Le phénomène auquel vous avez assisté n’est pas si répandu que cela, c’est surtout à Bnei Brak qu’on le rencontre, dans les synagogues suivant l’opinion du ‘Hazon Ish.
En fait, les minhaguim diffèrent et il y a des discussions quant à savoir si l’on peut faire le Kadish à plusieurs.
Dans les communautés Sfarades, c’est admis depuis des siècles, le Kadish se récite à plusieurs à la fois, tous les « candidats » s’avancent et se rangent en ligne, afin d’entendre ce que les autres disent et réciter chaque mot en même temps et ne pas créer une pagaille liturgique.
C’est un beau Minhag, le Yaabets (sidour -kadish yatom après aleinou) les en félicite, voir aussi
Sdei ‘Hemed (Aveilout §54) et
Hakadish (Assaf, p.206, note 1).
Cependant, chez les Ashkenazim, c’est souvent synonyme de désordre, car ils ne se regroupent pas et chacun récite son kadish à sa cadence sans se soucier des autres qui lisent plus ou moins vite que lui.
Il y a donc aussi des opposants à ce Minhag car il crée le désordre et les fidèles ne savent plus où mettre la tête en raison des Kadishim qui fusent de partout à cadences différentes.
Cf.
Shoul’han Hatahor (Komarno)( §132, 4),
Shout Binian Tsion (§122),
Shout ‘Hatam Sofer (Y’’D §345) et (O’’H §159) ,
‘Hazon Ish (Dinim Vehanhagot, §IV, 7, p.42),
Shout Zekher Sim’ha (Bamberger, §8) [qui cite le Rav Shlomo Zalman Klein, grand rabbin de Colmar (-et auteur du précieux livre « le Judaïsme ou la vérité sur le Talmud »)].
Toutefois, dans la réalité, l’habitude est tout de même de faire le kadish à plusieurs -même chez les Ashkenazim qui semblent incapables de se coordonner convenablement (à l’instar des Sfaradim). Cf. ‘Hayei Adam (§30, 7) et Tsits Eliezer (IX, §15).
C’est probablement pour éviter pire : la Ma’hloket et les disputes qui découlent systématiquement des lois établies par certains poskim pour légiférer et créer un ordre de priorité (ou un tirage au sort) pour décider de qui se verra décerner la charge ou l’honneur de réciter le Kadish.
Les rabbins ont donc préféré tolérer dans la synagogue la pagaille plutôt que la dispute.
Dans ce cas, on recommandera de se regrouper pour éviter la cacophonie inéluctable si les endeuillés sont éloignés les uns des autres. Cf. Tshouvot Vehanhagot (I, §103) et (II, §42) et Tsits Eliezer (IX, §15).
Ou encore, si la synagogue est très grande, on pourra aussi tolérer qu’il y ait des (jusqu’à 3) endeuillés dans des coins différents et distants afin de ne pas se déranger mutuellement, et chacun répondra au kadish de l’endeuillé le plus proche de lui.
Cf. Shout Mishnat Sakhir (§11) et Shoul’han Hatahor ( §132, 4).
Par contre, de mémoire, mon maître Rabbi ‘Haim Yaakov Rottenberg nous avait dit dans ce cas, que nous devions répondre à chaque kadish que l’on entend (et qu’on ne doit pas se dire, par exemple lorsqu’on entend la fin d’un kadish auquel on n’avait pas répondu car on répondait à un autre kadish plus proche qui s’est terminé avant, qu’on ne doit donc pas se dire qu’en ayant répondu entièrement à un autre kadish, cela nous exempte de répondre à cette phrase de kadish d’un autre).
Néanmoins, bien que le Minhag le plus répandu soit de donc de réciter le kadish à plusieurs, dans l’ordre et de manière organisée, ou dans la cacophonie et la pagaille, le ‘Hazon Ish (op cit) quant à lui, considérait deux réciteurs de kadish comme deux officiants (Shlou’hei tsibour), ce qui n’est pas correct selon la Halakha.
C’est pourquoi, ceux qui suivent ses prescriptions interdisent la récitation simultanée du kadish par plusieurs endeuillés et -en cas de besoin, se séparent après le Kadish d’Ouva Letsion pour terminer la Tfila en deux offices -dans deux pièces distinctes.
Lorsqu’il n’y a pas de seconde pièce disponible, il reste l’option de la Me’hitsa qui vous a étonné.
Par manque de temps et de force, je ne me relis pas en espérant ne pas avoir commis trop de fautes.