Citation:
Mon papa est veuf depuis 3 ans, il a récemment rencontré une veuve aussi cherchant à se marier
Cependant celle ci adhère au mouvement massorti.
J'explique a mon père que ce mouvement est proche du réformisme, et que pour quelqu'un qui aspire à grandir en yirat chamayim et a ne pas s'éloigner d'ashem, il est inconcevable de fréquenter une personne de ce genre.
Il a accepté mes recommandations, mais a des regrets car semblerait il, cette dame est tombée chez massorti " par hasard ", et qu'elle aurait pû atterir dans un mouvement " traditionnel " , mais que c'est le premier mouvement quelle a rencontrée quand elle a fait tshouva ( je reste très perplexe quant à cet argumentaire, vu qu'apparemment elle est depuis des mois, voir plus , dans cette mouvance )
Aussi, son discours me paraît peu plausible car celle ci a l'air plutôt d'avoir des idées bien arrêtées sur la religion ( idées qui semblent corroborer avec le mouvement massorti, par exemple elle disait à mon père au cours de leur entrevue " je veux bien adhérer à quelque-chose de plus traditionnel mais je veux que l'on m'explique par exemple en quoi la mixitée est un problème " , elle etudirai le Talmud semblerait il, se présente comme une " intellectuelle " etc )
Aussi par exemple, lorsqu'elle vient à Paris pour des " shidouhim " , elle loge dans un couvent...
Bref. Plein de choses louches, qui ne m'inspirent absolument pas confiance.
Pour être synthétique : j'ai dit à mon papa ( pour qui je suis en quelque sorte une référence en hashkafa, vu qu'il a fait tshouva sur le tard ) quil ne fallait absolument pas creuser cette relation, j'ai été même brusque dans mes paroles ( en lui disant que ces courants sont des ennemis du am Israël, qu'en aucun cas je ne cautionnerai cette union etc ( même si on n'en est pas du tout là , il ne la rencontre qu'une fois, mais semblerait il, et c'est tout le problème, le feeling est super bien passé )
J'ai plusieurs questions :
1. Que pouvez vous me dire sur ce mouvement massorti , car au final, même si j'en ai entendu quelques bribes très péjoratives ( pour le juif haredi ( au moins au niveau de la plupart des points de la hashkafa ) , je ne connais finalement pas grand chose sur eux
2. Est-ce que j'ai bien agi en le décourageant ( avec véhémence ) de creuser cette union ?
Difficile de répondre sans connaitre ni l’un ni l’autre.
Il m’est avis que le « mouvement Massorti », en France du moins, n’est pas bien défini.
Je veux dire que nombre de ses adhérents n’en ont pas la même définition.
On pourrait dire la même chose du mouvement orthodoxe/’Harédi, ainsi que de nombreux autres mouvements, mais la particularité que je souligne à l’endroit du mouvement Massorti concerne les points qui, du point de vue orthodoxe, sont rédhibitoires.
C’est-à-dire que si certains adhérents Massorti seront vus comme des Kofrim par les orthodoxes, ce n’est pas le cas de tout « Massorti ».
Plusieurs personnes adhèrent au mouvement Massorti sans vraiment savoir ni connaitre tous les éléments qui le distingue de la vraie « Massoret ».
Je pense que c’est même la majorité des considérés « Massorti » qui y adhèrent pour des points sympathiques qu’ils y ont trouvé, mais sans jamais avoir confronté les positions des différents mouvements par une étude comparative analysée à l'aune de la Halakha.
La vraie question qu’il faut se (/lui) poser, c’est si sa volonté est d’adhérer au judaïsme ancestral, traditionnel, ou si elle pense qu’il faut y apporter des retouches pour le moderniser.
Est-ce qu’elle pense qu’il faut accepter le Talmud ou non ?
Si elle accepte le Talmud comme faisant autorité, et qu’elle souhaite se conformer à toutes ses halakhot,
comme l’ont souhaité tous ses ancêtres et les ancêtres de tous les juifs durant tout le Moyen-Âge et jusqu’à la Haskala : elle reste « ksheira », même si elle s’en écarte parfois.
Mais il est certain qu’en fréquentant les milieux Massorti, elle risque de s’écarter encore plus de la tradition.
Il ne faut pas mélanger deux aspects ; il y a le fait se statuer sur la Kashrout de la personne, est-elle ou non rattachée à un mouvement qui lui donne le statut d’Apikoros/Kofer/etc., et il y a aussi un second aspect, non moins important : quand bien même serait-elle « halakhiquement Ksheira », est-ce bien le genre de judaïsme que votre père veut vivre ?
C’est pourquoi je dirais (mais encore une fois sans les connaitre, donc c’est à analyser en connaissant les concernés) qu’il faut aller plus loin et voir si elle est prête à « harmoniser » sa pratique avec celle de son futur mari (ou si au contraire elle attendrait de lui qu’il la rejoigne vers le camp Massorti).
Je ne connais pas le niveau de pratique religieuse de votre père, mais « harmoniser sa pratique avec celle de son futur mari » ne doit pas nécessairement impliquer les ‘Houmrot et Hanhagot particulières qu’il aurait adoptées, et elle peut suivre des Psakim moins rigoureux
(-oui, car il ne faut pas rêver, les Psakim du mouvement Massorti sont comme par hasard quasiment toujours plus Lekoula) tant qu’ils sont émis par un rabbin traditionaliste
(=qui ne se dit pas Massorti, mais qui est réellement ce que veut dire le mot Massorti) respectueux des traditions juives ancestrales et du code halakhique juif
(alias : le Talmud avec interprétation des Poskim).
Peut-être qu’un élément clé serait le niveau d’implication religieuse ; si celui de monsieur est plus important que celui de madame, ça irait.
Si au contraire c’est celui de madame qui est plus important que celui de monsieur, ça n’ira pas.
Car si elle n’est pas vraiment préoccupée par la religion, et que lui l’est plus, et qu’elle accepte de le suivre en cela, elle suivra aussi la manière de pratiquer de son futur mari.
Mais si elle est militante Massorti et revendique son appartenance à ce mouvement pour se distinguer de la tradition classique, ça ne présage rien de bon.