et non celle du Ritva. Car il me semble du Shout HaRadbaz (§1105) qu’il pense comme le Rambam.]
Le Yom Tov Shéni s’appliquera donc dans tout ‘houts Laarets et ne sera pas applicable dans tout Erets Israel.
Concernant Eilat, les avis divergent.
D’aucuns considèrent que c’est comme Erets Israel et on y fera un seul jour
[Tsits Eliezer (III, §23), Mikraei Kodesh (II, §52), Baroukh Sheamar (hil. Yom Tov p.269) au nom du ‘Hazon Ish, Ir Hakodesh Vehamikdash (III, §19)],
certains considèrent au contraire Eilat comme ‘Houts Laarets et on y fera 2 jours de YT [
Shaarei Its’hak (§12,7), Rav Sternbuch (Hagada de Pessa’h p.137), Baroukh Sheamar (hil. Yom Tov p.269) au nom de
Rav Ben Tsion Aba Shaoul],
et d’autres, considérant le Safek, imposent d’adopter les ‘Houmrot des deux possibilités [
Rav Elyashiv (Ashrei Haïsh o’’h III, §5,20) et Rav S.Z. Auerbach (YT shéni Kehilkhato §18,4, note 10)].
D’un autre côté, Gaza fait partie d’Erets Israel sur ce point et on n'y célèbre qu’un seul jour de YT
[Shout HaRadbaz (§1105), Yaskil Avdi (VI, §2), Kaf Ha’haïm (§496, sk.6)] (bien qu’il existe aussi des opinions contraires -
Sim’ha Leïsh §5).