Citation:
La psychanalyse peut-elle en gros être compatible avec les fondements de la Torah? Les sujets des différents complexes que Freud propose pour expliquer la structure du psyché ont beau être scientifiques, ils semblent limiter la liberté originelle conférée par D.ieu à l'homme sur ses propres actes. Disons que ce serait un peu comme trop cadrer les potentiels humains (c'est vrai chacun est né avec sa propre nature bonne ou mauvaise à différents niveaux. Mais ça a l'air gros de condamner tout le monde aux mêmes défauts comme ça merosh).
-Les contenus de ces complexe eux-mêmes dépassent l'esprit de la Torah et ils semblent bien issus d'une imagination perverse parfois. Est-il si sage de les faire appartenir à la composition de l'esprit de tous les hommes, d'après les valeurs du monothéisme enseigné par la Torah?
-Le sujet des rêves tel qu'il est abordé par la psychanalyse serait il matim d'une manière ou d'une autre aux concepts des Sages?
Le rav Wolbe a écrit dans ses lettres ce qu'il pensait de Freud et tout ça, ça ne m'a pas trop convaincu. Par exemple je ne crois pas qu'il soit nécessaire de juger le niveau moral d'une personne quand on traite de ses jugements scientifiques.
C'est vrai que j'aurais été très intéressé de vous entendre sur le sujet de la psychanalyse en général mais bon je comprend que cela dépasse le cadre du site...
en espérant ne pas etre en dehors du projet de ce site j'espère que ce n'est pas trop long.
La psychanalyse, ou plutôt la science de l’inconscient, n’est pas en elle-même contradictoire avec la Torah et ses valeurs ou le libre arbitre.
Le fait qu’un acte ne soit pas purement arbitraire mais ait une origine psychique n’exclut pas qu’une part soit variable et livrée au libre arbitre de chacun, celui-ci est certes conditionné par un certain déterminisme psychique, mais qui n’est absolument pas total/contraignant.
Il y a encore beaucoup de paramètres aléatoires qui dépendront de la Be’hira et l’aspect figé du déterminisme est justement lui-même sujet à évolution par biais du libre arbitre.
C-à-d que l’on peut faire partiellement évoluer son propre déterminisme psychique (ou si vous préférez, le déterminisme psychique comporte cette faculté, la possibilité de le moduler.
Même si c’est dans le cadre de limites qui existeront toujours, cela laisse un champ d’action libre pour la Be’hira).
Mais reconnaitre la psychanalyse de cette manière ne veut pas dire qu’il faille valider certains délires personnels de Freud.
La psychanalyse oui, Freud non.
Freud a pointé des choses vraies, des mécanismes psychiques méconnus, tout en y mêlant aussi sa personnalité, son vécu, son histoire personnelle ; il ne faut pas croire que toute l’humanité serait atteinte des maux dont souffrait Sigmund Freud
(qui, soit dit au passage, semble avoir été atteint bien profondément), sous prétexte que c’est ce qu’il a lui-même cru.
Citation:
-Le sujet des rêves tel qu'il est abordé par la psychanalyse serait il matim d'une manière ou d'une autre aux concepts des Sages?
Oui, certainement.
Mais je dirais plutôt l’inverse, que c’est l’analyse des rêves vue par Freud qui a été très largement devancée par nos Sages du Talmud.
Dans
Brakhot (55b) on nous dit אין מראין לו לאדם אלא מהרהורי לבו, c-à-d que les rêves sont le reflet de ce à quoi on pense en journée.
Le neuvième chapitre de Brakhot nous parle d’interprétation des rêves par associations d’idées par le subconscient.
Les notions de « préconscient », « subconscient » et Cie ont été formulées par d’autres, avant Freud.
Rav Israel Salanter a écrit à ce sujet plusieurs décennies avant Freud. En hébreu on parle de Tat Hahakara et de Saf Hahakara…
Ces notions avaient émergé et commençaient à être formulées des années avant Freud qui a bénéficié d'une meilleure publicité et s'est fait connaitre en s'investissant totalement sur le sujet
(et selon certains, en utilisant des moyens "pas très catholiques", voyez Le Livre noir de la psychanalyse, Paris 2005.
Ces dernières années, des écrivains et psychologues français se sont retournés (et défoulés) contre Freud, plusieurs livres en font une critique acerbe.
Voyez par exemple:
Le Crépuscule d'une idole (2010),
La fabrique des folies (2013),
Freud et Lacan, des charlatans? (2019),
Mensonges freudiens (2002),
Les désillusions de la psychanalyse (2021) (après avoir écrit Les illusions de la psychanalyse en 1981),
et encore des tas d'autres...).
L’analyse de l’inconscient n’exige pas que l’on accepte les théories les plus démentielles de
Freud, son analyse, nécessairement basée sur son propre mécanisme psychique, est forcément le reflet de son cas particulier ; Il semble qu’il ait été profondément dérangé autour de certains thèmes, et ceux qui veulent faire croire que son mal concerne tout le monde mais qu’on ne s’en rend pas compte, sont d’un ridicule manifeste.
(je vais m’attirer les foudres des psychanalystes psychorigides, incapables de remettre en cause leur idole… Qu’ils veuillent bien ne pas tenir compte de mon appréciation du Dr Freud et comprendre que je viens répondre à la question qui m'a été posée au début de ce fil et qui visait ce que JE pense de la psychanalyse, et non "ce qu'il conviendrait d'en penser".
Je ne m’exprime sur ce sujet qu’à titre personnel, sur base de bon sens paysan, mais -à n’en point douter- la psychanalyse est certainement un tout indissociable et qui impose d’admettre tout l’ensemble et chaque extravagance du sublime et magnifique Dr Freud. 😊)
