Comme vous posez plusieurs questions, je réponds brièvement.
Citation:
Plusieurs personnes tentent de prouver la véracité de la Torah en s'appuyant sur Roch Hachana 25a où il y a un calcul du sod ha'ibour qui correspondrait aux récentes découvertes de la NASA.
1) Qu'en pensez-vous ?
La découverte de la NASA date de 1984 (Carl Sagan), mais c'est vrai que c'est assez récent. Cette donnée scientifique dans le Talmud est stupéfiante par sa précision, mais voyez la suite de mes réponses.
Citation:
2) La guemara parle-t-elle réellement d'une transmission de connaissance de génération en génération jusqu'à Moché Rabbénou ou David ?
Je suppose que vous parlez de CETTE connaissance, car il y en a assurément transmises depuis Moshé. Pour celle-ci, tout porte à croire que les juifs disposaient de cette information depuis l'époque de Moshé, mais ça n'est pas explicite dans le Talmud lui-même.
On ne nous indique pas explicitement depuis quand les juifs connaissent la durée d'une lunaison.
Disons qu'au plus tard, ils en disposaient en l'an 359, date à laquelle le calendrier perpétuel et fixe a été établi.
Citation:
3) Les autres peuples n'avaient-ils pas aussi connaissance de ce calcul ?
LES autres peuples, non. D'autres peuples, oui.
Les Babyloniens et les Chinois aussi ont utilisé le cycle métonique (ajout de sept mois lunaires tous les 19 ans) dit de
Méton (astronome grec non-juif de l'époque des derniers prophètes et de l'Exil babylonien) pour passer de leur calendrier lunaire à un calendrier luni-solaire comme le nôtre. (cf.
Le Calendrier Maître du Temps, Jacqueline de Bourgoing, p.22).
Difficile de prouver qui a été le premier entre les juifs et les autres peuples...
[Il est probable que
Méton ne soit pas le tout premier pour cette découverte car la fabuleuse Machine d'Anticythère qui date plus ou moins de la même époque utilise ce cycle.]
Voilà qui déstabilise pas mal la « preuve » des rabbins du XXIème siècle. Car en effet, d'autres peuples disposaient aussi de données absolument inimaginables pour l'époque, ce qui a poussé certains (non-juifs) à imaginer qu'ils auraient bénéficié du concours ou de l'enseignement d'extra-terrestres !
De même, certaines constructions nous apparaissent comme absolument impossible pour l'époque à laquelle elles ont été réalisées et l'esprit moderne ne peut que rester perplexe et est bien forcé d'admettre que les Anciens devaient en savoir plus que nous sur certaines choses.
Chez les juifs, il y en a qui citent volontiers le midrash selon lequel Avraham aurait transmis à ses autres enfants (en dehors d'Its'hak) des noms divins et autres formules magiques pouvant leur permettre d'accomplir des exploits que nous ne savons expliquer en tenant compte des connaissances d'époque.
Citation:
4) A quoi servait ce calcul sachant qu'avant on annonçait la nouvelle lune avec des témoins ?
Accessoirement, à définir si les témoins mentaient (lorsque leur déposition s'avérait contraire au calcul), mais essentiellement à fixer le calendrier lui-même car ce dernier ne reposait pas exclusivement sur le témoignage. Le témoignage était indispensable pour fixer le mois, mais il devait être corroboré par le calcul des lunaisons.
Citation:
5) La guemara parle de minimum, cela ne discrédite-il pas la "preuve" ?
Il y a deux versions, minimum ou maximum (ein 'hodesh levana PA'HOT ou bien ein 'hodesh levana YOTER me-29j 12h 2/3 d’h et 73 'halakim soit 793 'halakim), mais "Peamim Ba Bearouka, oupeamim ba biktsara", c'est-à-dire que la lunaison n'est pas fixe d'un mois à l'autre, mais la gmara donne une moyenne sur laquelle on doit se baser pour le calcul du Molad. Selon les commentateurs, il y a une fourchette de 14 heures
(Maguid Harakia II, §3).
