Voilà une question qui m'a été posée et ma réponse à la suite:
Citation:
J’aimerai savoir selon vous comment faut il interpréter les événements qui secouent le monde, je parle bien sur du virus. Faut il s’engoisser ? c’est le machiah ? Hachem attends quoi de nous exactement ? c’est sure qu’il y a un message.
Tout d’abord, je ne me sens pas en mesure de pouvoir vous dire avec assurance la manière précise dont il faut analyser cette épidémie et qu’est-ce qu’attend D.ieu de nous vis-à-vis de ces événements.
Je sais que beaucoup de rabbanim le font avec assurance, je ne sais pas d’où ils tirent une telle assurance, mais vous remarquerez que dans la mesure où ils sont porteurs de messages différents, c’est qu’ils ne sont pas tous assurés de ce dont chaque autre est assuré.
Je peux vous dire ce que j’ai dit hier à la synagogue pour répondre aux mêmes questions, surtout celle de l’angoisse :
Une personne qui s’inscrit dans un projet divin, une personne pour laquelle sa Avodat Hashem tient la place essentielle dans sa vie et qui a pour volonté d’éduquer ses enfants dans la Torah et en faire des tsadikim et qui vit en adéquation avec ces aspirations, une telle personne n’a rien de particulier à craindre, car elle bénéficie de la Hashga’ha Pratit.
Je veux dire que celui qui ne bénéficierait que de la Hashga’ha Klalit, comme pour les animaux
(-selon les Rishonim du moins), car il ressemble à l’animal en cela que son but essentiel dans la vie est de « profiter matériellement de la vie », cet homme-là a réellement une raison de s’inquiéter de ce virus, car il pourrait en être une victime collatérale.
En effet, D.ieu, dans le cadre d’une hashga’ha Klalit, ne veille pas à la survie de chaque individu à titre personnel, mais seulement à la survie de l’espèce.
Alors que la hashga’ha Pratit implique une supervision adaptée à la personne.
Cela n’empêche pas un gentil Tsadik de mourir d’une épidémie, nous avons déjà eu des cas (malheureusement), comme le
Arizal, le
Ram’hal et beaucoup d’autres qui sont morts dans le cadre d’une épidémie alors qu’il ne fait aucun doute qu’ils vivaient avec un objectif spirituel avant tout et bénéficiaient donc de la Hashga’ha Pratit, mais rien n’empêche qu’il y ait une Gzeira nécessitant qu’un Tsadik comme le
Ram’hal doive quitter ce monde et ça peut se faire via un virus.
Cependant, il n’y a pas lieu de s’angoisser tout simplement parce que l’apparition du virus ne changera RIEN au destin du Tsadik
(=de celui qui vit pour un projet divin, même s’il n’est pas un super Tsadik), s’il peut en décéder, c’est uniquement si Min Hashamayim il a été décidé qu’il décède, donc même sans virus ni épidémie, il serait mort d’une crise cardiaque, d’un accident de voiture ou d’autre chose, D.ieu n’a pas besoin d’un virus pour cela.
L’apparition du virus, la propagation de l’épidémie ne le met pas en danger plus qu’il y a 6 mois ou un an.
Donc aucune raison de s’angoisser
[-s’il se comporte Al Pi Téva, c-à-d qu’il fait attention aux recommandations des médecins, se lave les mains etc.].
Par contre, celui qui vit DANS et POUR le matériel, celui dont le but dans la vie n’a rien de spirituel, celui qui n’engage pas sa vie dans une Avdout et ne se considère pas Eved Hashem, celui qui ne s’investit pas dans une Avodat Hashem sincère, qui n’essaie pas d’apprendre la Torah ni de l’enseigner à ses enfants, qui ne pratique pas les mitsvot
(ou qui ne pratique pas celles qui ne lui disent rien), celui-là, en effet a de quoi se soucier de la propagation de l’épidémie, car ne bénéficiant que de la hashga’ha Klalit, il pourrait succomber au virus MÊME si aucune Gzeira n’avait été prise à son sujet au départ.
