Citation:
J'ai participé a un shabbat organisé en France.
Il s'agissait d'un shabbat de kirouv, ou le rav avait fait en sorte d'inviter autant des personnes shomréi shabbat que des personnes qui ne le sont pas, dans le but de "partager" une ambiance de shabbat avec ceux qui ne la connaisse que peu.
Au moment de chanter les zmirot de shabbat, le rav a distribué les textes en précisant au filles qu'elles avaient tout a fait le droit de chanter.
Je suis donc aller le voir à la fin du repas, et il ma expliqué que le fait de faire du kirouv "impose" souvent de se reposer sur certaines koulot, et il y aurait notemment une koula permettant au femme de chanter en présence des hommes lorsqu'elles sont plusieurs car on ne distinguerai plus leur voix.
J'ai beaucoup de respect pour les personnes qui font du kirouv et je pense qu'il est tres important de trouver des koulot pour faciliter l'integration dans la pratique des mitsvot.
Cependant, en cherchant dans quelques sfarim de halakha je n'ai trouvé aucune koula sur "kol isha", meme pas dans le yalkout yossef.
Est ce qu'elle existe vraiment ?,
si oui quelle en est la source ?
Le
‘Hatan Sofer (O’’H Shaar Taharat Yadaïm §14) se demande si on peut écouter un homme et une femme chantant ensemble, mais le
Beer Yehouda (sur le sefer ‘Harédim) l’interdit . Voir
Otsar Haposkim (§XXI, 1, Sk.20, 4, p.50).
Certains autorisent lorsque ce sont des Zmirot de Shabbat, voir
Sridei Esh (I, §77) (II, §8) qui autorise dans le cas de colonie de vacances où c’est nécessaire pour le Kirouv, cela pourrait correspondre à votre cas (et encore que l'âge ne doit pas être le même. Je suppose que le Shabbat dont vous parlez regroupait plutôt des 20-30 ans que des 10-12 ans).
Le
Rav Yehouda Henkin (Shout Bnei Banim III, §25, 2) cite son grand-père le
Rav Eliahou Henkin qui autorisait lui aussi, en précisant que c’est valable seulement pour ceux qui ont reçu cette tradition dans leur famille.
Restriction qui ne plait pas au petit-fils qui s’en défait et autorise à tous de pratiquer ce heiter.
Mais cette permission est loin de faire l’unanimité.
Le
Tsits Eliezer (VII, §28) s’y oppose.
Voir aussi
‘Hatam Sofer (H’’M §190),
le
Rav Horovitz (Sridei Esh I, §121),
le
Az Nidberou (III, §71) et (IX, §59),
Mena’hem Meshiv (§26),
‘Hok Yaakov (§479, sk.6) ,
Yossef Omets (§602),
‘Hazon Lamoed (§5),
Erets ‘Haim (Sutton) (E’’H §21),
Yishrei Lev (E’’H lettre kouf, §12),
Yeffé Lalev (1, O’’H §75, 3),
Beer Sheva (kountras Beer Mayim ‘Hayim 3)
(les 8 derniers sont cités dans le
Otsar Haposkim §21, 1, sk.20, 3, p.50).
Je dirais donc qu'il ne convient pas de faire un esclandre, mais si vous avez personnellement l'habitude d'éviter ce genre de situation, sortez de la pièce à ce moment sans montrer de colère ni de désagrément, faites comme si vous deviez aller aux toilettes ou autre chose.
Ne participez pas mais faites le discrètement, surtout si les rabbanim organisateurs sont d'avis d'autoriser. Créer une Ma'hloket ou similaire, est d'après tout le monde bien plus grave que de rester sur place sans "profiter"/prêter attention aux voix féminines mêlées aux masculines.
Dans le
Making of a Godol (p.XXII), il est raconté que lorsque
R. Boroukh Ber Leibovitz a été invité un shabbat aux USA chez
Rav Elozor Méir Preil, les filles de ce dernier se sont mises à chanter à table les Zmirot et
Rav Leibovitz sauta en l’air et s’enfuit.
L’ambiance en a été totalement plombée.
L’année suivante, lorsque
Rav Ruderman vint à passer un Shabbat chez
Rav Preil, l’hôte demanda à son invité comment il réagirait si jamais ses filles venaient à participer aux Zmirot.
Il répondit qu’il se contentera de ne pas les écouter, sans faire de scandale.
Je ne sais pas exactement quel âge avaient ses filles, mais il est possible que
rav Leibovitz lui-même ait changé d’avis suite à cet incident, considérant que dans le cadre de Zmirot, on peut être Meikel.
Je dis ça car dans le
Shout Tmourat Ayil (§70) http://www.hebrewbooks.org/pdfpager.aspx?req=46157&st=&pgnum=197
il est rapporté que ce même
Rav Leibovitz a dit à son gendre
R. Reouven Grozowsky que dans certains cas, lorsqu’il s’agit de Zmirot, on peut être indulgent (et on ne
réagira pas).
Je regrette de ne pas avoir fait part de cette trouvaille à l’auteur du
Making of a Godol, rav Nosson Kamenetski, qui est hélas décédé à Shavouot 5779 (ou en veille de Shavouot).
Nous étions pourtant en relation par email, j’ai laissé traîner ce point, dommage.
Ce Rav avait encore énormément à nous apprendre (il prévoyait d’autres tomes de son livre, mais a été refroidi par l’accueil glacial qui lui a été fait…), c’est une grande perte pour la connaissance de l’histoire rabbinique et la construction des Hashkafot qui en dépend.