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Rav Wattenberg: Lechaim/leHaim/lehayim, à la vie?

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raphaeljudas
Messages: 34
Lors d'un shiur à la Plagne, Rav Wattenberg, je crois me souvenir que vous nous avez rapporté que le "lehaim" que l'on souhaite collectivement lors de la consommation de vin, toujours avec modération ;-) ne signifie pas "à la vie!" mais un acquiescement, car lehaim serait en fait la distortion d'un mot en aramit qui veut dire qqchose comme "nachon/c'est vrai/exact".

Ma mémoire me trahit-elle ? Si tel n'est pas le cas, quelle est la source dans le sha"s ?

Même question en ce qui concerne l'expression "brûler son plat" dans la mishna de Gittin 90a: au sens figuré, cela voudrait dire "faire honte", à son mari en l'occurence. Quelle est la source ?

Merci d'avance et shavoua tov.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Je suis agréablement surpris de voir que ce que j'ai mentionné dans un cours lors d'un séjour à La Plagne et il y a déjà plusieurs années n'est pas totalement effacé des mémoires! Pourtant c'était dans le cadre de vacances.
Kol Akavod.

En effet cette explication existe, voyez dans la Agada Beer Myriam de R. Reuven Margulies (page 15 de l'ancienne édition) qui cite le Aboudarham dans le "seder kidush shel shabbat" qui dirait cela entre autres explications et préférerait cette dernière.

Le terme serait donc (à l'origine) "le'hayei" et non "le'hayim".

(cependant je ne me souviens pas avoir vu cela dans le Aboudarham, par contre cette explication est citée dans le Otsar Atfilot dans le commentaire Iyoun Tfila Tome I, p.646)

Quant à une source dans le shas il n'y en a pas vraiment, si ce n'est selon une autre explication qui consiste à dire qu'étant donné que l'on donnait un verre au condamné à mort avant l'exécution, la coutume était de se dire "le'hayim" lorsqu'on s'offrait un verre.
Là la "source" serait Sanhedrin 43a.

Mais on peut aussi citer Shabbat 67b en bas avec Rabbi Akiva au mariage de son fils qui disait sur chaque verre " 'hamra ve'ahyei lefoum rabanan…".
Ou encore le Talmud Yeroushalmi Bra'hot VI,8 (fin de perek VI- daf 50b). Mais dans ces cas il s'agît bien de "la vie".

D'autres diront que les témoins répondaient au Savrei maranan:"lemita" d'où la coutume de répondre "le'hayei"/"le'hayim"… voir Menorat amaor (P.455)

Ou bien on dirait "le'hayim" car Adam Arishon aurait entrainé le décret de mortalité en ayant bu du vin, voir Daat Zkeinim mibaalei Atosfot Vayikra X,9.

Voir encore le Midrash Tan'houma sur Pekoudei daf 172a

Voir aussi le Margaliot ayam de Rav Reuven Margulies sur Sanhedrin 43a, ot 6. qui renvoie aussi au Tikounei Zohar (T24 daf 69a)

Il y a encore beaucoup d'autres explications (voir entre autre le Iyoun Tfila op cit)

Voir aussi le Otsar Israel Tome VI p.31 du Rav YD Eisenstein et son Otsar Dinim ouminhaguim (p.191-192) où il se répète un peu (et renvoie à la gmara shabbat 67a par erreur, il faut corriger 67b. le Meir Netiv a commis la même erreur en y ajoutant une seconde erreur dans le même article en citant le Yeroushalmi Bra'hot VI, 5 au lieu de VI, 8).



Pour ce qui est de la 2ème question, je ne comprends pas trop.
La source est en effet Guitin 90a, que dire de plus?

Si la question est: où trouve-t-on ailleurs cette expression utilisée dans un contexte où il apparaît clairement que le sens de cette expression n'a rien de culinaire, je citerais bien un Rashi dans Sanhedrin 102b (d"h t'hila lekalkala) (pour ne pas citer d'autres textes).

Et si la question est: de qui était cette explication, elle était simplement de moi.
Cependant entre temps j'ai vu une explication similaire dans le 'Hatam Sofer qui se base sur les mots du Rambam dans son Piroush Amishnayot. Et aussi quelque chose qui se rapproche de ça dans le Méiri.

Ce que je voulais contrer –à l'époque- c'était la compréhension erronée d'Alexandre Weill qui écrit dans un de ses livres que les rabbins étaient des barbares qui divorçaient pour un simple repas brûlé.

Non seulement c'est honteusement faux (selon mon explication) mais en plus, même selon sa compréhension du Talmud, de nombreux autres passages indiquent clairement que dans la réalité les rabbins évitaient autant que possible le divorce.

Ce monsieur Weill avait une compréhension erronée de plusieurs textes et en tirait des conclusions ridicules avec beaucoup d'assurance.

Je sais qu'il est facile de critiquer quelqu'un qui n'est plus là pour se défendre, mais je pense qu'il m'en serait reconnaissant aujourd'hui.
raphaeljudas
Messages: 34
Merci infiniment pour votre réponse.

J'avoue que je ne connaissais pas cet Alexandre Weill qui j'en suis certain vous remercie là où il est ;-).
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Houlà, ma réponse date d'il y a près de 10 ans !
Je vois qu'il n'y a pas que moi qui mette du temps à tomber sur les messages qui me sont destinés :)

Puisqu'on y parle d'Alexandre Weill qui a écrit des bêtises par endroits, pour ne pas laisser qu'une image négative de ce monsieur, je tiens à mentionner un de ses ouvrages, "La France catholique et athée" (Paris 1886) dans lequel -sans nous épargner quelques erreurs, il défend le judaïsme attaqué par "La France juive" de Drumont, avec brio et parfois avec de très bons arguments.
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