A partir de là, si vous me demandez sur quoi faut-il se renforcer, je n’ai que l’embarras du choix pour vous répondre : il faut se renforcer sur n’importe quel point que l’on sait faible chez soi et cela, dans un esprit de cohérence avec une Avdout, avec un engagement de toute sa vie
(ce qui n’empêche pas de s’amuser, de partir en vacances, etc., etc. ça exclut seulement celui dont les vacances sont l’essentiel dans sa vie alors que son Limoud et sa Avodat hashem restent accessoires à côté).
Si on ne sait quel point choisir, je dirais qu’il faut se renforcer dans cette Mitsva qui nécessite toujours d’être renforcée : l’étude de la Torah orale. (Cf.
Brakhot 5a, «
Yitlé Bevitoul Torah »)
Je sais qu’on me fait souvent remarquer que je dis toujours qu’il faut se renforcer dans le Limoud, et un peu à toutes les sauces, hélas, c’est ce que je pense et j’ai du mal à dire des choses que je ne pense pas -même si "les gens" préfèrent les entendre
(du type : vous assurer que ça y est, « c’est la venue du Messie, celui qui ne le voit pas est aveugle ! » etc.
D’où pourrais-je avoir cette certitude ?
Qui suis-je pour assurer les gens de la venue imminente du Messie ?
Il ne m’a pas prévenu de son arrivée imminente, donc je ne suis pas dépositaire de l’info).
Cette tendance à (presque) toujours rappeler qu’il faille se renforcer dans le Limoud, je la tiens de mes maîtres à la Yeshiva qui nous ont répété et rabâché à de maintes reprises la nécessité de se renforcer dans le Limoud.
Combien de fois
Rav Shakh,
Reb Dovid Powarsky ou
Reb Guershon Edelstein nous ont répété l’importance primordiale de se renforcer dans le Limoud ?
Combien de fois les Gdolei Israel ont répété la même chose lors de crises, dangers, épidémies… ?
Selon ce que j’ai écrit plus haut, c’est très sensé ; en effet, qu’est-ce qui peut orienter une vie vers la Avodat Hashem pure, plus que Limoud hatorah ?
Je ne vous parle pas de devenir Avrekh, continuez à travailler, mais ménagez tous les jours une plage horaire consacrée au Limoud de la Torah Shebeal Pé.
Idéalement dans un Beit hamidrash, en ‘Havrouta ou à défaut, avec un Shiour.
Même en ne consacrant qu’UNE heure par jour à l’étude, ça peut être le centre de la journée d’un juif.
UNE heure contre 23, mais une heure essentielle.
Voilà, je pense, pourquoi les Gdolei Israel disent toujours qu’il faut se renforcer dans le Limoud, car cela entraîne forcément un renforcement du lien avec D.ieu et cela donne une direction à toute notre vie dans la Avodat Hashem.
A part ça, vous devez le savoir, la Mitsva de Limoud Hatorah est la Mitsva essentielle de la Torah, c’est elle qui permet d’accomplir convenablement toutes les autres Mitsvot, c’est pourquoi les Sages disent qu’elle équivaut à toutes les Mitsvot
(Mishna Péa I, 1, et Shabbat 127a), car sans elle, aucune Mitsva n’est parfaitement accomplie
(même si on a lu tout le Kitsour Shoul’han Aroukh et le Yalkout Yossef et le Mishna Broura, la compréhension du lien qui se crée entre l’homme et D.ieu via les Mitsvot, ne s’appréhende que par l’étude du Shas).
Après, on peut proposer des tas de choses et partir en conjectures sans fin.
Je suis sûr que des rabbanim s’en sont déjà chargés et ils n’ont pas besoin de moi.
On peut voir la main de D.ieu dans des tas de détails et de manières différentes.
C’est de la Chine que le mal a été importé vers le reste du monde, comme les smartphones importés de la Chine vers le reste du monde. Ces smartphones qui détruisent la concentration dans le limoud hatorah, qui introduisent une pritsout sans précédent dans les maisons, qui détournent les jeunes (et moins jeunes) de la Avodat Hashem
(-oui, on peut continuer à pratiquer les « actions mitsvatiques » sans être inscrit dans une véritable Avodat Hashem), etc.
On leur trouvera tous les maux
(mais parfois pas tous les mots), bien que l’on puisse les utiliser aussi pour la Avodat Hashem si on sait les utiliser intelligemment.
