C’est avec tristesse que j’annonce ici le décès du Rav Moshé Ye'hiel Tsuriel-Weiss זצ"ל.
Survenu jeudi soir 10 août 2023, soit le 24 Av 5783 à l’âge de 85 ans.
[Son nom de naissance : Rav Moshé Ye’hiel Halévi Weiss, il a changé Weiss (qui faisait trop allemand à son goût) pour Tsuriel (Zuriel) afin d’hébraïser son patronyme (mais tout en utilisant surtout Tsuriel, il gardait quand même Weiss, sur sa porte étaient inscrits les deux noms).]
Ce Rav était d’une très grande Bekiout dans tous les textes de la Torah (Bavli, Yeroushalmi, Midrashim, Zohar, Kabbala, Baalei Moussar, etc.), d’une simplicité, d’une gentillesse et d’une modestie remarquables.
Spécialiste en Moussar, Agadot, Kabbala et Hashkafa, il a été Mashguia’h dans différentes Yeshivot.
Malade depuis quelques temps, son état s’était aggravé il y a quelques semaines, mais il continuait à donner son shiour hebdomadaire (chez lui) tant qu’il en avait la force, bien qu’il ne pût plus, depuis quelques semaines, manger (et était nourri par perfusion) ni marcher (et était sur chaise roulante). Malgré tout, il donnait son shiour avec le sourire, enthousiasme et joie de vivre.
Le Rav a écrit des dizaines de Sfarim, c’est ainsi que je l’ai connu il y a plusieurs années, je venais le visiter chez lui à Bnei Brak, puis, habitant en France, je ne pouvais pas venir le voir souvent, nous avons continué à échanger par téléphone et par mail.
Il faisait partie des rabanim que je consulte et à qui j’envoie des questions, auxquelles il répondait toujours avec une très grande modestie et une gentillesse extrême.
Rav Moshé est né en Allemagne le 5 mai 1938, ses parents (avec lui) ont réussi à fuir les nazis et ont gagné l’Amérique où il a grandi, mais il s’est installé en Israël étant jeune, il y a plus de 60 ans.
Avant de quitter l’Europe, ils avaient été envoyés ou déportés en train (je ne sais plus où), et se sont retrouvés plusieurs jours sans nourriture.
Le jeune Rav Moshé (étant bébé) a perdu connaissance et allait mourir, là, un autre juif, dans la même souffrance, a eu pitié du bébé et de sa mère. Il possédait une banane et a dit à Mme Weiss, la mère de Rav Moshé, qu’il acceptait de partager sa banane et d’en donner la moitié au bébé.
C’est par cette demi-banane que le bébé a repris connaissance et est revenu à lui.
Ce juif qui, lui-même en danger et dans une situation de précarité extrême, a offert la moitié de sa banane à un bébé inconnu, a sauvé la vie d’un grand Rav qui a écrit beaucoup de Sfarim et a enseigné et diffusé énormément de Torah jusqu’à ses 85 ans.
Je ne sais pas si ce juif a survécu à la Shoah, statistiquement non.
Il y a très peu de chances qu’il ait su de son vivant avoir sauvé la vie d’un bébé qui deviendra un grand Talmid ‘Hakham qui aura des milliers d’élèves et qui écrira des dizaines de Sfarim.
C’est impensable ce qu’on peut faire avec une demi-banane.
J’ai eu la chance d’avoir un très bon contact avec Rav Moshé, il était très gentil avec moi et nous pouvions échanger sur plusieurs sujets même « délicats » où il me dévoilait sa pensée profonde.
C’est là que j’ai pu contempler avec admiration l’authenticité de sa Tsidkout, sa Ahavat Torah et son souci du Kvod Shamayim.
Je mentionne Rav Moshé Tsuriel plusieurs fois dans Safa Leneemanim, je lui ai offert le Sefer, il l’a lu et beaucoup apprécié et, dans sa grande gentillesse, m’a envoyé une lettre d’approbation pour la seconde édition bez’’h.
J’aurais voulu qu’il puisse la voir…
Reb Moshé était une grande source de Torah et d’inspiration, sa simplicité est rare, ses midot étaient exceptionnelles, sa Tsidkout authentique, et son ouverture d’esprit remarquable. C’est une perte irremplaçable, il n’y en a pas deux comme lui.
תנצב"ה