Citation:
En quoi ces rabbanim sont-ils associés à la haskala s'ils sont restés orthodoxe ? Ont-ils joué un rôle ? Contre leur gré ?
Non, pas forcément un rôle contre leur gré, il y a eu des rabbanim qui étaient liés aux maskilim en cela qu’ils entretenaient des correspondances avec eux -ou plutôt avec certains d’entre eux.
La limite entre le « Maskil » et « l’orthodoxe » n’est pas toujours si facile à établir, il n’est pas si simple de catégoriser les gens et de leur mettre une étiquette.
Il y a eu des rabbanim « ambigus » parce qu’ils avaient une culture ‘Hol, comme le
Maharats ‘Hayes et
Rav Matityahou Shtrashun.
Ou encore
Shir qui était assurément shomer Mitsvot à 100% et probablement beaucoup mieux que la majorité des orthodoxes d’aujourd’hui, il avait aussi « une dégaine » méga orthodoxe
(en l’occurrence très ‘hassidique avec son Spodik, sa grosse barbe et ses grosses et longues peiot).
Il était Talmid ‘hakham, Rav de Tarnopol puis de Prague, fils de Talmid ‘Hakham, gendre du
Ktsot Ha’hoshen/Shmaytse/Avnei Milouim, auteur des annotations sur le
Avnei Milouim, imprimées dans toutes les éditions et présentes dans toutes les yeshivot.
Et pourtant, certains le considèrent Maskil, en tout cas, il était amis avec des Maskilim.
Il échangeait beaucoup avec
Shadal, qui pour le coup, était moins orthodoxe, même s’il respectait plus ou moins la halakha.
Et il y a aussi d’autres correspondants de
Shir qui ne sont assurément pas orthodoxes ni même pratiquants.
Savoir où mettre la barrière n’est pas évident.
Définir un « issour » d’échanger avec un non-pratiquant ne l’est pas non plus.
Si c’est nocif pour la Yirat Shamayim de certains, ça ne l’est pas forcément pour tout Talmid ‘Hakham. A partir de là, allez tenter d’établir une liste des rabbanim « Kshérim »…
Citation:
Comment des rabbanim orthodoxe peuvent ils participer aux mouvements issus de la haskala, comme le cousin du hazon ish que vous mentionnez dans un autre post.
Pour
Reb S. Lieberman, c’est différent, là il y a bien eu « participation » pour reprendre votre terme.
Ce n’est pas juste une discussion ou des échanges avec des chercheurs non-pratiquants ou athées, il a enseigné au JTS.
Là encore on pourrait se demander : So what ? Au contraire, s’il enseigne la Torah, la vraie, à des juifs égarés et non pratiquants, pourquoi pas ? Doit-on abandonner les juifs non-pratiquants à leur sort ?
D’un autre côté, comment ne pas appliquer à cette situation ce dont parle le Talmud en disant qu’il ne faut pas enseigner à un Talmid Shéeino Hagoun ?
Voilà encore pourquoi c’est ambigu tout ça, et aucune configuration ne ressemblera à une autre.
Certains rabbanim estimaient que
R. Lieberman était irréprochable en cela, d’autres considéraient qu’il avait vendu son âme au diable.
Mais on ne peut pas avoir une vue binaire de ces situations.
En tant que règle, il me semble qu’il convienne d’analyser en premier lieu la sincérité de la Yirat Shamayim du protagoniste, et en second lieu l’éventuelle erreur qu’il commettrait (en enseignant ici ou là, ou en correspondant avec untel ou untel).
Ben Zeev était un Rasha, sans Yirat Shamayim, sans Shmirat hamitsvot, plein de Leitsanout pour les choses saintes.
Mais
Shir, Ribal et
Ranhou étaient des juifs Talmidei ‘Hakhamim, pieux et sincères.
La seule question qu’il convienne de se poser à leur sujet est de savoir dans quelle mesure ils auraient fait fausse route involontairement, par erreur, pas par Rishout ‘Has veshalom.
Et les avis sont partagés, comme pour tous les rabbanim qui avaient une certaine culture ‘Hol à cette époque.
Il y a des opinions qui condamnent et invalident aussi le
Maharats ‘Hayes, le
Tiféret Israel, le
Rav Mitityahou Shtrashun (fils du
Rashash), le
Torah Tmima, etc. Il y en a donc aussi qui condamnent
Ranhou.
Citation:
Leurs relations n'a elle pas été néfaste ? Pour leur famille ? À l'image de Mendelssohn dont les descendants n'ont plus grand chose de juif.
Ça dépend de qui vous parlez.
Pour certains, probablement.
Pour
R. Lieberman, ça ne risquait pas, il n’a pas eu d’enfants.
Pour les autres, c’est dur à dire, on ne connait pas forcément leur descendance, elle a souvent fini son parcours dans la Shoah et de toute manière il y a aussi beaucoup de rabbanim parfaitement orthodoxes dont les descendants ont abandonné la pratique, c’est l’époque qui « voulait » ça, il était beaucoup plus difficile d’être Shomer Mitsvot il y a 100 ou 150 ans qu’aujourd’hui.