Hélas, on ne peut pas dire que ce soit le cas de la majorité.
On peut aussi s’interroger sur le nom qui a été donné au virus, « corona » qui veut dire
(en espagnol) une couronne.
Assurément, certains kabbalistes vont expliquer que c’est lié à une faute par rapport au Kéter.
Je n’en dis pas plus, je n’y connais rien en kabbale.
Par contre, j’apporterais volontiers une explication de type « Droush » pour expliquer le lien avec le Kéter :
Dans la Kdousha nous disons que nous sanctifierons D.ieu « Kenoam »
(Sia’h Sod Sarfei Kodesh), c-à-d’une manière qui «
ressemble » à celles des Malakhim.
Or, dans la Kdousha de Moussaf, appelée Kéter
(du moins chez les kabbalistes), on dit Keter Yitnou Lekha… Malakhim… « IM » amekha israel…
c-à-d qu’on dit qu’on va couronner D.ieu de la «
même manière » que les Malakhim.
Pourquoi dans Sha’harit on dit qu’on va essayer de ressembler à ce que font les anges alors que dans Moussaf on prétend pouvoir en faire autant ?
Eh bien parce qu’entre les deux il y a eu la Kriat hatorah qui symbolise le Limoud hatorah !
C-à-d qu’avant l’étude, on n’est qu’un homme, mais après le Limoud on est comme un Malakh, car l’étude permet d’appréhender D.ieu et les Mitsvot, elle permet de se rapprocher de D.ieu à travers l’accomplissement des Mitsvot, ce qui n’est pas accessible sans le paramètre Limoud.
Voilà le Remez du « corona » qui encourage à s’impliquer plus puissamment dans le Limoud.
Si vous avez le sentiment d’en faire déjà beaucoup dans le Limoud, les autres pistes ne manquent pas ; Il y a quelques siècles, en période de pogroms (en 1648-49), le
Tosfot Yom Tov (Rav YT Lippman Heller) a instauré un Mi Sheberakh particulier à réciter le shabbat
(après la Kriat hatorah du matin), pour bénir tous ceux qui font attention de ne pas parler pendant la Tfila, qu’ils soient sauvés et épargnés de tout mal et de toute maladie.
Je ne pense pas que les paroles de ce Rav (qui voyait un lien entre la aveira de parler pendant la tfila et le fléau) soient arrivées à péremption.
Et il est malheureusement trop fréquent qu’il y ait des gens qui parlent pendant la ‘hazarat Hashats ou la kriat hatorah…
Pour finir, je sais que plusieurs de nos frères ont déjà été contaminés, en Erets Israel, aux USA et en France
(et peut-être ailleurs).
Prions tous ensemble qu’Hashem leur envoie rapidement la guérison, sans souffrances, sans peur, ni pour eux ni pour les membres de leurs familles.
Que ce virus soit rapidement vaincu et qu’il ne fasse plus de victimes, que tous les malades guérissent.
Mais pour que nos prières aient du poids, il est indispensable de ne pas nous battre entre nous.
De tout faire pour arriver à faire la paix avec nos ennemis, d’essayer de les juger LeKaf Zkhout, et surtout, surtout, ne pas se mépriser mutuellement sous prétexte religieux, ne pas s’empresser de condamner la conduite d’autrui en ayant le sentiment qu’on le fait pour le Kvod Shamayim, alors qu’en fait ce n’est que notre intolérance qui nous empêche d’admettre qu’un autre puisse avoir une Avodat Hashem différente de la nôtre, comme l’écrit le
Netsiv dans la préface du Sefer Bereshit : D.ieu n’aime pas et ne supporte pas les Tsadikim qui ne tolèrent pas autrui sous prétexte qu’il n’est pas exactement sur la même longueur d’ondes qu’eux en Avodat Hashem.
Qu’Hashem nous protège et nous sauve, qu’Il guérisse tous les malades, de ce virus et d’autres maladies et que nous puissions tous nous renforcer dans la Avodat Hashem, le plus sincèrement possible, sans hypocrisie, sans haine, mais avec humilité et que nous méritions d'accueillir le Mashia'h
Bimhéra Beyameinou, Amen.