Hachem a donné à Pin‘has « Mon alliance de paix » (berithi chalom) (Bamidbar 25, 12).
Dans les rouleaux de la Tora, la lettre waw du mot chalom présente, selon la tradition massorétique, une fine brisure, et le yod du mot Pin‘has, dans le verset 25, 11, est rapetissé.
Ces deux anomalies scripturales sont là pour signaler que l’approbation par Hachem du geste de Pin‘has n’a pas été pleine et entière.
Certes, « celui qui a des rapports sexuels avec une “Araméenne”, les gens d’un zèle pieux (qenaïm) peuvent se saisir de lui [pour le punir lorsqu’ils l’ont pris en flagrant délit] » (Sanhédrin 81b), et le faire ainsi échapper la justice des hommes.
Voilà où se situe la spécificité de Pin‘has. Il n’a pas été écarté de la dignité de kohen gadol, bien qu’il ait versé le sang. Mais « l’illégalité » de son acte n’a pas été sans conséquences fâcheuses :
Lorsque Jephté a été mis « au pied du mur » et qu’il a dû exécuter son vœu d’exécuter sur sa propre fille celui qu’il avait fait d’offrir en holocauste « ce qui sortirait des portes de sa maison à sa rencontre » (Choftim 11, 31 et suivants), il aurait pu aisément se faire relever de son engagement
Cela lui aurait été d’autant plus facile que son contenu et les circonstances dans lesquelles avait été émis ce vœu auraient permis aisément son annulation.
En réalité, expliquent nos Maîtres, Jephté aurait pu se faire relever de son vœu par Pin‘has, le kohen gadol, mais il s’était dit : « Je suis le chef des enfants d’Israël ! Ce n’est pas à moi d’aller chez Pin‘has ! » Quant à celui-ci, il a fait le raisonnement inverse : « Ce n’est pas à moi, kohen gadol fils de kohen gadol, de me rendre chez ce rustre ! » Ayant été la cause des malheurs de la jeune fille, ils ont été punis l’un et l’autre : Pin‘has a perdu l’inspiration divine (roua‘h ha-qodèch). Quant à Jephté, son corps a été dépecé et enterré dans plusieurs endroits (Midrach Qohéleth Rabba 10, 15).