La science moderne ne prétend pas que la lune soit réglée comme une horloge, il s'agît aussi d'une approximation, ça varie un peu d'un mois à l'autre, vous pensez bien que les lunaisons ne sont pas égales ou millionième de seconde près, hé bien en fait c'est beaucoup moins précis que cela, ça varie entre 29j 6h et 29j 20h ! Par contre la lunaisonmoyenne est de 29j, 12h 44 minutes et 3 sec. (cf par exp.
Le Calendrier Maître du Temps, p.17).
Ce qui correspond précisément à la durée citée dans la Gmara (car 793 'halakim sont 793/1080 d'heure, chaque 'helek équivaut donc à 3,333 secondes, soit trois secondes un tiers. Donc 793 'halakim, c'est 792 'halakim = 44 minutes, plus 1 'helek = 3,333 secondes. Donc la lunaison = 29j 12h 44m, 3,33 sec.)
La durée du jour aussi varie de 23h 59m 39s à 24h 0m 30s. Et la durée de l'année (tropique) elle aussi varie [et a tendance à se raccourcir avec les siècles].
La science est donc parfaitement d'accord avec la Gmara sur la durée moyenne de la lunaison ainsi que sur la fourchette d'écarts possibles.
En conclusion, difficile de « prouver » à partir de là que la Torah est divine, par contre il y a là indéniablement une donnée scientifique absolument inimaginable pour l'époque - ne serait-ce que l'époque de la rédaction du Talmud, vers l'an 500, voire l'époque de la rédaction des anciens traités talmudiques qui existent encore et qui sont datés par un colophon et certifiés au Carbone 14 comme datant de plusieurs siècles.
Vous pourrez voir de vos propres yeux le Talmud de Munich, daté de 1343 et toujours en bon état, cette information s'y trouve. Je vous rappelle qu'en 1343 on était encore avant Galilée/Copernic et Cie, Colomb n'était pas né et l'Eglise imposait une croyance en une Terre plate…
Donc ce genre de donnée indiquant au tiers de seconde près la durée d'une lunaison est tout simplement
lunaire !
Difficile d'expliquer par quel moyen les anciennes civilisations possédaient un tel niveau de précision, sans avoir recours à une « révélation ».
La Machine d'Anticythère elle-même est assez subjugante pour l'époque.
Il y a plusieurs édifices ou constructions très anciennes qui défient l'imagination du scientifique moderne incapable d'expliquer comment a-t-il été possible dans ces temps si reculés d'arriver à de telles prouesses.
Il y a aussi les bizarreries (parfois controversées) comme la « pile électrique de Bagdad » ou encore, bien plus tard, la lampe électrique de
Rabbi Ye'hiel de Paris - voir
Les histoires inconnues de l'Histoire de Philippe Vidal (p.26), Histoire des Juifs de Basnage éd. 1707 (tome 5 page 1812), La France israélite, de Carmoly (éd. en 1858 et réédité dix ans plus tard sous le titre
Biographie des Israélites de France p.70-71 – mais sa source est du
Shalshelet Hakabala, ce qui n'inspire pas la confiance, ce dernier rapporte des tas de légendes absurdes.)
J'en reviens à la
CONCLUSION: il n'y a pas ici de preuve
(catégorique) « pour » la Torah, mais il y en a une « contre » les scientifiques
:)
PS: pour ce qui est des rabbins que vous citiez, j'ai déjà écrit sur ce site que je désapprouve certaines de leurs méthodes.
Voyez ici:
http://www.techouvot.com/quand_la_nature_change-vt15554.html
mon message du 12 mai 2013
et pour l'aura des Tfilines, écoutez ici:
http://www.centre-alef.fr/2013/07/les-tefilines/
PS2: j'ai été plus long que prévu, je ne prends pas le temps de me relire, désolé pour les fautes.